'Non!' Il a dit "Oui"

Publié le 15 avril 2010 par Beausim

C’était il y a quelques heures, à Tâassast Saint-Gillasse, rue Smina, non loin d’un endroit appelé « Les 4Escaliers »... De gros nuages de cendres s’étaient réinstallés au-dessus de l’Europe, annonçant des perturbations sur tous les vols à destination et en provenance de Mars.

A cause de l’éruption Islandaise, j’hésite encore à prendre mon jet ou mon vélo, mais j’étais pressé, obligé d’aller à mon RDV du Dimanche, à l’autre bout du monde.

Après le bonjour et les salutations, petit regard parental, avant même de parler, j’ai déjà la tête qui réclame la caféine.

Je me présente je m’appelle Benmakhlouf, un nom pas bien de chez nous, me répond le père.

Attachement et estime mutuel et presque immédiatement, j’ai expliqué que j’arrivais de Bejaia un peu plus au nord.

J’ai longuement hésité avant de revenir vous voir, malgré le trac nous avons parlé des préparatifs de la journée mondiale du meilleur puis j’ai évoqué ma volonté annoncée de prendre la perspective d’une vie nouvelle. Silence du père, soupirs puis aveux agacées.

« Ça fait 40 ans que je suis ici, m’a lancé,  en regardant sa montre, dévoilant un visage rude et un front traversé par plusieurs traces »

Je réponds que moi ça fait sept ans que je prends le métro. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir soigné mon apparence. Pour le reste, je n’ai rien à me reprocher. Ici, je ne suis personne mais ce n’est pas gênant parce que ça ne m’empêche pas de vivre comme j’ai envie de le faire »

Quand on parle de l’immigration et des obstacles que rencontrent ceux qui s’y installent, on évoque leurs difficultés à trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences.

Il avait envie de m’entendre parler, moi le timide à l’intérieur comme à l’extérieur, et pendant que nous parlions autour d’une Chorba, le décalage horaire me perturbe, le peu de sommeil m’était difficile à supporter.

Je lui ai demandé s’il veut enfin accepter ma demande. Il a éclaté de rire en secouant la tête.

Il n’a rien dit de plus sur le sujet et je n’avais pas envie d’insister. A l’extérieur, le soleil continuait de triompher et j’ai soudain réalisé que j’étais heureux.

©Nassim