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Les Vanupieds (39)

Publié le 23 avril 2010 par Plume

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Adam marchait de long en large, atteint d’une nervosité qui ne cessait de croitre à mesure que le temps passait. Il lui semblait qu’il tournait en rond depuis des heures. Et l’orage se faisait de plus en plus torrentiel sur la ville plongée dans l’obscurité… Un instant il s’arrêta et posa des yeux anxieux sur sa sœur aînée :

« France… »

Elle le dévisagea avec irritation, visiblement à bout de nerfs. Il joignit les mains.

« Je t’en prie, laisse-moi aller à sa rencontre !

-   Non ! »

France tremblait. Adam n’aurait su dire si c’était la colère ou l’inquiétude qui la secouait ainsi. Il serra les dents.

« Mais…

-   J’ai dit non ! S’obstina-t-elle. Alors c’est non, Adam !

-   Mais tu ne peux pas rester insensible comme ça ! Se révolta le garçon. C’est notre petite sœur qui est dehors en ce moment sous l’orage ! »

France eut un sourire stupéfiant dans la pénombre :

« Tu crois vraiment que je suis insensible ? »

Elle le fixait droit dans les yeux. Mal à l’aise, Adam détourna la tête :

« Non…

-  Tu as peur ? »

Adam vint s’agenouiller auprès d’elle et l’observa attentivement, au bord des larmes :

« Oui, j’ai peur. Ça fait tellement longtemps qu’elle est partie ! Elle est petite, France. »

France inclina la tête :

« J’ai peur pour elle moi aussi, Adam. 

-  C’est vrai ? Interrogea-t-il, surpris.

-  J’ai donc tant fait de choses pour que tu me juges aussi mal, Adam ? Soupira la brune enfant avec beaucoup d’amertume. Je n’oublie pas qu’Alissa est ma petite sœur. Mais je n’oublie pas non plus qu’elle m’a désobéi. Ne la prends pas pour plus stupide qu’elle n’est. La première chose que tu aurais faite, c’est de t’abriter de l’orage. C’est ce que j’aurais fait. Et c’est qu’Alissa a fait. C’est pour cela qu’elle n’est pas encore rentrée ! »

Adam demeura songeur un moment puis sourit avec soulagement.

« Tu as raison ! S’exclama-t-il. Je n’avais pas pensé à ça. Mais c’est évident. As-tu pensé, toi, que peut-être elle m’attend ? Pauvre Alissa ! Elle doit être tellement effrayée ! »

Une lueur étincela dans la prunelle sombre de France :

« Je veux qu’elle ait une bonne leçon, Adam. Je ne lui donnerai pas la satisfaction de te voir venir à elle. Elle reviendra seule. Nous sommes d’accord ? »

Adam se mordit les lèvres :

« Mais elle doit avoir si peur toute seule !

-  Adam, je voudrais que tu comprennes une chose… »

Il la regarda avec inquiétude alors qu’elle croisait les bras et abaissait les paupières, visiblement abattue.

« Je n’agis pas ainsi avec elle parce que c’est Alissa. Je suis, cela est vrai, constamment sur elle et elle a parfaitement le droit de croire que je lui en veux particulièrement. C’est quelque chose que je n’ai pas l’intention de démentir. Je veux qu’elle comprenne par elle-même que je ne suis pas ce monstre toujours préoccupé à chercher comment la réprimander. Adam, j’agirai comme ça pour n’importe lequel d’entre nous, même avec toi, parce que je pense qu’on n’apprend par soi-même et non pas au travers des dires des autres. Si Alissa a besoin d’avoir peur pour comprendre, alors elle aura peur. Je suis votre aînée, Adam. Vous m’avez donné tout pouvoir. Ce n’est pas simple, tu sais. Ça implique que je suis obligée de prendre des décisions, parfois très graves, comme celle d’abandonner Abby à la Duchesse… »

Ses traits frémirent douloureusement :

« … Et ça implique que je prendrais la même décision si je pense que c’est le mieux pour vous, Alissa et toi. Je vous abandonnerai sans hésiter si votre survie se situe sur un autre chemin que le mien. Ça implique aussi, Adam, à être pris pour ce qu’on n’est pas. Alissa trouve auprès de toi beaucoup de compréhension, elle ne trouve auprès de moi que sévérité. Mais ça ne veut pas dire que j’agis ainsi parce que c’est Alissa ! N’imagine pas que ça me fait plaisir d’être en permanence sur son dos. J’ai de la peine parce que je voudrais vraiment lui faire confiance et la laisser libre d’agir à sa guise. Mais ce serait prendre trop de risques. Et je ne peux pas me permettre ça. Je suis l’aînée. Je ne peux pas lui donner à penser que j’ai confiance parce que je sais très bien qu’alors elle n’en ferait que selon son bon plaisir. Et on ne vit pas de son bon plaisir. Je ne peux pas la laisser faire, Adam, parce qu’elle est trop honnête dans sa vision du monde. Et nous savons toi et moi que le monde n’est pas bon pour une enfant aussi sincère ! Je veux qu’elle s’en méfie, je veux qu’elle s’en garde pour pouvoir survivre. Et si pour lui permettre d’apprendre cela, je dois me montrer intransigeante, dure, voire même méchante, et bien je me montrerai comme ça. C’est pour toutes ces raisons, Adam, que tu n’iras pas à sa rencontre. C’est pour toutes ces raisons que je veux qu’elle revienne seule et prenne ses responsabilités devant nous… Tu comprends ? »

Adam, bouche bée, ne parvint à répondre que plusieurs secondes après un silence ahuri.

« France… Oh ! France ! Jamais tu… tu n’avais parlé comme ça ! C’est… C’est… »

Il ne trouvait pas les mots pour lui dire combien il était touché par sa franchise. France sourit doucement.

« Je peux accepter les reproches d’Alissa, tu sais. Mais… »

Elle haussa bravement les épaules.

« Mais je n’accepte pas que toi tu ne me comprennes pas et que tu doutes de moi. J’ai toujours su que je pouvais compter sur toi. Et tu m’as montré souvent que j’avais raison. Je pense que… Enfin que je vivrai mal de ne plus t’avoir à mes côtés. Voilà. 

-   Oh ! France ! »

Adam, bouleversé, n’arrivait pas à en croire ses oreilles.

« Oh ! France ! Jamais tu ne m’avais parlé comme ça ! »

Il riait à travers les larmes glissant sur ses joues. France baissa les yeux. Et un frémissement imperceptible passa sur ses longs cils noirs. Elle avait réussi à le rassurer sur le sort d’Alissa. Mais elle, elle n’avait pas réussi à se convaincre…


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