l'numérique, l'numérique, si c'est un rêve...

Publié le 19 avril 2010 par Tdeb

 

« L’numérique, l’numérique, si c’est un rêve je le saurai ! »

Je m’exaspère pour la millionième fois en subissant la pub à la télé pendant mon repas si fin, concocté par mon épouse aimée (ha les mains d’une femme dans la farine !)… Le sujet du racolage cathodique du moment : le débouchage (sans odeurs) des waters qui suit avec brio un exposé sur l’étanchéité des serviettes périodiques… pas très catholique tout çà, pas très gastronomique non plus. Bon appétit !

Cher Degas qui disait du téléphone : « on vous sonne comme un domestique et vous accourez » que trouverais-tu pour la télévision et la pub ? Peut-être : « on vous emplit comme un pot de chambre et vous en redemandez »?

Et vous, qu’en dites-vous, les bien pensants de la pensée unique, si prompts à défendre les libertés futiles car vous faites du fric avec en oubliant les libertés essentielles car elles vous obligent à tout remettre en cause ?

Je mes suis alors rappelé tout, en zappant cette p. de pub, un procédé radiophonique qui nous avait, chefs de service des RG, beaucoup perturbés à l’époque… les flashes d’info d’une station d’implantation nationale (presque…). Le principe était simple : toute nouvelle importante faisait l’objet d’une annonce immédiate : les transistors (eh oui, c’était la préhistoire…) des auditeurs potentiels passaient alors d’un état de veille silencieuse à une mise en marche automatique sur les ondes de la station pour le temps du scoop, avant de retourner au mutisme total mais vigilant.

Imaginez quels dégâts cette invention diabolique pouvait induire dans la routine quotidienne d’un service de renseignement censé connaître tout avant tout le monde ! La Direction dans sa grande bonté ayant dotée les grands chefs des fameuses radios hystériques et pas les petits chefs que nous étions, nous devions répondre couramment (couverts de plâtre, car nous étions tombés du plafond) à des coups de téléphone du genre « alors on séquestre votre recteur et vous n’êtes pas au courant ? »

Obligés de battre notre coulpe, d’acheter sur nos deniers cette maudite radio-zizanie, de vérifier les canards hertziens balancés par de pseudo-journalistes reprenant n’importe quel évènement décrit par quelque auditeur avide de porte-clefs ! (Etonnez-vous qu’on s’en rappelle encore !)

Toute souffrance pouvant être constructive, j’ai donc échafaudé une petite théorie dont je m’ouvre encore une fois à nos chers gouvernants (qui me répondent pourtant si souvent « Ferme-la ! ») :

Si, un jour (ou peut rêver, pas vrai Joe ?), vous considériez qu’il n’est pas tout à fait normal que chaque citoyen se fasse violer à domicile plusieurs fois par jour (c’est une tournante !) par l’imbécilité crasse, l’absence de bon goût (c’est le moins que l’on puisse dire !), le mercantilisme agressif et dévastateur («  Oh, bouffon, quitte ton nij, j’le kif grave, c’est d’la marque ! »)… sans qu’il ne puisse réagir autrement qu’en coupant le son ou en se privant totalement de ce qu’il aime et que vous taxez par ailleurs…

Alors c’est simple, surtout avec le numérique, je vous donne la solution : vous obligez de manière définitive les stations de télé à émettre un signal numérique donné transmis sur les ondes pendant toute la durée de la pub.

Nos récepteurs seront équipés pour recevoir ce bip et l’on pourra programmer à l’avance qu’une autre chaine sans pub prenne alors le relai sur notre écran de la chaine infestée par les annonceurs ou que le magnétoscope ou le lecteur de DVD se déclenche, que la grille des programmes apparaisse etc etc ; cela pour le temps de la pub avec enfin l’option, la porteuse interrompue, de retourner ou non sur la chaine d’origine.

C’est techniquement parlant enfantin à réaliser… J’ai pris les brevets, mais je ne demanderai pas cher vu le potentiel quantitatif des ventes, et je jure que l’on reversera une partie des royalties à des centres des centres de soins pour pub-victimes.

« Le numérique, le numérique, je veux l’avoir et je l’aurai ! » direz-vous et vous aurez raison !

D’autant que l’on n’en restera pas là : pensez, si on pouvait supprimer les personnages intervenant dans les magnifiques paysages des documentaires pour nous balancer la bonne leçon écolo-lolo et les remplacer par un animal familier et une ambiance musicale (jusqu’à présent vous enleviez le son, mais c’est un brin tristounet…) ; si l’appareil zappait automatiquement à l’apparition de certaines célébrités (Djamel Demi-Bouse ou Quart de La Brunie par exemple), qu’il aurait appris à repérer par reconnaissance numérique (la seule d’ailleurs qu’il est raisonnable de leur dédier)… quelle sérénité, quel confort recouvrés !

Autre chose : comme les nouvelles générations bouffent trop et que du coup les filles ont de gros culs sur des pattes courtes (ils nous montrent même des danseuses de balai' de ce gabari - de vrais boudins - qui esquintent notre sens ordinaire de l'esthétique...), pourquoi pas un petit bouton qui premettrait de les allonger (virtuellement je précise...) ? avec un  logo du type :  ][  . Comme beaucoup de garçons n'ont pas d'épaules et un gros ventre ne pourrait-on pas disposer d'une amélioration d'image du type : V ?

Réfléchissez, vous trouverez, j’en suis sûr, d’autres martingales contre les gales du relai hertzien, du satellite ou du câble… (plus on les voit plus on se gratte et plus ils nous irritent)

Allez, une petite note positive… à l’inverse, votre fenêtre familière sur le monde pourrait s’ouvrir d’un coup, tous programmes interrompus, sur le seul passage à la télé de votre artiste (ou politique, je suis bien gentil aujourd’hui !) préféré mais boudé d’ordinaire par le pifomètre pipé du PAF. Vous l’auriez loupé autrefois, maintenant, comme vous l’avez intelligemment listé dans votre bibliothèque de favoris, reconnu par la magie du numérique, il surgit devant vous au meilleur moment du repas ! 

« Joe DASSIN, eh bien… çà fait un bout qu’on ne t’a pas vu ! »

« Mes amis je vous dis adieu

« Je devrais vous pleurer un peu

« Pardonnez-moi si je n’ai dans mes yeux

« Que l’numérique, l’numérique »