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The art of smoking (or not smoking)

Publié le 23 avril 2010 par Thebadcamels
The art of smoking (or not smoking)A l'heure où si peu d'entre nous font de vrais choix mais s'engagent à reculons dans des carrières gagnées d'avance, abordons un sujet structurant et crucial - l'un de ces rares sujets où l'on ne peut se défiler et l'on doit être soit l'un soit l'autre.
Précisons d'emblée qu'il s'agit ici d'étudier l'acte de fumer en tant que tel. Pratique éminemment sociale et donc peu dissociable des représentations qu'elle engendre, nous essayerons néanmoins de ne pas considérer les valeurs que tentent, plus ou moins habilement, de lui imposer les pouvoirs publics ou les industriels. Ainsi, nous ne nous laisserons pas impressionner par les prochaines initiatives publiques (dont vous pourrez apprécier dès 2011 les plus beaux clichés) ni influencer par les différentes marques de cigarettes (même s'il est évident que l'homme de goût et de bien ne peut fumer autre chose que des Dunhill).
Il suffira, pour se convaincre de l'importance de fumer ou de ne pas fumer, de se rendre compte que l'on ignore bien souvent beaucoup de choses assez fondamentales parmi nos amis et/ou connaissances (situation des parents, nombre de frères et sœurs, parti politique, etc.) alors que l'on est capable de se souvenir presque instantanément si cette même personne fume ou ne fume pas. Mais alors, devant l'importance d'une telle pratique, faut-il fumer?
Quand le style est en jeu, la voie moyenne ou le lâche compromis ne peuvent constituer une réponse et encore moins solution. Ecartons donc d'entrée la catégorie nauséabonde des fumeurs occasionnels. Si une telle catégorie ne mérite pas que l'on s'attarde davantage sur elle, distinguons-y toutefois deux grands groupes: celui des non-fumeurs qui fument pour avoir l'air moins nuls en soirée (zéro!) et celui des anciens fumeurs qui refusent de reconnaître qu'ils ont repris (mieux!). On pourrait encore citer la horde honteuse et malveillante des taxeurs sur laquelle nous ne nous étendrons pas pour des raisons évidentes de décence.
Comme bien souvent, le raisonnement par analogie et en particulier le concept de métaphore théâtrale développé par Erving Goffman de l'école de Chicago offrent un angle d'attaque aisé. Pour faire très simple et un peu faux, les comportements humains en société seraient le résultat d'une mise en scène où chacun jouerait un rôle - le rôle de sa vie en somme. Il suffit de se tourner vers le cinéma - lieu de la mise en scène par excellence - pour s'apercevoir qu'il est indispensable de fumer. En effet, enlevez leurs cigarettes à Clint Eastwood lorsqu'il est The Good, à Sean Penn dans 21 Grams ou remplacez le paquet de Lucky Strike de Don Draper par une boite de gomme à macher et vous obtiendrez des personnages creux, sans grand intérêt, au style mal assuré et à la répartie poussive.
Toutefois la réalité de l'autre côté de l'écran est plus nuancée. Dans notre imaginaire, on ne peut se défaire du désagréable employé de bureau qui fume un cigarette trop forte de bon matin, en chemisette de couleur, au pied de l'horrible tour de la société de SSII qui le paye si mal. A Paris comme ailleurs, pour une cigarette fumée avec style, combien de milliers de briquets s'allument à tort et avec maladresse? On pourrait énfin citer, pour se convaincre du caractère peu alléchant de la cigarette, l'odeur fade, lourde et écoeurante du tabac froid au réveil. Difficle alors de nous faire croire que la cigarette est un plaisir gracieux ou que fumer relève de l'art.
Aussi rendons-nous à l'évidence: nous ne parviendrons pas à épuiser un tel sujet en si peu de lignes. Rappelons néanmoins quelques préceptes fondamentaux à ceux qui auraient répondu positivement à la question: (i) une cigarette s'allume de préférence avec une allumette ou à la rigueur avec un biquet de qualité, mais jamais avec un briquet en plastique; (ii) une cigarette ne peut en aucun cas être partagée; (iii) il n'y a pas d'heure pour fumer, en renvanche on évitera de fumer au soleil; (iv) il est enfin grossier de tasser une cigarette lorqu'on la sort de son paquet. Pour les autres, nous leur suggérons de méditer plus à fond la question dès ce soir à la fenêtre de leur chambre et de ne pas oublier que si la cigarette occupe inévitablement les mains, elle rend l'esprit plus enclin à la réflexion...

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