En fouillant le net, les livres et discutant avec des correspondants, je suis arrivée à compiler un certain nombre de
proverbes japonais avec leur pendant français (pas toujours évident !). J'en ai assez pour faire 3 articles, donc dans les prochaines semaines, j'alternerais avec d'autres articles pour ne pas
vous lasser :)
Par contre, je n'ai aucune idée de savoir s'ils sont vraiment très usités ou non, je demanderais à Sutek de bien vouloir
m'apporter un petit éclairage sur la question :)
"Ebi de tai wo tsuru" (海老で鯛を釣る): "Pêcher une daurade avec une crevette" qui correspond à "Obtenir beaucoup avec peu".
J'aime bien l'image de poisson, j'imagine que c'est une question de culture vu qu'il m'a bien semblé qu'on y mangeait beaucoup de produits de la mer :)
"Saru mo ki kara ochiru" (猿も木から落ちる) : "Même les singes tombent des arbres" qui serait l'équivalent de "L'erreur est humaine". Par contre, contrairement à chez nous où
on peut utiliser cette phrase pour dire "bah c'est pas grave t'as fait une erreur mais qui n'en fait pas ?" au Japon, il serait mal venu de le faire. C'est quand on commet soi-même une erreur que
l'on utilise ce proverbe, en signe d'humilité. Si vraiment on voulait faire ce type de remarque à un supérieur hiérarchique mettons, un japonais dira plutôt "Kōbō ni mo fude no ayamari"
(弘法にも筆の誤り) qui signifie littéralement "Même Kōbō a fait des erreurs en calligraphie". Kōbō Daishi (774-835) compte
les calligraphes les plus renommés de l'histoire du Japon, mais je vous renvoie à Wikipédia pour en apprendre plus. :)
Et donc, la modestie étant de mise au pays du soleil levant, on se compare à un singe et son supérieur à Kōbō, c'est logique :)
"Saru no shiri-warai" (猿の尻笑い) : "La moquerie des fesses du singe" qui correspondrait, je pense, à il est plus facile de voir la paille dans l'oeil du voisin que la poutre chez
soi.
L'expression vient de ce que les macaques japonais sont dotés d'un postérieur d'un rouge particulièrement vif. On pourrait donc imaginer un singe se moquant d'une autre singe de son derrière un
peu trop visible en ignorant qu'il a lui même un arrière train identique.
"Kappa no kawa-nagare" (河童の川流れ) : "Le kappa emporté par la rivière". Le "Kappa" est être légendaire du folklore japonais, mi-homme/mi-grenouille, très bon nageur. Le spécialiste
qui fait une erreur... On pourrait le rapprocher de celui du singe qui tombe de l'arbre, sauf que là, c'est vraiment quelqu'un qui connaît bien son sujet qui fait l'erreur. Une nuance qu'on ne
connaît pas je crois dans nos proverbes, si ?
"Uma no mimi ni nenbutsu" (馬の耳に念仏) : "faire la commémoration du Bouddha à l'oreille d'un cheval". Le "nenbutsu" est a récitation du nom du Bouddha Amida que l'on peut entendre
dans de nombreux temples à travers tout le Japon : Namu Amida Butsu ("Hommage au bouddha Amida"). Cette prière doit permettre d'obtenir la grâce du Bouddha Amida. Le faire aux oreilles
d'un cheval équivaudrait à "parler à un mur".
"Korogaru ishi ni wa koke wa haenu" (転がる石には苔は生えぬ) : "Pierre qui roule n'amasse pas mousse". Pour le coup, nous avons le même :) car c'est littéralement la même traduction !
"Kōbō wa fude wo erabazu" (弘法は筆を選ばず) : on retrouve notre ami le calligraphe Kōbō qui cette fois "ne choisit pas son pinceau". Ce qui signifie que lorsqu'on est vraiment bon à
quelque chose, finalement, peut importe les outils. C'est un peu l'inverse de notre "Un mauvais ouvrier a toujours de mauvais outils", encore qu'en cherchant un peu j'ai trouvé une
expression que je ne connaissais pas, car je ne suis pas religieuse pour deux sous : "Le bon ouvrier est l'outil de Dieu" qui signifierait la même chose que le proverbe japonais dans le
sens où en l'occurrence, peu importe l'outil, si l'ouvrier croit en Dieu alors il fera du bon travail.
Je reste dubitative toutefois ;-)
"Asu no hyaku yori kyō no gojū" (明日の百より今日の五十) : "Plutôt que cent demain, cinquante aujourd'hui". Là, c'est assez simple, "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras".
Et pour finir pour aujourd'hui, quelque chose d'amusant que j'ai découvert en faisant mes recherches :
"Hana yori dango" (花より団子) : "Les boulettes de riz plutôt que les fleurs". Le titre du célèbre shojo-manga est donc aussi un proverbe ! Cela m'a plutôt surprise mais voyons un peu son explication : les "dango" sont des boulettes de riz qui sont traditionnellement
mangées sous les cerisiers en fleur au moment de l'Hanami. Mais cette fête est parfois un prétexte pour aller faire un
pique-nique et la contemplation des fleurs passe alors au second plan. Pour le coup, je ne vois pas trop à quel proverbe occidental/français cela pourrait se rapporter... Si vous avez une idée,
je prends ! :)
Sur ces bonnes paroles, je vous dis à dans 15 jours pour d'autres proverbes ! :)