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A toi, Boris

Publié le 21 avril 2010 par Thebadcamels
A toi, BorisJules César, Genghis Khan, Ivan le Terrible. On se demande souvent ce qui a conduit ces personnages à imposer leur style plutôt beau, légèrement vintage mais pas trop hype au reste de l’univers.

Certains ont avancé des théories plus ou moins fumeuses (reposant sur l’éducation, une excroissance de l’hémisphère droit du cerveau, le port frénétique du slip ou que sais-je). Depuis quelques années, la plupart des historiens sérieux s’accordent à dire que la capacité à diriger une nation est très fortement corrélée à celle consistant à pratiquer ce que beaucoup estiment malsain, à savoir sortir tard, boire sans modération, fumer des Gitanes Maïs, en bref être ce qu’on appelle communément un «chien-loup».
Winston Churchill ou Staline en sont de bons exemples. Ce dernier a su opportunément se mettre en black-out au début de l’invasion de l’URSS par les troupes allemandes en 1941 ; la désorganisation qui a suivi l’«indisponibilité» du chef a permis à l’armée russe de reculer suffisamment pour pouvoir ensuite refermer les portes du frigo géant de Moscou sur leurs adversaires. La victoire de Martini Rosso contre Barbarossa en quelque sorte.
Napoléon coupait toujours son verre de Chambertin d’un peu d’eau lors de ses repas. Tant que la boisson obtenue était composée principalement de vin, les victoires s’enchaînaient (pour faire simple, de 1796 a 1812 ; si vous voulez des détails, évitez les ouvrages de notre ancien premier ministre). En 1813, durant la retraite de Russie, le vin est venu à manquer à cause de l’allongement des lignes de communication et du harcèlement permanent des Cosaques. Résultat, ce que l’Aigle buvait lors de ses repas était un nectar plutôt aqueux. Nous connaissons tous aujourd’hui les conséquences dramatiques pour l’Empereur de ce manque de Chambertin.
Je sais que ces exemples tirés de notre lointain passé ne suffiront pas à tirer les sceptiques de leur fosse cartésienne. Mais là n’est pas mon but. Objectivement, il est certain qu’un personnage refusant toute forme d’ouverture ou de décontraction de l’esprit ne peut laisser son empreinte dans la conscience collective. Lorsque Socrate quitte son Banquet à l’aube, il se trouve être le dernier convive encore debout ; non pas parce qu’il n’a pas participé aux agapes, mais parce que sa puissance intellectuelle lui aura permis de résister aux effets néfastes (supposés) de l’enivrement.
Il n’y a que les sots, les rationalistes et les ingénieurs qui militeront pour une interdiction formelle de tout excès dans la conduite de la nation. Ce serait avant tout une insulte à celui qui a terrassé par son seul courage le plus terrible fléau du vingtième siècle et qui fut dans le même temps le plus fameux buveur à l’ouest de l’Oural, le grand Boris Eltsine.
ABC, l'homme qui ne trempe pas sa plume dans un encrier mais dans une bouteille de vodka.

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