Quand je ne suis pas maire, je suis encore un salarié, avec des collègues, un bureau, des imprimantes en panne, je vous passe les détails.
Sauf que ce matin, je me sens un peu seul. Je travaille dans un bureau en compagnie de trois autres camarades. L’ambiance y est en général bruyante, et très bon enfant. Mais ce matin, l’un est bloqué à Tokyo, l’autre à Madrid. Le troisième est soumis aux aléas de la SNCF quelque part au sud de la Loire. Je ne vous parle même pas de certains de mes collègues de la communauté urbaine qui ne peuvent revenir sur leurs terres après un repos mérité.
S’il en était besoin, la nature nous fournit quand même un extraordinaire fait divers susceptible d’alimenter les conversations de comptoir : un nuage de cendres volcaniques est en train de contrarier les vacances de millions de voyageurs, les relations internationales, la politique française… Je vous laisse imaginer la montagne de dollars que ces aléas magmatiques vont coûter aux uns et aux autres. J’entends déjà quelques conversations saisies au hasard : “C’est un coup monté des Américains, des talibans (rayer la mention inutile)”, “Ca apprendra aux riches à ne pas prendre de vacances, comme tout le monde“, “C’est un nuage virtuel, créé de toutes pièces pour nous éviter de parler des vrais problèmes” …
Je trouve pour ma part plutôt réconfortant que Dame nature nous rappelle épisodiquement que nous sommes bien peu de choses par rapport à elle, et que nous devons apprendre à composer avec elle, et pas trop à la dompter.
Nous sommes devenus les uns et les autres complètement tributaires des déplacements que nous effectuons pour nos loisirs, notre métier, nos institutions. Si nous perdons notre mobilité, nous abandonnons bon nombre de nos raisons de vivre, de prospérer, d’espérer. Rendez-vous compte, ces pauvres sportifs doivent voyager en TGV ou en bus pour disputer une journée de championnat ! Et tout à coup, les hommes les plus puissants de la planète ne peuvent rendre hommage à l’un des leurs tragiquement disparu !
J’ai quant à moi vécu un dimanche consacré également aux déplacements, mais je n’étais tributaire d’aucun autre moteur que celui de mes jarrets : avec 150 ados de la région et quelques Templemarois, nous avons effectué un pélerinage à vélo sur les mythiques pavés du Paris-Roubaix, au départ de Valenciennes. 120 km dans les jambes, dont 27 de pavés me laissent quelques souvenirs, sur mon auguste postérieur notamment. Mais le sourire des jeunes au retour de cette journée pleine de sueur, de soleil, de secousses valait beaucoup plus que de très longs discours. Et nous avons bien prévu de remettre çà l’année prochaine, en compagnie du député-maire de Marcq-en-Barœul qui m’enviait beaucoup à l’arrivée et que j’ai promis d’amener en douceur jusqu’au terme d’une prochaine randonnée.
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