Vuitton, Gucci et l'artisanat

Louis Vuitton et Gucci viennent d'utiliser une thématique identique pour leurs dernières campagnes de communication: la mise en valeur de leurs racines artisanales.

• Décembre 2009: une campagne intitulée "Savoir Faire" de 3 visuels (signés Désirée Dolron) est utilisée dans la presse française. "La Jeune Femme et les Petits Plis", "La Couseuse au Fil de Lin et à la Cire d'Abeille", "L'Artisan au Pinceau": voici des images et des titres évocateurs de la peinture flamande du 17ème siècle.
  
  
  
• Mars 2010: Gucci annonce une nouvelle campagne "Forever Now" présentant des visuels de l'atelier Gucci tel qu'il existait à Florence en 1953 (photos Foto Locchi). Cette campagne presse s'accompagnera d'une tournée américaine d'artisans de la marque: un atelier temporaire "Artisan Corner" sera reconstitué au sein de certaines boutiques (San Francisco 19 avril / Beverly Hills 22 avril / Chicago 26 avril / New York 29 avril).
  
   

Pourquoi ces campagnes maintenant?

1. A l'évidence le luxe traverse une crise existentielle: il a besoin de se relégitimer et de puiser dans ses racines artisanales un souffle nouveau. Gucci est loin ici de sa dernière campagne - sexy et provocatrice. Vuitton n'est plus dans le voyage et les grands de ce monde. Tous deux nous plongent dans le travail de la main, dans le savoir-faire, le geste de l'homme. Éloignés des vraies valeurs du luxe - à l'inverse d'Hermès -, trop marqués par la mode, ces hérauts de la démocratisation du luxe cherchent à s'en rapprocher à nouveau. Voila un retour aux sources qu'il faut saluer.. en espérant qu'il ne se cantonnera pas à quelques pages de journaux en noir et blanc. Pour ceux que l'artisanat émerveille, je propose ces vidéos superbes: Mains & Merveilles.
2. La crise économique et financière est aussi passée par là: les marques sont sommées de devenir responsables, de donner du sens à leurs actions, à leur existence même, d'en revenir à l'essentiel... afin que leurs clients ( en particulier les hommes lecteurs des journaux en question) se sentent eux-mêmes responsables et loin des futilités... Mais est-ce à dire que les femmes (qui lisent les magazines) ne sont pas capables d'entendre ce discours?