Le Lundi 29 Mars 2010, premier jour de ma semaine de congés de printemps, je passais donc, comme convenu avec la production au téléphone, le casting de N’oubliez pas les paroles à Toulouse dans un hôtel. Oui bon, dans un hôtel parce que dans un hôtel, mais pas pour ce que vous croyez. Mes parents ont voulu m’accompagner, on sait jamais, après tout c’était dans un hôtel.
Nous sommes partis de la maison à 14h30, car même s’il y a 1h15 de route environ jusque là, il faut toujours avoir un peu d’avance au cas où on se tromperait de rue, on se perdrait. J’étais donc à l’arrière de la voiture me demandant quel type de bulldozer allait me passer dessus car ma mère avait trouvé sur le forum de France 2 des descriptifs assez effrayants du déroulement dudit casting. En résumé, il fallait vraiment connaitre TOUTE la chanson française sur le bout des doigts et c’est loin d’être mon cas. Mais il faut faire de nouvelles expériences, se tester, se faire confiance parfois.
J’étais donc à l’arrière de la voiture, pensive, regardant le paysage gersois défiler. C’est beau le Gers quand même.
De temps en temps, je me disais des bêtises dans ma tête pour me détendre. On fait ce qu’on peut avec la connerie qu’on a , hein !
Nous sommes arrivés à Toulouse vers 15h35. Au feu rouge des manouches voulaient nettoyer le pare-brise avec leur petite raclette, leur éponge et leur eau mousseuse. Mais on a pas voulu, parce qu’après c’est pire qu’avant et puis ça se fait de forcer les gens !
On a trouvé très facilement l’hôtel où se déroulait le casting. A 15h45, nous y sommes entrés puis mes parents sont repartis dans la voiture. Il y avait une affichette qui précisait que les candidats devaient patienter dans ce grand hall d’entrée. Alors soit, patientons. Je me suis mise dans un coin, comme toujours, parce que j’aime pas les gens et surtout j’aime pas les chanteurs amateurs. Beaucoup ont tendance à se prendre pour des stars qu’ils ne sont pas, à faire les beaux, à se rendre intéressants, à ne parler que de leurs dernières performances vocales. Moi j’en ai rien à foutre de tout ça. Et puis j’étais un peu tendue et quand je suis tendue, j’aime encore moins les gens, ça n’arrange rien. Je sais je sais, pour la télé, il vaut mieux se faire remarquer mais c’est comme ça, je reste discrète.
J’ai ensuite eu une envie furieuse de faire caca. Le stress doit fort probablement compresser les intestins. Alors je me suis empressée d’aller aux toilettes pour ne pas avoir à sortir de la salle de casting rapidement pour me soulager.
Une fois mes petits excréments gracieux expulsés, je suis retournée dans le Hall où les bavardages continuaient. A 16h05 , deux demoiselles et un demoiseau ramènent leurs fraises souriantes. « Pour le casting de 16h, nous récupérons tous vos dossiers ici, merci ! ». La foule se lève, tend le fameux formulaire que j’avais eu tant de mal à remplir. Je tends le mien parmi toutes les mains.
Une fois tous ces papiers récupérés, ils nous appellent un par un avec notre nom inscrit sur ce fameux dossier pour vérifier si on est encore là. Genre, on sait jamais, quelqu’un aurait pu fuir de suite ou avoir une urgence pipi-caca. Si ça m’arrive à moi, ça peut aussi leur arriver ! A mon nom j’ai dit que j’étais là. Car, j’étais encore là. Dans le lot, y’avait même une Patricia Casse. Qui disait « si si c’est vrai je m’appelle comme ça ! ». Ben c’est bien. Ou alors c’est pas de bol, au choix.
Les trois personnes nous ont demandé de les suivre et nous les avons suivi avec obéissance. Ils étaient super sympathiques, drôles, souriants, très agréables. Nous nous sommes tous assis dans un couloir et ils nous ont expliqué comment cela allait se dérouler.
D’abord, nous passerions chacun avec l’un d’entre eux trois et ils nous feraient chanter plein de chansons françaises après que nous nous soyons brièvement présentés et que nous ayons chanté la chanson ultra connue et ultra dynamique. de notre choix Si nous passions cette étape, nous irions voir je ne sais plus son nom et la fameuse Florence que j’avais eu au téléphone. Cette seconde étape consistait à chanter deux titres choisis parmi une liste de 3 titres avec une bande son. Et si nous passions cette étape, nous serions rappelés par la production pour venir enregistrer l’émission.
Je suis assise entre Patricia Casse qui a une coiffure des années 80 qui me rappelle la série Côte Ouest, et une dame d’une soixantaine d’année, ancienne institutrice. La question qui les démange c’est « Qu’est ce qu’on vous a fait chanter au téléphone ? ». Patricia avait eu les mêmes chansons que moi. Mon autre voisine elle, avait eu droit de chanter une dizaine de chansons. Elle a ajouté après cette précision que c’était surement parce que son interlocutrice aimait bien l’écouter parce qu’elle chantait bien. J’ai pas relevé car j’ai été appelée par l’une des trois jeunes qui s’occupaient de nos cas. Une petite blondinette toute gentille toute mimi, avec des grands yeux noisettes. Nous sommes entrées dans la chambre et elle s’est assise sur une petite table, ses papiers à la main et ses grands yeux bien ouverts. « Alors présentez-vous Sylvie, je vous écoute ! ».
Qu’est-ce que vous vouliez que je dise moi… « Je m’appelle Sylvie, mais vous le savez déjà, j’ai 27 ans, je suis responsable du rayon liquide dans un supermarché, j’adore rire, cuisiner, écrire et surtout j’aime chanter ». Paf. Sans bafouiller mais avec la bouche vilainement sèche. Je lui chante ensuite mon bout de « Mon manège à moi ». Hey, je suis pas trop stressée, c’est miraculeux !
Nous commençons donc la série de chansons. Je ne me souviens pas de tous les titres mais la première c’était la Bohème. Je sais de qui c’est, je connais la mélodie. Mais à part les 20 premiers mots, c’était la dèche parolière ! Seconde chanson, L’Hymne à L’amour… Ouf ! Celle là, je te la chante sans même réfléchir… Elle avait même la larmichette à l’œil la petite ! La suite a été plus rigolotte… J’ai eu droit à La corrida de Cabrel, J’ai vu de Niagara, Cœur de Loup de Philippe Lafontaine , Suzette de Danny Briand, Ma philosophie d’Amel Bent, et je ne sais plus quelles autres chansons …
Je connaissais donc L’hymne à l’amour, Suzette et Ma philosophie. Évidemment je craignais l’issue de cette étape. 3 chansons sur une dizaine c’est très peu. Elle a pris un air un peu triste et embêté. « Vous chantez vraiment très bien Sylvie mais ….au niveau des paroles, c’est un peu juste ….donc, on va s’arrêter là… mais il faut retenter le casting chaque fois que vous le pourrez, car vous chantez vraiment bien ! »
Bon bah voilà, je passerai pas à la télé, du moins pas pour tout de suite. En attendant, les candidats sont super bien accueillis, écoutés, appréciés et pas traités comme des moins que rien, ça change certains castings …"Ouais, c'était une bonne expérience" me disais-je sur le chemin de retour en reprenant mon air pensif.