Il est 18h53, le soleil descend sur l’horizon. Dans la baie, les pirogues des pécheurs sillonnent la ceinture de corail. Au loin, on peut encore apercevoir la nature sauvage et luxuriante aux couleurs vives et aux parfums entêtants. Derrière les plantations de canne à sucre se dandine un dodo dodu, que nous appellerons Raphus.
Raphus se promène dans le soir qui tombe. Il a passé sa journée à gratter le sol à la recherche de fruits, de graines et de baies pour assurer sa subsistance jusqu’à la saison prochaine. Il est le dernier de sa race, il a plus d’appétit qu’un barracuda.
Soudain, au détour d’un palmier, il s’arrête.
Il vient d’apercevoir une dodette. Depuis des jours et des nuits qu’il arpente l’île, il avait abandonné tout espoir de tomber sur un autre individu de son espèce. Et encore moins une femelle.
Elle est là au milieu de la plaine, belle comme une fée, une Miss Picardie, une fille de la télé, une Ferrari.
Raphus n’hésite pas une seconde. Il se précipite maladroitement vers la dodette. Il se sent gai comme un italien, quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin. Il lui tourne autour et se met à lui susurrer des mots d’amour d’un sifflotement si fou, si beau et sirupeux qu’on pourrait en pleurer, si Raphus ne chantait pas si faux. Il fait vrombir son plumage, saute deçi delà, renifle et roucoule. Y’en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler.
La donzelle est conquise. Elle cligne des yeux, passe sa patte dans ses plumes. Ce dodo est si beau, elle est prête à tout pour un petit tour, au petit jour entre ses bras.
Raphus est maintenant tout prêt d’elle, il sent son souffle sur son bec. Il la regarde langoureusement… Et se rend compte que ce n’est une dinde.
La déception est immense et le dodo maladroit.
A force de sautiller sans cesse, Raphus s’est rapproché de la falaise. Sous le choc de la surprise, il fait un faux pas et s’écrase lamentablement sur la plage.
Ainsi disparu le dernier des dodos.
Ceci était ma participation au jeu India Folaïes: le retour du Dodo. Merci de votre attention.