Une histoire d'eau, de zoo et de zanimaux

Publié le 04 mai 2010 par Anaïs Valente

Je vais vous dire un truc, mais ne le répétez pas : je deviens ringarde.

Passque l'autre jour, j'étais à un souper entre amis.  Nous étions quatre. On parlait de tout et de rien, comme bien souvent durant un souper : de la façon de râper du fromage (pas facile pour moi, habituée au fromage déjà râpé en sachet plastique), de qui serait qui dans un remake de Sex & the City (moi je me voyais bien en Miranda, mais personne ne voulait incarner Samantha et Charlotte, alors on a tiré au sort, et je suis Charlotte, snif - pourquoi on a fait ça, demandez-vous d'un air blasé et insensible à cette série télé - ben histoire de disserter durant une demi heure sur nos caractères et de rigoler comme des hyènes, pour autant que la hyène soit un animal qui aime rire), de nos expériences amoureuses foireuses, de nos vies, de nos boss, et puis de nos aquariums et de nos zoos.

Enfin de leurs aquariums et leurs zoos.

Passque moi, j'ai un rat à la maison, et ça me suffit amplement.

Mais ici, il s'agit d'aquariums et de zoos virtuels, acquis sur Facebook.  Oui, acquis, car ça se paie.  En monnaie virtuelle, fort heureusement.

Et pour avoir, personnellement, tenté l'expérience Pet Society durant plusieurs mois, je sais trop combien ce peut être addictif.  Moi qui ai passé des mois à habiller mon pet (un pet est un animal de compagnie, je le précise, vu qu'on me l'a précisé aussi durant le repas, comme si j'étais une grosse débile mentale déneuronée, alors que je suis juste déneuronée, pas débile), à acheter à manger à mon pet, à brosser mon pet pour qu'il soit heureux, à aller rendre visite à d'autres pets, à faire faire du sport à mon pet... je sais qu'une fois dans cet engrenage, il est difficile de s'en sortir, c'est comme pour le tabac, l'alcool, le chocolat blanc spéculoos et les lasagnes farniente.

(Tout qui lirait juste cette énumération de choses que je fais faire à mon pet risquerait de mal interpréter mes propos, non ?  Non ?)

Donc moi, je me suis désintoxiquée de Pet society il y a quatorze mois, cinq jours et quatorze heures, je connais l'addiction que l'on peut subir.

Enfin je croyais connaître.  Car je vous prie de croire que ça dépasse l'entendement.

Quand on a des aquariums et un zoo plein de bestiaux, c'est un job full time.

Il faut, en vrac :

- Nourrir les squatteurs de chaque aquarium, aquarium après aquarium (tout en oubliant les véritables bestioles qui squattent le véritablement appartement de la propriétaire des aquariums virtuels, lesquelles bestioles sont contraintes de faire tomber violemment leur bac ou bouffe, vide, afin d'attirer l'attention - je l'ai vu, je l'ai vécu, je témoignerai bientôt à la SPC, société protectrice des cobayes).

- Assister aux naissances dans le zoo, quelle que soit l'heure, bien sûr, passqu'un bébé ne choisit pas l'heure de sa naissance hein. J'ai d'ailleurs eu la chance d'assister à la naissance d'un truc noir et orange, un genre d'oiseau d'une sous-branche dinosauresque.  Emotion garantie.  Larme au coin de l'œil.  C'est une naissance, quoi !

- Décorer ses aquariums, le but étant d'obtenir un résultat kitchissime (kitch n'était pas une insulte, moi-même j'ai un appareil photo qualifié de kitch car rose fuschia), avec l'aide de plantes, de décors pour le fond des aquariums, de colonnes grecques, de coffres à trésor, de coquilles Saint-Jacques et d'autres horreurs du même style.  Ce qui a engendré chez moi une soudaine envie de vous faire voter pour deux aquariums, passque le débat a fait rage au sujet de celui qui était le plus kitsch, l'aquarium rooooooooooose, ou l'aquarium coloooooooonnes, donc c'est à vous, lecteurs, de nous départager, via le sondage en haut...

- Dans le même ordre d'idée, de faire en sorte que les aquariums soient hyper chargés, afin qu'on pense qu'il n'y a plus d'eau dedans, vu le nombre d'objets hétéroclites, de poissons, d'ours, de crevettes, de méduses, de phoques, de morses... qui y ont élu domicile.  Passque quand même hein, mettre un ours, un phoque et un morse, voire plusieurs de chaque race, dans un aquarium de 125 litres, si c'est pas un miracle miraculeusement miraculeux, je vous le demande, keske c'est...

- Surveiller, 24 heures sur 24, les appels à l'aide de milliards d'autres propriétaires de zoos, dont les animaux ont faim.  Car nourrir un animal d'autrui, c'est gagner des sous.  Et gagner des sous permet d'avoir d'autres animaux, dont certains sont super rares et super chers, puis de les faire se reproduire.  De les nourrir.  Et d'avoir de plus en plus de choses à faire dans son zoo, donc de devoir surveiller encore plus les appels à l'aide, pour gagner encore plus de sous.

- Etre attentif aux offres spéciales, genre poissons roses de Saint-Valentin qui se donnent des bisous, promos du jour ou autres bonnes affaires, qui durent peu, tellement peu, qu'il faut vraiment être super super attentif hein, c'est clair ?

- Ne pas se formaliser, à la manière d'une Anaïs, qui veut toujours tout comprendre et qui vent toujours que les choses soient crédibles, du fait que l'escargot de votre zoo ait la même taille que l'éléphant.

- Ne pas se formaliser, toujours à la manière d'une Anaïs, que les ours, les phoques et les morses (qui ont la même taille que les crevettes, on se formalise pas j'ai dit) ne remontent jamais à la surface pour respirer.  Poissons ou mammifères, hein, finalement on s'en moque, et peu importe si les douze heures durant lesquelles les instits ont expliqué la différence à des mioches sont anéanties d'un clic de souris.

- Ne pas se formaliser, encore à la manière d'une Anaïs, que tous les animaux, sans exception, naissent dans des œufs.  Avoir pitié, tout de même, des instits qui ont passé des heures à expliquer la différence entre vivipare et ovipare.

- Ne pas se formaliser, dernière fois à la manière d'une Anaïs, si l'ornithorynque devient un ornithoryx, après tout hein, tout ça, c'est du virtuel.  Et puis Astérix, Obélix, Ornithoryx...

- Pleurnicher et pousser des petits cris de joie en découvrant l'arrivée d'un bébé léopard.  C'est vrai qu'il est super mimi, j'avoue.

- Donner un nom à chaque aquarium, au choix.  Exemple choisi au hasard : poubelle, pour un aquarium plein de brol et de poissons disparates, bons pour la poubelle.  Ah non, c'est pas passque c'est une poubelle à péchons ?  Ah bon, c'est un vrai aquarium tout beau ?  Aaaaah, oups, oups oups.  Erratum : Poubelle, donc, c'est un superbe aquarium plein de jolis poissons tout mignons (ça va, je me rattrape bien ?)

- obtenir des poissons mâles.  Et des femelles.  Puis faire des bébés.  Des bouches de plus à nourrir ?  Ben oui.

- Se faire plein d'amis aux Etats-Unis, qui viendront nourrir tes poissons et tes animaux pendant que tu dors.  Enfin si tu dors, passque l'idéal est, je l'ai dit, de veiller jour et nuit au bien-être des bêtes, hein.

- Et sans doute encore plein d'autres choses que je ne maîtrise pas, genre faire des travaux dans son zoo, pêcher des poissons pour le repas du soir, devenir vétérinaire amateur pour une mise bas difficile, gérer la comptabilité du zoo, réparer une fuite dans l'aquarium...

Ah oui, j'oubliais, y'a aussi une variante étrange sur Facebook : le zoo de Facebookiens, qui  permet aux membres d'acheter d'autres membres, de les revendre, de se les faire piquer, de les racheter, de plus en plus cher.  Moi, par exemple, je vaux 110.000 dollars.

Et puis, accessoirement, bosser, avoir une vie sociale, avoir de vrais animaux, manger, faire le ménage.  Mais tout ça, accessoirement hein.

Je deviens ringarde, oui, je le répète, car je ne retomberai pas dans ces travers virtuels.  Jamais.  JAMAIS.

Vous voulez voir mon aquarium et mon premier léopard ?  (Je rigooole hein, j'ai même pas réussi à acheter le moindre animal depuis la création de mon zoo - oui, bon, ça va, j'avoue, j'ai essayé, frappez pas...)

Allez, il est encore temps de voter pour votre préféré, là, à droite...