Donnons d’abord l’information brute : le jeudi 22 avril, L’atelier littéraire des Outaouais présente l’auteure Claude Lamarche. Au début, je croyais que j’allais m’asseoir avec quelques membres, cinq ou six, d’un atelier littéraire et jaser de biographies. Ce que j’ai déjà fait. Mais non, vraie conférence avec présentation, causerie, échange de questions, clôture, petit goûter. Devant une trentaine de personnes probablement.
Moi, conférencière? Non que ça m’énerve de parler devant un groupe, je n’ai jamais eu cette gêne. Non que je ne sache pas de quoi parler, et je n’ai aucune difficulté à improviser, même si j’ai commencé à préparer un plan et à noter plusieurs idées. Non, mais moi, parler de biographies, comme si j’étais une biographe reconnue. Oui, j’aime les biographies; oui, j’ai publié Jacques Lamarche, un homme une époque; à la limite je pourrais aussi dire que mon livre Visions de la Petite-Nation qui présente 17 artistes peintres est une mini-anthologie de biographies; eh oui, mon prochain roman qui paraîtra peut-être un jour raconte la vie de mon ancêtre, mais de là à ce qu’on m’invite pour donner une conférence!
Ce n’est pas tant le sujet finalement que l’ampleur de la réunion qui m’impressionne. Et puis, non plus puisque c’est une réunion fermée au sens ou le public n’est pas invité, c’est un groupe de personnes qui font partie d’un atelier littéraire. Des gens qui aiment écrire leurs souvenirs, qui souhaitent en apprendre un peu plus sur le sujet. J'ai quand même aidé deux ou trois personnes à publier leurs souvenirs. Et pour me sentir à la hauteur, je minimise l’événement. Je le mets à ma portée. Ce qu’il est quand même. Je ne vais pas parler devant des universitaires. Ou à l’auditorium d’un cégep. Juste des personnes qui suivent un atelier littéraire. Me semble que je ne suis pas du bon bord, je devrais être dans la salle pour écouter la conférencière.
Donc si ce n’est pas l’incompétence, c’est quoi? Ça doit venir probablement de ma sempiternelle estime de moi. Comme si quelqu’un s’était trompé sur mon compte. Comment on dit déjà : le syndrome de l’imposteur?
Ce billet est donc plus une affirmation de soi, qu'un communiqué de presse. Un travail sur ce petit démon qui me retient à un vieux sentiment enfantin. Parce qu’au fond, pourquoi vous dirais-je que je vais donner une causerie puisque vous ne pouvez y venir? Pour secouer cet imposteur. Pour prendre ma place. Pour chasser la petite peur qui n’était pas là quand j’ai dit oui, j’accepte. Pour faire une femme de moi. Une conférencière finalement.
(photo de la conférencière!)