Le téléphone pleure

Publié le 29 avril 2010 par Lesimparfaites

Quand je parle au téléphone avec les enfants dans la semaine où ils sont avec leur papa, je me retrouve souvent avec un téléphone qui pleure. Pas eux. Moi. Pas de grosses larmes. Juste des larmes discrètes, presque pas visibles. Des bouffées d'émotions. Un trop plein parfois difficile à gérer et qui finit par déborder en même temps que je raccroche.
Par chance, je retrouve mes enfants au bout du fils toujours heureux de me raconter une parcelle de leur journée et leur projet pour la soirée. Hier, MissLulus me racontait combien elle était contente de faire "vite vite" ses devoirs et d'enfiler son chandail du Canadien pour écouter le match fatidique! Je ressentais pile poil son excitation. Et JeuneHomme de me dire, tout fier, qu'il avait fait cela comme un grand au dentiste et qu'il n'avait même pas pleuré. Un champion à sa mesure (quand on pense qu'il peut entretenir pendant des semaines un bobo dans le but de se faire plaindre un peu!). Bref, ils me racontent des tout petits morceaux de leur vie d'enfant. Bien sûr, je ne suis pas là pour tout partager avec eux, mais au bout du fils, ils sont là. Ils sont vrais. Ils sont presque proches. Presque.
Je les appelle à peu près toujours à la même heure et c'est devenu un rituel important... pour moi. Je ne m'en cache pas. Surtout - comme maintenant - quand je suis partie en tournée dans des écoles au fin fond de la Gaspésie à des centaines de kilomètres d'eux. Dès 15h, je me mets à penser que "bientôt", ce sera l'heure. Et plus le temps avance, plus j'y pense! J'ai hâte. Je regarde souvent ma montre, surveille l'heure sur mon BlackBerry ou sur l'ordi. Rien au monde ne me ferait manquer ces doux rendez-vous... Parce qu'entendre JeuneHomme me demander candidement "Comment ça va bien?", jumelant ses nouvelles capacités de faire des grandes phrases, mais mélangeant un peu le tout dans ses pensées me chavire chaque fois. C'est niaiseux, mais c'est cela. Ça me remplit de bonheur et ça me rapproche d'eux malgré la distance. Mais aussi, ça me peine car j'ai l'impression de "manquer" un bout de cette vie racontée dans le combiné. Mais je m'habitue. C'est cela être une maman (Z)imparfaite aussi, il faut croire. S'habituer à cette petite perte peu importe laquelle. On apprend. J'apprends. Et je trouve que je suis "pas pire". Et eux aussi! Ces appels sont importants, malgré l'ouragan d'émotions qu'ils déclenchent...
Et chaque fois que la conversation se termine, invariablement, par un "Je t'aime" bien sincère, je souris en déposant le téléphone. Je me dis qu'ils ne sont pas si loin et que le fils n'est pas coupé entre nous! Ce ne sont que d'autres genres de moments de complicité entre nous... Et j'essuie discrètement la petite larme de bonheur au coin de mes yeux... et me met à compter les heures avant le prochain appel!