Magazine Journal intime

La sorcière et Leenbakker (un peu comme le corbeau et le renard)

Publié le 19 avril 2010 par Anaïs Valente

L'autre vendredi, celui où il faisait plein soleil, j'ai eu un moment de folie hystérique chez Leenbakker : j'ai acheté une chaise longue, une chaise à dossier qui descend (ça doit bien porter un nom officiel, mais lequel ?), et quatre chaises bistro, le tout en genre de textilène gris, pour ma terrasse.  D'habitude, je réfléchis dix mois avant d'acheter le moindre clou, la moindre ficelle, mais là, une pulsion.  Le soleil sans doute.

J'ai d'abord repéré la chaise longue.

J'ai déjà une chaise longue.

Correction, j'ai déjà deux chaises longues.

Achetées en 2005.  Waw, le temps passe vite.

2005.  J'achète donc ma première chaise longue en textilène, chez Casa.  Elle est en genre de U à base très large, avec deux pieds aux extrémités de la base, vous voyez ?  Le souci, c'est qu'à l'usage, c'est de la vraie crotte, cette chaise.  Dès qu'on s'assied (pour ensuite se coucher), la pression exercée sur le textilène fait remonter le côté à la verticale, et puis on peut plus le redescendre, sauf à le plier totalement, puis le déplier ensuite.  Vraiment d'un pratique fou.  Et ce risque d'être prise en sandwich à chaque moment, assassinnée par une chaise longue rebelle, c'est pas la joie.

Trois jours après, désespérée, j'achète ma seconde chaise longue en textilène, chez Hema. Et là, nous vivons heureuses et avons beaucoup de petits bains de soleil ensemble.  Elle est pliante, ce qui est pratique, car je peux la rentrer en hiver.  Elle est pas trop moche pour une chaise longue.  Elle ressemble à un lit de camp, en fait, mais en textilène blanc.

2006.  La vie est belle.

2007. La vie est belle.

2008. La vie est belle.

2009. La vie est moins belle.

A force de poser mon gros postérieur bien gras sur ma chaise longue, elle se laisse aller.  Le textilène, c'est mou et élastique, alors, avec les années, ben ça se ramollit encore plus.  Et s'asseoir sur ma chaise longue, en 2009, c'était comme tester la vie de fakir, car y'a plein de trucs qui me rentrent dans les fesses, les cuisses, les mollets, le dos et la tête.  Douloureux.  Et puis elle a perdu son joli coloris blanc (enfin, bon, blanc, c'est pas une couleur mais soit) pour osciller entre le jaune pisse et le gris crasse.   Et elle rouille.

Donc cette année, direction Leenbakker pour voir un peu ce qui s'y vend.  Avec Mostek, dont la voiture ressemble à un petit pois évidé.  Grise, mais format petit pois.

Entre les chaises longues non pliantes et celles en tek, trop lourdes pour mes petits biskotos ramollos, je repère une chaise longue en textilène gris, superbe, classe, à l'allure d'une vraie chaise longue de compétition.  Et pliable.  Le bonheur.  Sur terre.  J'adore j'adhère.

Et j'envisage de la ramener en bus, because le petit pois de Mostek incapable de transporter une chaise longue, même pliante.  Jusqu'à ce que je voie la taille de la boîte : un cercueil.  Un peu court, un peu haut, mais un volume de cercueil.

Bon.

En bus, ça ne le fera pas.  Me faut un véhicule.  Me faut trouver quelqu'un qui a un gros véhicule. 

Le temps de dire à la vendeuse (qui m'a gentiment communiqué le prix, non indiqué, après qu'un vilain vendeur pas beau m'ait dit « je reviens de suite » et ait disparu durant une petite demi-heure au bas mot, le saligaud) que je tente de trouver quelqu'un qui viendra chercher l'objet, elle me prépare déjà une facture.  Oups. Rapide, la miss.

Je vous passe les détails des « bon, ben comme vous savez pas l'emporter illico presto je vous en commande une autre pour mercredi », « mais finalement j'ai quelqu'un pour venir la chercher », « ok venez de suite la prendre, et que ça saute », (une demi-heure passe) « bonjour, je reviens comme convenu pour la chaise », « ben on n'a plus votre chaise », « hein quoi comment ? c'est une blague hein, dites-le que c'est une blague », « ah c'est vous (la chieuse à la chaise), voilà votre chaise finalement »...

La chaise est dans la tuture.  Et tant que j'ai un gros véhicule sous la main, j'ai une folle envie d'une chaise dont le dossier descend vers l'arrière, pour qu'on s'endorme au soleil, un livre ouvert sur le poitrail. Et de chaises bistrot pour remplacer les miennes, toutes rouillées aussi.

La chaise à dossier qui descend, y'a.  Mais les chaises bistrot, faut commander pour mercredi.

Et c'est là que ça devient intéressant.  Tout ce que j'ai écrit avant, c'était le préambule. Long, mais inutile.  L'histoire commence ici.

Elle commence mercredi, à midi et deux minutes, pour être précise.  Quand la sorcière vendeuse de Leenbakker m'appelle :

« Madame Valente ?  C'est crkkkkkkkkkksssssssssss tssssssrqqqqqqqqqqqq »

« Pardon ? »

« C'EST LEEENBAKKER VOS CHAISES SONT ARRIVEES »

« Oh merci (air jovial, que du bonheur MES chaises, yessss, le bonheur, le soleil, l'été, la vie, le rêve, un livre, un cocktail, mes chaises) »

« Vous pensez venir les chercher quand ? »

« Euh (recontacter le proprio du véhicule de vendredi, voir son emploi du temps, le supplier de me venir encore en aide, s'organiser, retrouver le bon de commande), ça sera soit ce soir, soit... »

« Oui, ben, faut venir les chercher le plus rapidement possible hein, au revoir Madame ».

Ma question est : pourquoi elle me demande quand je pense venir les chercher, puisque ma réponse elle s'en fout, tout ce qui lui importe c'est de se débarrasser des chaises illico presto ?

Chais pas pourquoi, j'ai comme la sensation que quand on ira chercher mes chaises, j'aurai droit à un « zavez trop traîné, ça fait exactement 18 heures et 12 minutes que vous étiez avertie de leur disponibilité, on les a vendues à quelqu'un de plus rapide ». 

Chais pas pourquoi hein, mais je sens que je passerai mon été sur quatre chaises rouillées.

Pourquoi je dis ça ?  Passque la chaise longue achetée vendredi, ben y'avait le nom de quelqu'un d'autre dessus, sur un papier, collé.  Mais ça n'a interloqué personne dans le magasin, qu'on me vende la chaise de quelqu'un d'autre, qui a, par ma faute passé son week-end sur une chaise longue rouillée, si ça tombe.  Donc, si y'a une justice, je vais payer cette injustice, et j'aurai pas mes chaises.  Monde cruel.  Vendeuse cruelle. 

Illu de Invasion de Schtroumpfs.

mer



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