L'idée de bande-annonce pour promouvoir ou annoncer un livre a fait son chemin sur internet. Surtout, de ce que j'ai pu remarquer sur le web français, depuis 2006. Je saisis l'occasion d'une demande d'ami sur Facebook pour exposer la chose et donner ma piètre analyse du fait, ou disons une esquisse de début d'analyse.
Je préviens de la pauvreté et minceur de mon analyse même si le blog habitue à ces fragments d'opinion, même sur les blogs influents. Une telle analyse mériterait une préparation, un regard prolongé sur les différents sites et différentes vidéos, nombreuses. Le contexte, par exemple, est important : aujourd'hui, l'on voit de plus en plus la présence des auteurs sur internet, et de services qui leur sont proposés, en marge ou accompagnant le travail traditionnel de l'éditeur. Certaines sociétés contactent directement les auteurs pour proposer des bandes-annonces. Parfois, l'auteur semble dire Oui, sans même l'avis de l'éditeur. Je me baserai arbitrairement sur le site Liwreo. Arbitrairement parce qu'on est simplement venu m'en faire la publicité (au sens de rendre public une information). Liwreo regroupe, comme sur une plate-forme de streaming (un genre de YouTube) des vidéos, dites "bandes-annonces" (on verra que ce n'est pas toujours le cas) et produit certaines vidéos (on verra ce qu'il en est).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le lecteur (de divertissement) ne consulte pas encore ce genre de sites, et ne s'y inscrit pas. Ces vidéos sont généralement vues sur les sites des auteurs, sur les sites des éditeurs, et sans doute certaines dans les points de vente (librairies équipées d'écran ?, Fnac, etc.).
Déjà, on se situe bien dans la lecture de divertissement : un récit, des personnages, une intrigue. Personne ne serait assez idiot pour concevoir une bande-annonce d'un Proust, d'un Hugo, ou d'un Kafka. Cela n'aurait aucun sens de réduire une œuvre littéraire à un enchaînement dramatique. Mais pour l'édition, la bande-annonce semble plus adaptée. Difficile pourtant, même considérant que ces livres ne sont que du divertissement, de penser que le lecteur n'est pas un brin attaché au texte d'un livre et serait séduit uniquement par des objets, des formes et des phrases chocs.
En outre, si certaines vidéos sont relativement bien réalisées, sans pour autant rivaliser avec le cinéma, d'autres relèvent vraiment de l'ultra amateurisme. Le mauvais goût reflète sans doute parfois la pauvreté textuelle de l'œuvre promue (pas besoin de citer les noms), mais l'amateurisme, c'est autre chose : c'est l'absence de compétences en animation et cinéma. Surfez sur Liwreo et sur le net et vous verrez par vous-mêmes l'énorme problème de qualité : aucun rythme, jeu d'acteur grotesque, écriture pauvre de chez pauvre... comment ne pas s'ennuyer dès la première seconde (voir par exemple la seconde vidéo proposée dans l'article). On est dans les clichés au lieu d'être dans l'expression.
En marge, certains auteurs semblent à tâtons réaliser des choses plus intéressantes. Aurélien Molas, auteur du sympathique roman noir "La onzième plaie", copain du cinéma, essaie, semble-t-il, avec un regard plus compétent, de suggérer le livre plutôt que de le raconter. Reste à savoir bien sûr si le livre ne devrait pas s'exposer sur internet autrement. Quand bien même l'écran, est-on forcé de faire une animation. Pourquoi ne pas utiliser les technologies présentes sur le web pour dire le texte. Au lieu de cela, on utilise d'autres outils, qui ne sont ni du web (le développement par le code) ni du texte. Notons que pour un polar, le lien avec le cinéma est beaucoup plus évident.
Bref, à suivre. Et vous, qu'en pensez-vous ?