Culte au début des années soixante en France, traduit dans des multiples langues, il porte un regard libre sur un ensemble de phénomènes réels ou supposés, dans un autoproclamé « Manifeste du Réalisme Fantastique ».
Je ne vous ferais pas l’affront de déflorer la teneur du propos. Seule une lecture à la fois attentive et négligée permet de comprendre toute la subtilité et l’humour potentiel des thèses proposées par les auteurs.
Bergier était un physicien, ancien résistant, disposant de capacités intellectuelles hors du commun. A titre d’illustration, il avait mis au point une technique lui permettant de lire jusqu'à dix livres par jour. Hergé lui a rendu hommage en le croquant sous les traits du professeur Mik Ezdanitoff dans Vol 714 pour Sydney. Pauwels, quant à lui, mena une carrière de journaliste et d’écrivain ; il créa par la suite le désormais très subtil « Figaro Magazine ».
Bien entendu, les cartésiens de tout poil s’offusqueront en tournant les pages du Matin, pointant l’aspect farfelu et quelque peu léger du propos. L’ouvrage a d’ailleurs fait l’objet d’acides critiques, beaucoup lui reprochant de répandre des idées scientifiquement erronées (pléonasme), voire dangereuses.
Mais là repose justement la sève de cette oeuvre ; sa véritable puissance n’est ouverte qu’à ceux qui ont la chance de pouvoir s’affranchir du rationalisme militant. Les autres se contenteront de la lecture de Marc Lévy, ou pire, de celle des journaux économiques.
A la suite du succès rencontré par le Matin des Magiciens, les deux compères fonderont la revue Planète, qui se fera l’étendard du réalisme fantastique tout au long des années soixante. Les articles allaient de la mise en lumière d’artistes talentueux (Soulages, Trémois, Willink…) à des plaidoyers plus engagés, avec de pleines pages en faveur du LSD, en passant par la publication de nouvelles d’Huxley ou de Lovecraft. Toujours avec un œil aiguisé (et vairon) de chien-loup !
Lisez-le, vous ne serez pas déçus.
Un article obtenu par le truchement du Troisieme Œil directement raccordé au Cosmos d’ABC.