Oui madame, oui mademoiselle, oui monsieur, DOUBLEMENT ! Dans la suite mes trépidantes aventures chez madame la dentiste, j’ai eu la chance inouie, le mardi 6 Avril 2010, d’être couronnée deux fois aux environs de 14h30 et ça c’est la classe. Si j’avais rendez-vous à 14h00 pour me faire poser les deux belles couronnes en céramiques que j’avais demandées, il a fallu recommencer à enlever le peu de pansement et de plomb qu’elle avait mis la dernière fois dans le fond de mes dents qui, déjà limées jusqu’à la gencive, ne méritaient pas de n’être plus que d’infâmes trous dans ma bouche.
Je me suis allongée sur son fauteuil gris blanc tout en lui expliquant pour commencer que j’avais eu l’immense surprise de voir réapparaitre soudainement la petite bouboule qui avait siégé sous une molaire du bas à l’été 2008. Intrigante réapparition puisque depuis je n’avais plus jamais eu l’honneur de pouvoir la tripoter mais aussi parce qu’au rendez-vous précédent, madame la dentiste m’avait demandé si ce problème s’était réglé, ce à quoi j’avais répondu que « Je n’ai plus jamais rien eu depuis mon traitement aux antibiotiques ». Etonnée, le docteur me dit « C’est bizarrrrre ! ». Oui c’est bizarre. Alors je lui ai répondu « C’est peut être juste psychosomatique ». Ça l’a fait rire mais elle a dit que ce n’était pas impossible et m’a dit qu’on allait retenter le traitement car peut être la dent était en train de se nécroser et MOI j’ai pas envie de me nécroser. C’est absolument dégoutant.
Ensuite je lui ai bien signifié que j’avais grave souffert des gencives durant 10 jours et que les dents limées c’est vachement pas rigolo. Mais comme elle a dit « C’est normal » et « Y’a pas le choix ». Vu le prix que je vais payer pour ces foutues fausses dents en céramique, je suis pas d’accord avec ces assertions. Mais soit, ce jour là, ma vie dentaire allait changer.
Elle m’a dit d’ouvrir la bouche bien grande et elle a pris sa bruyante fraise et a vidé une énième fois ma molaire du bas (celle du fond à gauche). J’aime pas le bruit de la fraise, ça me donne des petits frissons désagréables dans tout le corps et puis ça fait vibrer mes dents. Je me suis encore rincé la bouche et j’ai craché tout noir. Moi je broie plutôt du noir, du noir dans ma dent, chante pour moi LOUIS, LOUIS , OH OUIIII ! Je m’égare. Et dans ce liquide tout noir, il y avait aussi du sang. Un vrai film d’horreur qui fait peur. Elle s’est ensuite occupée de la molaire du haut à droite et j’ai recommencé le film d’horreur dans son petit lavabo, me rinçant la bouche avec encore et toujours de l’éludril.
Elle a ajusté le pivot dans la dent du bas et elle a sorti un petit sachet avec les deux sémillantes couronnes. La tromperie est parfaite, les couronnes en céramiques ressemblent vraiment à de vraies dents, elles font même plus vraies que les miennes. Elle a pris la couronne du bas et a exercé une pression téméraire sur le pivot. AIE MA GENCIVE ! Elle a précisé avec douceur et gentillesse « Vous allez avoir l’impression que ça écarte la dentition, mais ne vous inquiétez pas , c’est normal ». Chouette ! C’est fou comme avec les dentistes tout ce qui est bizarre, douloureux est « normal ».
Elle appuie comme une malade du bout de l’index. Sur ma langue j’ai le goût infecte de son gant de latex. Elle appuie toujours. J’entends un « Clic ». La couronne est si bien ajustée qu’elle ne bouge plus d’un poil. Évidemment, c’est une expression ! N’imaginez rien de tel ! Ma couronne n’a pas de poil au demeurant, poil aux dents ! Elle me fait fermer la bouche et me demande si c’est bien lisse, si je ne suis pas gênée. Apparemment, non. Mais je ne sais plus trop. Il faut dire qu’à force d’avoir la bouche ouverte à se faire tripatouiller les dents, on ne sait plus trop quoi penser quand on ferme la bouche.
Elle teste l’autre, celle du haut. La lime un peu, teste à nouveau, est satisfaite. Elle décide qu’il est temps de les coller avec du « ciment ».
Il faut enlever les deux couronnes. Celle du haut ne pose aucun problème a être décrochée facilement. Mais celle du bas résiste et prouve qu’elle existe et refuse ce monde égoïste. Elle essaie pas tous les moyens : à la force du pouce et de l’index, en faisant un levier avec un de ses instruments pointues et niquant à nouveau ma pauvre gencive puis elle dit « J’ai un autre instrument pour ça ». Une sorte de pistolet étrange qui apparemment fait ventouse. Je pense que ça doit être aimanté puis que dans la couronne, il semble y avoir tout de même du métal. Elle pose la longue tige sur ma dent, appuie sur la détente et dans un fracas douloureux, la couronne se décroche.
Je ne souhaite qu’une chose. Qu’on en finisse avec ces putains de couronnes qui vont me coûter la peau du cul (la douleur, ça rend mal poli, croyez moi ! ) !. Elle prépare donc le « ciment » dans sa centrifugeuse. Puis récupère le mélange, le bas avec une sorte de spatule. Elle enduit la couronne du bas et la fixe à nouveau sur mon pivot. Le ciment dégoutant frôle allègrement ma langue. Ca pique, ça brûle, c’est infecte. Elle nettoie ce qui déborde et une goûte tombe sur le coin de mes lèvres. J’ai l’impression d’avoir mangé des orties fraiches !
Elle s’attaque à la seconde couronne. Le ciment déborde copieusement et tombe dans ma gorge. Je n’ose pas avaler. Ca pourrait me trouer l’estomac cette horrible chose ! J’ai l’impression de faire un gargarisme à l’anti-calcaire. Elle passe un petit coup de fraise sur les restes de ciment et ENFIN oui ENFIN , elle m’autorise à me rincer la bouche en rajoutant dans mon verre une dose d’éludril. Pour une fois je suis contente d’avoir de l’éludril, ça va changer le goût dégueulasse qui hante ma cavité buccale.
Comme chez le coiffeur, elle me propose un miroir pour voir le travail. Elle me précise qu’il y a des taches rougeâtres sur mes couronnes mais que « C’est normal ». Je pense que les dentistes vivent dans une autre dimension. Mes tâches partiront au premier brossage ! Je constate tout de même en regardant ma dentition, que mes couronnes me vont à ravir ! Vraiment !
Elle ajoute que je n’ai pas le droit de manger des choses dures, croquantes pendant 2h. Elle m’annonce gentiment qu’on en est déjà à environ 1040 euros et des poussières mais qu’il faudra se revoir pour un détartrage complet, pour la bouboule sous la dent et pour voir si les couronnes se tiennent comme il faut… Je n’ai donc pas payé ce jour là et ai gagné un ticket pour rejouer au jeu du dentiste 10 jours plus tard…
Mes impressions ? Au final, je suis toujours surprise de sentir des dents là où je n'en avais plus depuis très longtemps. Je mastique mieux, mes gencives revivent ... cette torture avait quand même une issue formidable !
A suivre : l'art du détartrage …