Magazine Humeur

Le Christ miséricordieux, Verbe fait chair

Publié le 18 avril 2010 par Hermas

LE VISAGE DE LA MISERICORDE DIVINE

0.suaire.turin.jpg

1) Jésus, « grand prêtre miséricordieux »

« En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu, un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple. Car, de même qu’il a lui-même souffert par l’épreuve, il est capable de venir en aide à ceux qui sont éprouvés » (Hébreux 2, 17-18).

Aussi, les actes de Jésus traduisaient-ils tous la miséricorde divine, même s’ils ne sont pas ainsi appelés par les évangélistes. Luc a pris un soin tout particulier à mettre ce point en relief. Les préférés de Jésus sont les «pauvres : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres… » (Luc 4, 18a.) ; « Allez rapporter à Jean (Note : Jean-Baptiste) ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, et heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de chute » (Luc 7, 22-23).

La miséricorde Jésus la témoignait d’une façon générale aux foules : « A la vue des foules, il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de berger » – Mathieu 10, 36) ; « En débarquant, il vit une grande foule, et il en eut pitié ; et il guérit leurs infirmes » (Mathieu 14, 14). Puis c’est la première multiplication des pains. Et de même, un peu plus en avant dans le temps : « J’ai pitié de cette foule, car voilà déjà trois jours  qu’ils restent auprès de moi, et ils n’ont pas de quoi manger » (Mathieu 15,32). Et c’est la deuxième multiplication des pains.

Cette miséricorde que Jésus témoignait d’une façon générale  prend chez Luc un aspect plus personnel : elle concerne le « fils unique » d’une veuve : « A sa vue (note : la veuve de Naïn), le Seigneur eut pitié d’elle » (Luc 7,13), et il ressuscite son fils unique. Et de même il a pitié de Jaïre, dont il guérit la fille (Luc 8,42), il guérit le fils épileptique d’un père éploré (Luc 9,38), et le lui rend, libéré de l’esprit impur qui le tourmentait.

Jésus témoigne enfin d’une bienveillance particulière envers les femmes et les étrangers. Et ainsi, l’universalisme est mené à son accomplissement : « Toute chair verra le salut de Dieu » (cf. Luc 3, 6), réalisant ainsi la prophétie d’Isaïe (40, 3-5). Si Jésus manifeste ainsi sa compassion à tous, on comprend que les affligés s’adressent à lui, comme à Dieu même, en redisant : « Seigneur, ayez pitié de moi » (Mathieu 15, 22 : la guérison de la fille d’une Cananéenne ; la guérison du démoniaque épileptique (Mathieu 17,15) ; la guérison des deux aveugles de Jéricho : « Seigneur, aie pitié de nous, Fils de David… Pris de pitié, Jésus leur toucha les yeux, et aussitôt ils retrouvèrent la vue » (Mathieu 20, 31b. 34).

2). le cœur de Dieu le Père

Ce visage de la miséricorde divine que Jésus montrait pas ses actes, il a voulu en dépeindre pour toujours les traits. Aux pécheurs qui se voyaient exclus du Royaume de Dieu, par la mesquinerie des Pharisiens, il proclame l’Evangile de la miséricorde infinie, dans la ligne directe des annonces de l’Ancien Testament. Ceux qui, réjouissent le Cœur de Dieu, ce sont non les hommes qui se croient justes, mais les pécheurs repentants, comparables à la brebis ou à la drachme perdue et retrouvée (Luc 15, 7-10). Le Père est à l’affût du retour de son fils prodigue, et, quand il l’aperçoit de loin, « il est touché de compassion » et court à sa rencontre (Luc 15, 10). Dieu a longtemps attendu, il attend encore avec patience Israël, qui ne se convertit pas tel un figuier stérile :

Luc chapitre 13° :

6. 

Il disait encore la parabole que voici : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n'en trouva pas.

7. 

Il dit alors au vigneron : «Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le ; pourquoi donc use-t-il la terre pour rien ?»

8. 

L'autre lui répondit : «Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier.

9. 

Peut-être donnera-t-il des fruits à l'avenir... Sinon tu le couperas». »

3). La surabondance de la miséricorde

Dieu est vraiment le « Père des Miséricordes » :

1 Corinthiens

3. 

Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation,

4. 

qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit.

5. 

De même en effet que les souffrances du Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation.

« Car le Seigneur est miséricordieux et compatissant » (Jacques 5,11)

Il accorde sa miséricorde à Paul (1 Corinthiens 7, 25) et la promet à tous les croyants « Heureux les miséricordieux, car iles recevront miséricorde » (Mathieu 5, 7 : discours sur la Montage, Béatitudes). Et Paul s’adresse en ces termes à son disciples Timothée : « grâce, miséricorde, paix, de par Dieu le Père et le Christ Jésus Notre Seigneur » (1 Timothée 1,2). L’accomplissement du dessein de miséricorde dans le salut et la paix, tels que l’annonçaient les Cantiques au début de l’Evangile : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent »… « il a porté secours à Israël son serviteur, se souvenant de sa miséricorde » (Luc, 1,50. 54, Magnificat), Paul en manifeste pleinement l’ampleur et la surabondance. Le point culminant de l’Epitre aux Romains est dans cette révélation. Alors que les Juifs en arrivaient à méconnaître la miséricorde divine, en estimant qu’il se procuraient la justice à partir de leurs œuvres, de leur pratique de la Loi, Paul déclare qu’ils sont pécheurs eux aussi, et donc qu’ils auront besoin de la miséricorde par la justice en la foi. En face d’eux, les païens, auxquels Dieu n’avait rien promis, sont attirés à leur tout dans l’orbite infinie de la miséricorde. Tous doivent donc se reconnaître pécheurs, afin de bénéficier de la miséricorde : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde » (Romains 11, 32)

SOYEZ MISERICORDIEUX

La perfection que Jésus exige de ses disciples, « Vous donc serez parfaits comme Père céleste est parfait » (Mathieu 5,48), consiste, selon saint Luc dans le devoir d’être miséricordieux : « Montrez-vous miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6,56). C’est une condition essentielle pour entrer dans le Royaume des Cieux : « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » (Mathieu 5,7, les Béatitudes). Cette condition, Jésus la reprend chez le Prophète Osée (12,7) : « Allez donc apprendre le sens de cette parole : C’est la miséricorde que je désire et non le sacrifice ! En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mathieu 9, 13). Et une autre fois, Jésus reprend cette exigence : « Et si vous aviez compris le sens de cette parole : c’est la miséricorde que je désire, et non le sacrifice, vous n’auriez pas condamné des gens sans fautes » (Mathieu 12,7).

Cette tendresse doit nous rendre proche du misérable que nous rencontrons sur notre chemin, comme le Bon Samaritain :

Luc, chapitre 30°

30. 

Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui, après l'avoir dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à demi mort.

31. 

Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre.

32. 

Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre.

33. 

Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié.

34. 

Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie et prit soin de lui.

35. 

Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier, en disant : «Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour. »

36. 

Lequel de ces trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands ? »

37. 

Il dit : « Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. » Et Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

Nous devons de même être remplis de pitié envers ceux qui nous ont offensés :

Mathieu chapitre 18°

23. 

« A ce propos, il en va du Royaume des Cieux comme d'un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.

24. 

L'opération commencée, on lui en amena un qui devait dix mille talents.

25. 

Cet homme n'ayant pas de quoi rendre, le maître donna l'ordre de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, et d'éteindre ainsi la dette.

26. 

Le serviteur alors se jeta à ses pieds et il s'y tenait prosterné en disant : «Consens-moi un délai, et je te rendrai tout. »

27. 

Apitoyé, le maître de ce serviteur le relâcha et lui fit remise de sa dette.

28. 

En sortant, ce serviteur rencontra un de ses compagnons, qui lui devait cent deniers ; il le prit à la gorge et le serrait à l'étrangler, en lui disant : «Rends tout ce que tu dois. »

29. 

Son compagnon alors se jeta à ses pieds et il le suppliait en disant : «Consens-moi un délai, et je te rendrai. »

30. 

Mais l'autre n'y consentit pas ; au contraire, il s'en alla le faire jeter en prison, en attendant qu'il eût remboursé son dû.

31. 

Voyant ce qui s'était passé, ses compagnons en furent navrés, et ils allèrent raconter toute l'affaire à leur maître.

32. 

Alors celui-ci le fit venir et lui dit : «Serviteur méchant, toute cette somme que tu me devais, je t'en ai fait remise, parce que tu m'as supplié ;

33. 

ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon comme moi j'ai eu pitié de toi ?»

34. 

Et dans son courroux son maître le livra aux tortionnaires, jusqu'à ce qu'il eût remboursé tout son dû.

35. 

C'est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

Car Dieu, a pitié de chacun de nous. Et c’est pourquoi nous serons jugés d’après la miséricorde que nous, aurons manifestée, peut-être parfois de manière inconsciente, à l’égard de Jésus en personne :

Mathieu chapitre 25°

31. 

« Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire.

32. 

Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs.

33. 

Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

34. 

Alors le Roi dira à ceux de droite : «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde.

35. 

Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli,

36. 

nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. »

37. 

Alors les justes lui répondront : «Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer,

38. 

étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir,

39. 

malade ou prisonnier et de venir te voir ?»

40. 

Et le Roi leur fera cette réponse : «En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. »

41. 

Alors il dira encore à ceux de gauche : «Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges.

42. 

Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire,

43. 

j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. »

44. 

Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : «Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ?»

45. 

Alors il leur répondra : «En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. »

46. 

Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle.

L’absence de miséricorde chez les païens déchaîne la colère divine :

Romains chapitre 1°

28. 

Et comme ils n'ont pas jugé bon de garder la vraie connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement, pour faire ce qui ne convient pas :

29. 

remplis de toute injustice, de perversité, de cupidité, de malice ; ne respirant qu'envie, meurtre, dispute, fourberie, malignité ; diffamateurs,

30. 

détracteurs, ennemis de Dieu, insulteurs, orgueilleux, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents,

31. 

insensés, déloyaux, sans cœur, sans pitié ;

32. 

connaissant bien pourtant le verdict de Dieu qui déclare dignes de mort les auteurs de pareilles actions, non seulement ils les font, mais ils approuvent encore ceux qui les commettent.

En revanche, le chrétien doit aimer comme dit Saint Paul dans l’Epitre aux Philippiens :

Philippiens, chapitre 2°

Aussi je vous en conjure par tout ce qu'il peut y avoir d'appel pressant dans le Christ, de persuasion dans l'Amour, de communion dans l'Esprit, de tendresse compatissante,

2. 

mettez le comble à ma joie par l'accord de vos sentiments : ayez le même amour, une seule âme, un seul sentiment ;

3. 

n'accordez rien à l'esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun par l'humilité estime les autres supérieurs à soi ;

4. 

ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres.

5. 

Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus :

6. 

Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.

7. 

Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme,

8. 

il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix.

La compassion doit remplir le cœur du chrétien : « Montrez-vous bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ » (Ephésiens 4, 32). Le chrétien ne peut « fermer ses entrailles » devant un frère qui se trouve dans la nécessité : L’amour de Dieu ne demeure que chez ceux qui exercent la miséricorde : « Si quelqu’un, jouissant des richesses du monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’Amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (1° Jean 3,17).

« Ama et fac quod vis » : aime, et fais-ce que tu veux !

916mz8l6.jpg

Premier tableau peint par Sœur Faustine, à la demande du Seigneur

Conclusion

Terminons cette recherche par deux citations de la Bienheureuse Angèle de Foligno :

1.- «Je fus saisie par un songe où le Cœur du Christ me fut montré, et j’entendis ces paroles : « Voici le lieu sans mensonge, le lieu où tout est vérité. » (Livre des Visions, 13ème pas).

2.-« J’affirme avec une science parfaite que tout ce qu’on prêche sur l’Amour de Dieu n’est absolument rien : les prédicateurs ne sont pas capables d’en parler, et ne comprennent seulement pas ce qu’ils disent ». (Livre des Visions, 17ème pas).

Il faut en vivre de manière personnelle, par une rencontre directe avec le Dieu des Miséricordes, dans l’accomplissement de ses commandements, en suivant son exemple, Lui qui est riche en miséricorde, et en mettant toute notre confiance en Lui : « Jésus, fils de Dieu, j’ai toute confiance en Vous ! j’ai toute confiance au Père des Miséricordes ! j’ai toute confiance en l’Esprit qui remplit nos cœurs de l’Amour même de Dieu qui et lui fait exercer la plus grande miséricorde envers tous les enfants de Dieu, qui sont ses frères.

Mgr Jacques MASSON


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine