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Fractures de Franck Thilliez

Publié le 19 avril 2010 par Katinka
http://cyanide-pancakes.cowblog.fr/images/Imagesarticles/Fractures.jpgSept petites heures, à peu de minutes près : c'est le temps qu'il m'aura fallu pour lire le dernier chef d'oeuvre de Franck Thilliez, paru aux éditions Le Passage depuis le 8 octobre 2009. Cela représente une petite journée de travail pour les uns, et cela a représenté quelques heures de délices nocturnes pour moi, lectrice de ce livre qu'il aurait été dommage de laisser dans ma pile à lire. Ceci dit, après avoir eu des "presque exclusivités" sur le roman, ou tout du moins, avoir eu la chance de lire les réactions des médias avant même sa sortie, je n'ai pas su résister et terminer le livre que j'avais en cours.
Car voyez vous, on a beau critiquer Facebook, c'est tout de même grâce à ce site de réseau social que j'ai pu connaître un peu les coulisses du roman, et avoir connaissance du blog d'Alice Dehaene, la personne dont la vie personnelle a inspiré le roman. Alors oui, cela a contribué à ma hâte de me le procurer, j'en ai tellement parlé à ma moitié qu'il me l'a acheté, et plus les infos arrivaient sur mon Facebook, plus j'ai eu envie de le lire... tout en ayant commencé la lecture du blog d'Alice, qui a depuis été modifié.

Mais je dois avouer aussi qu'à la lecture des premières pages, ces fameuses informations et la lecture du blog ont un peu pollué mon imagination, toujours fertile en invention d'images représentant les personnages, les lieux et les situations narrées. J'ai donc pris une décision radicale : ne surtout plus lire les messages de Franck Thilliez sur son mur (qui apparaissaient sur le mien, logique), et, plus important encore : arrêter immédiatement la lecture du blog. Et j'ai bien fait. Outre le fait que le "vrai" visage d'Alice était irrémédiablement imprimé dans ma mémoire, la suite de ma lecture n'en a été que plus saine, si je puis dire. J'ai pu ainsi me faire ma propre idée de l'ensemble des décors, savourer l'écriture fluide et directe du roman. Parce qu'il faut dire que le style d'écriture de Franck Thilliez a, à mon sens, évolué depuis ma lecture de La chambre des morts, et que je peux faire une comparaison, puisque je suis en train de lire Train d'enfer pour Ange Rouge (je fais donc la connaissance de Franck Sharko... et oui, Fractures m'a donné envie de lire d'autres Thilliez !). J'avais déjà été littéralement happée par La chambre des morts, sa lecture à l'époque m'avait marquée et j'étais tombée sous le charme de cet auteur jusqu'alors inconnu pour moi ; la lecture de Fractures me conforte dans ma position, et continuera à me faire dire qu'avec toute la simplicité et la gentillesse dont il sait faire preuve avec son lectorat, Franck Thilliez est entré dans mon parthénon des meilleurs écrivains de thrillers.

Revenons-en à mon avis sur Fractures... Le début de l'intrigue se situe dans le milieu de la psychiatrie, là où nous faisons immédiatement connaissance avec Alice Dehaene, jeune femme souffrant de "trous noirs" ; de son psychiatre Luc Graham, qui suit la jeune femme depuis un peu plus d'un an et qui poursuit une thérapie qui semble enfin aboutir, et qui lui permettra non seulement de comprendre les raisons de son trouble, mais également d'en guérir. Un début plein d'espoir, au cours duquel je me suis surprise à imaginer que la suite du roman serait une sorte de flash-back, et où l'auteur nous narrerait la genèse de l'histoire d'Alice. Et à ma grande surprise, ce n'est pas ce qu'il s'est produit. Dans un style très fluide et aéré, comme je le disais plus haut, on assiste à un enchevêtrement de situations plus curieuses les unes que les autres, à une aggravation subite des crises d'Alice, et à l'apparition d'une volonté de fer de sa part : connaître la vérité, coûte que coûte, là et maintenant. D'une jeune femme effacée et timide aux débuts du roman, on fait alors la connaissance avec une Alice métamorphosée, qui de chrysalide devient papillon. Aux côtés d'un jeune homme venant en aide aux immigrés clandestins, elle va tout faire pour pousser son médecin dans ses derniers retranchements, affronter son père, réussir enfin à lutter contre certains de ses trous noirs, et connaître l'horrible vérité. Quelque chose d'inimaginable, que ce soit pour elle ou pour moi, lectrice tenue en haleine par la progression du roman. Lectrice qui n'a été capable de refermer le livre qu'une seule fois, pour finalement le réouvrir quelques heures plus tard, et ne le refermer qu'une fois achevé. Au fil de la lecture, Franck Thilliez se plaît à créer des liens improbables entre les personnages que l'on rencontre au fur et à mesure ; on sait que ceci n'est pas écrit innocemment, que ces liens ont une raison et que les personnages ont forcément quelque chose en commun, et j'avoue y avoir perdu mon latin tellement j'ai essayé, en vain, de comprendre la finalité de ces liens, et leurs origines. Et si c'était le pari que Franck Thilliez avait fait en écrivant son roman, c'est à dire troubler le lecteur au point de lui faire froncer les sourcils à la fin d'un chapitre ; revenir quelques pages en arrière pour s'assurer qu'on n'a pas mal lu ou mal compris ; écarquiller les yeux en révélant un bout de piste, ou bien encore nous faire monter le taux d'adrénaline dans le sang... c'est un pari largement gagné !

En conclusion, je ne peux que vous recommander chaudement Fractures. C'est LE livre de la fin 2009 qu'il ne faut absolument pas rater, et qu'il faut lire, à n'importe quel prix. Je n'avais pas ressenti un tel plaisir de lire depuis La promesse des ténèbres, et je dois dire que ça fait du bien. Un grand merci à vous, Monsieur Franck Thilliez !

(Quant au blog d'Alice, je vous laisse vous faire votre propre opinion : réalité, ou fiction ? Je sais, cette phrase est très sibylline, mais je ne voudrais pas vous gâcher la surprise, ni même encore faire un spoiler. Les gens qui font des spoilers, je les pends par les pieds dans ma cave !)

Quatrième de couverture :

Face à la tombe de sa soeur jumelle Dorothée, décédée dix ans auparavant, Alice Dehaene s'interroge : à quoi rime cette photo de Dorothée, prise il y a à peine six mois, qu'elle a récupérée des mains d'un immigré clandestin ?

Alice sait que quelque chose ne tourne pas rond dans sa tête. Son psychiatre à l'hôpital de Lille, Luc Graham, doit lui révéler le résultat d'un an de psychothérapie, lui apporter cette lumière qu'elle recherche depuis si longtemps. Mais les évènements étranges qui se multiplient autour de la jeune femme vont l'en empêcher : son père, agressé chez lui à l'arme blanche, et qui prétend avoir tenté de se suicider ; ce chemisier ensanglanté qu'elle découvre dans sa douche, à propos duquel elle n'a pas le moindre souvenir ; et cet homme retrouvé nu à un abri de bus et qui semble avoir vu le diable en personne.

Grâce à l'intervention de Julie Roqueval, assistante sociale en psychiatrie, Luc Graham, d'abord dubitatif, se décide enfin à mener l'enquête. Un aller simple vers la folie...

ISBN 978-2-84742-141-5 Editions Le Passage Thrillers - Diffusion Seuil - 21,50 €


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