Nous proposons ici la traduction de l'interview donnée par l'archevêque Mark de Berlin (Église russe hors frontières) en septembre 2007 lors de la visite d'Orenbourg, à l'occasion du 90e anniversaire d'Alexandre Schmorell. On y apprend de nombreux détails sur la préparation de la canonisation du nouveau martyr Alexandre.
Depuis, Erich, le frère d'Alexandre, est décédé.
Dans la suite du billet, on trouvera des précisions sur la pratique de la canonisation dans l'Église orthodoxe (et russe en particulier).
L'icône de Paul Drozdowski proposée ci-dessus n'est peut-être pas idéale sur le plan de la composition (en particulier la blouse blanche), mais le visage est plutôt réussi.
En quoi consiste la procédure de canonisation selon les canons de l'Église, comme débute-t-elle et de quelle manière s'achève-t-elle ?
Dans notre Église, la canonisation des saints, par principe, commence par le bas, c'est-à-dire par le peuple. Le peuple honore un saint. Dans mon diocèse cette question a été soulevée par la jeunesse. Par les étudiants. Ils se sont passionnés pour la destinée d'Alexandre. Il y a déjà longtemps. J'ai alors proposé cette question à notre Concile des évêques. J'ai fourni une description de la vie d'Alexandre et de sa fin. Sur cette base, le Concile a décidé que le diocèse d'Allemagne pouvait le glorifier parmi les saints localement. Le temps venu, les autres diocèses pourront en faire autant. Le Concile a déjà donné sa bénédiction.
Nous pouvions procéder immédiatement à la glorification. Cependant pour cela, un office doit lui être composé. C'est sur ma conscience : c'est moi qui dois l'écrire. Durant de nombreuses années, les prêtres de Russie me «perforaient», me «sciaient» : "voilà nous avons besoin de l'office de la sainte grande duchesse et martyre Elisabeth — parce qu'elle est Allemande". J'ai alors composé un office : c'était ma première expérience en ce domaine. Maintenant, il faut le faire pour Alexandre. Mais c'est plus difficile. Il faut mûrir intérieurement. Je peux dire que cet office est plus ou moins prêt, mais il demande à être retravaillé. Je pense que maintenant, après cette visite, il y aura une secousse spirituelle et j'achèverai le travail.
Il y a aussi la question des reliques. C'est
très compliqué. Et je ne sais pas encore comment agir. Ici, il y a deux
facteurs. Le premier c'est la famille, le deuxième c'est l'administration de la
ville de Munich.
Pour ce qui est de la famille, le frère d'Alexandre — Erich — m'a demandé de ne
pas m'occuper de cette question avant son décès. Il m'a dit : «Faites ce que
vous jugez utile, mais seulement après ma mort.» Et il a agi de façon très
honnête, car il a précisé dans son testament qu'il ne fallait pas
l'enterrer dans la même tombe que son frère Alexandre. Mais il y a aussi sa
sœur Natacha : on a besoin de son autorisation. Il faut aussi se concerter avec
la ville pour ce qui concerne l'exhumation. Pour parler franchement, je ne sais
pas encore comment tout cela va se passer. Mais je dois préciser que la
présence des reliques n'est pas une condition nécessaire pour la canonisation.
Lorsque l'office aura été composé, alors nous déterminerons un jour,
probablement celui de la date de l'exécution d'Alexandre. La veille, un office
de vigiles sera célébré. Et le jour même, si les reliques sont accordées, elles
seront portées, une autre cérémonie aura lieu et la canonisation sera
effective. Je pense qu'au maximum dans deux ans la procédure sera
accomplie.
Ce sera une canonisation locale ?
Oui, pour le diocèse d'Allemagne. Ensuite les autres diocèses pourront la reprendre : l'évêque de votre diocèse, disons, peut nous adresser une demande correspondante. Dans le futur, la canonisation universelle n'est pas exclue. Alexandre Schmorell est déjà représenté sur une icône dans notre cathédrale — qui est consacrée aux Nouveaux martyrs et confesseurs de Russie. Dans la chapelle [en fait : sur l'iconostase de la cathédrale — M.] de la cathédrale se trouve une icône en deux parties : en haut — le transfert des reliques de saint Nicolas; en bas — les saints nouvellement canonisés. On y trouve ainsi saint Jean de Cronstadt et d'autres saints, et dans cette même partie — Alexandre, seulement sans nimbe, pour l'instant [l'icône date de 1996 — M.].