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3 mai : saint Jacques le Mineur

Publié le 04 mai 2010 par Hermas

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RUBENS : SAINT JACQUES LE MINEUR

SAINT JACQUES « le Mineur » APOTRE– CATECHESES DU SAINT-PERE (28 juin 2006)
Hermas continue aujourd’hui à publier les catéchèses hebdomadaires du Pape Benoît XVI sur les Apôtres, à l’occasion de leur fête liturgique. Et, précisément, le 3 mai, l’Eglise célèbre la Fête des Apôtres Jacques le Mineur, et Philippe. Le Saint-Père ayant consacré deux catéchèses séparées à ces Apôtres, Hermas fera de même, pour éviter des textes trop longs à lire. Pour le même motif, l'exposé de la catéchèse relative à saint Philippe sera reportée au 11 mai, qui est le jour de sa fête dans le calendrier encore appliqué pour la forme extraordinaire du rite latin.
Audience générale, 28 juin 2006
Jacques le Mineur
Chers frères et soeurs,
A côté de la figure de Jacques "le Majeur", fils de Zébédée, dont nous avons parlé mercredi dernier, un autre Jacques apparaît dans les Evangiles, dit "le Mineur". Il fait lui aussi partie des listes des douze Apôtres choisis personnellement par Jésus, et il est toujours désigné comme "fils d'Alphée" (cf. Matthiueu 10, 3; Marc 3, 18; Lucc 5; Actes 1, 13). Il a souvent été identifié avec un autre Jacques, dit "le Petit" (cf. Marc 15, 40), fils d'une Marie (cf. ibid.), qui pourrait être "Marie de Cléophas", présente, selon le Quatrième Evangile, au pied de la Croix avec la Mère de Jésus (cf. Jn 19, 25). Il était lui aussi originaire de Nazareth et probablement parent de Jésus (cf. Matthieu 13, 55; Mc 6, 3), dont il est appelé "frère" à la manière sémite (cf. Marc 6, 3; Galates 1, 19). Le Livre des Actes souligne le rôle prépondérant exercé dans l'Eglise de Jérusalem par ce dernier Jacques. Lors du Concile apostolique qui y fut célébré après la mort de Jacques le Majeur, il affirma avec les autres que les païens pouvaient être accueillis au sein de l'Eglise sans devoir d'abord se soumettre à la circoncision (cf. Actes 15, 13). Saint Paul, qui lui attribue une apparition particulière du Ressuscité (cf. 1 Corinthiens 15, 7), à l'occasion de sa venue à Jérusalem, le nomme même avant Simon-Pierre, le qualifiant comme lui de "colonne" de cette Eglise (cf. Galates 2, 9). Ensuite, les judéo-chrétiens le considérèrent comme leur principal point de référence. On lui attribue également la Lettre qui porte le nom de Jacques et qui est comprise dans le canon néo-testamentaire. Il ne s'y présente pas comme "frère du Seigneur", mais comme "serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus" (Jacques 1, 1).
Parmi les chercheurs, la question de l'identification de ces deux personnages portant le même nom, Jacques fils d'Alphée et Jacques "frère du Seigneur, est débattue. Les traditions évangéliques n'ont conservé aucun récit, ni sur l'un ni sur l'autre, se référant à la période de la vie terrestre de Jésus. En revanche, les Actes des Apôtres nous montrent qu'un "Jacques" a exercé un rôle très  important, comme nous l'avons déjà mentionné, après la résurrection de Jésus, au sein de l'Eglise primitive (cf. Actes 12, 17; 15, 13-21; 21-18). L'acte le plus important qu'il accomplit fut son intervention dans la question du rapport difficile entre les chrétiens d'origine juive et ceux d'origine païenne:  il contribua avec Pierre à surmonter, ou mieux, à intégrer la dimension juive originelle du christianisme avec l'exigence de ne pas imposer aux païens convertis l'obligation de se soumettre à toutes les règles de la loi de Moïse. Le Livre des Actes nous a transmis la solution de compromis, proposée précisément par Jacques et acceptée par tous les Apôtres présents, selon laquelle, aux païens qui auraient cru en Jésus Christ on ne devait demander que de s'abstenir de la coutume idolâtre de manger la chair des animaux offerts en sacrifice aux dieux, et de l'"impudicité", terme qui faisait probablement allusion aux unions matrimoniales non permises. En pratique, il s'agissait de ne respecter que quelques interdictions considérées réellement importantes par la loi mosaïque.
De cette façon, on obtint deux résultats significatifs et complémentaires, tous deux encore valables actuellement; d'une part, l'on reconnut le rapport inséparable qui lie le christianisme à la religion juive comme à sa matrice éternellement vivante et valable; de l'autre, on permit aux chrétiens d'origine païenne de conserver leur identité sociologique, qu'ils auraient perdue s'ils avaient été obligés d'observer ce qu'on appelle les "préceptes cérémoniaux" mosaïques:  désormais ceux-ci ne devaient plus être considérés comme obligatoires pour les païens convertis. En substance, on marquait le début d'une pratique d'estime et de respect réciproque, qui, malgré de malheureuses incompréhensions successives, cherchait par sa nature à sauvegarder ce qui était caractéristique de chacune des deux parties.
L'information la plus ancienne sur la mort de ce Jacques nous est offerte par l'historien juif Flavius Joseph. Dans ses Antiquités juives (20, 201sq), rédigées à Rome vers la fin du I° siècle, il nous raconte que la fin de Jacques fut décidée sur une initiative illégitime du Grand Prêtre Anan, fils de Annas cité dans les Evangiles, qui profita de l'intervalle entre la déposition d'un Procureur romain (Festus) et l'arrivée de son successeur (Albinus) pour décréter sa lapidation en l'an 62.
Au nom de ce Jacques, outre le Protévangile de Jacques apocryphe, qui exalte la sainteté et la virginité de Marie Mère de Jésus, est particulièrement liée la Lettre qui porte son nom. Dans le canon du Nouveau Testament, celle-ci occupe la première place parmi ce qu'on appelle les "Lettres catholiques", c'est-à-dire qui ne sont pas destinées à une seule Eglise particulière - comme Rome, Ephèse, etc. -, mais à de nombreuses Eglises. Il s'agit d'un écrit très important, qui insiste beaucoup sur la nécessité de ne pas réduire sa propre foi à une simple déclaration verbale ou abstraite, mais à l'exprimer concrètement par des oeuvres de bien. Entre autres, il nous invite à la constance dans les épreuves joyeusement acceptées et à la prière confiante pour obtenir de Dieu le don de la sagesse, grâce auquel nous parvenons à comprendre que les véritables valeurs de la vie ne se trouvent pas dans les richesses passagères, mais plutôt dans le fait de savoir partager ses propres biens avec les pauvres et les indigents (cf. Jacques 1, 27).
Ainsi, la Lettre de saint Jacques nous montre un christianisme très concret et pratique. La foi doit se réaliser dans la vie, surtout dans l'amour du prochain et notamment dans l'amour pour les pauvres. C'est dans ce cadre que doit également être lue la phrase célèbre: "En effet, comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n'agit pas est morte" (Jacques 2, 26). Cette déclaration de Jacques a parfois été opposée aux affirmations de Paul, selon lequel nous sommes rendus justes par Dieu non en vertu de nos oeuvres, mais grâce à notre foi (cf. Galates 2, 16; Romains 3, 28). Toutefois, ces deux phrases, apparemment contradictoires avec leurs perspectives différentes, se complètent en réalité, si elles sont bien interprétées. Saint Paul s'oppose  à l'orgueil de l'homme qui pense ne pas avoir besoin de l'amour de Dieu qui nous protège, il s'oppose à l'orgueil de l'autojustification sans la grâce simplement donnée et non méritée. Saint Jacques parle en revanche des oeuvres comme du fruit normal de la foi:  "C'est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits", dit le Seigneur (Matthieu 7, 17). Et saint Jacques le répète et nous le dit.
En dernier lieu, la Lettre de Jacques nous exhorte à nous abandonner entre les mains de Dieu dans tout ce que nous accomplissons, en prononçant toujours les paroles: "Si le Seigneur le veut bien" (Jacques 4, 15). Il nous enseigne ainsi à ne pas présumer de planifier notre vie de manière autonome et intéressée, mais à laisser place à la volonté insondable de Dieu, qui connaît ce qui est véritablement bon pour nous. Ainsi, saint Jacques demeure aujourd'hui encore un maître de vie pour chacun de nous.
Biographie (cf. Dom Guéranger, Année Liturgique, Temps Pascal)


Jacques a été appelé le Frère du Seigneur, parce qu'un lien étroit de parenté unissait sa mère à celle de Jésus (note : belle-sœur, voire même selon toute probabilité sœur aînée de la Sainte Vierge, de près de 20 ans !) ; mais dans ces jours de la Pâque il se recommande d'une manière spéciale à notre admiration. Nous savons, par l'Apôtre saint Paul, que le Sauveur ressuscité daigna favoriser saint Jacques d'une apparition particulière. Une telle distinction répondait, sans aucun doute, à un dévouement particulier de ce disciple envers son Maître. Nous apprenons de saint Jérôme et de saint Epiphane que le Sauveur, en montant aux cieux, recommanda à Jacques l'Eglise de Jérusalem, et que ce fut pour répondre à la pensée du Maître que cet Apôtre fut établi premier Evêque de cette ville. Au IV° siècle, les chrétiens de Jérusalem conservaient encore avec respect la chaire sur laquelle Jacques siégeait, quand il présidait l'assemblée des fidèles. Nous savons également par saint Epiphane qu'il portait au front une lame d'or, symbole de sa dignité ; son vêtement était une tunique de lin.
La renommée de sa vertu fut si grande que, dans Jérusalem, tout le monde l'appelait le Juste; et les Juifs assez aveugles pour ne pas comprendre que l'affreux désastre de leur ville était le châtiment du déicide, en cherchèrent la cause dans le meurtre de Jacques qui avait succombé sous leurs coups en priant pour eux. Nous sommes à même de pénétrer l'âme si sereine et si pure du saint Apôtre, en lisant l'admirable Epître où il nous parle encore. C'est là que, dans un langage tout céleste, il nous enseigne que les oeuvres doivent accompagner la foi, si nous voulons être justes de cette justice qui nous rendra semblables à notre Chef ressuscité
Jacques, frère du Seigneur, (note : fils d’Alphée – premier époux de Marie qui épousa ensuite Cléophasle frère de saint Joseph) - un lévite, et donc prêtre lévitique lui-même : il pouvait pénétrer dans le parvis des prêtres du Temple de Jéeusalem) surnommé le Juste, s'abstint dès son jeune âge de vin et de tout ce qui peut enivrer, ne mangea point de chair, ne coupa jamais ses cheveux et n'usa ni de bains ni de parfums. Il avait seul la permission d'entrer dans le sanctuaire ; ses vêtements étaient de lin ; il était si assidu à la prière, que ses genoux s'étaient durcis comme la peau d'un chameau. Après l'Ascension du Christ, les Apôtres le créèrent évêque de Jérusalem ; et ce fut à lui que Pierre, délivré de prison par un Ange, envoya porter la nouvelle. Une controverse s'étant élevée dans le Concile de Jérusalem, au sujet de la loi et de la Circoncision, Jacques suivit le sentiment de Pierre, et fit un discours aux Frères, dans lequel il prouva que les Gentils (note : les païens, les nations non juives) étaient aussi appelés, et dit qu'il fallait écrire aux Frères absents de ne pas leur imposer le joug de la loi mosaïque. C'est de lui aussi que parle l'Apôtre, lorsqu'il dit aux Galates : « Je ne vis aucun autre d'entre les Apôtres, sinon Jacques frère du Seigneur. »
La sainteté de Jacques était si grande et si reconnue, que beaucoup de personnes s'empressaient pour toucher le bord de son habit. Etant arrivé à l'âge de quatre-vingt-seize ans, ayant gouverné très saintement l’Eglise de Jérusalem durant trente années , comme il prêchait avec une constance merveilleuse que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, il fut d'abord assailli de pierres, et ensuite mené à l'endroit le plus élevé du Temple, d'où on le précipita. Il gisait étendu par terre, les jambes brisées et demi-mort, et il levait les mains au ciel et priait Dieu pour le salut de ses bourreaux, disant : « Pardonnez-leur, Seigneur ; car ils ne savent ce qu'ils font. » Il faisait cette prière, lorsqu'un foulon lui déchargea sur la tête un coup de son pilon, dont le saint mourut, en la septième année de Néron. Il fut enseveli près du Temple, au lieu même où il était tombé. Il a écrit une lettre qui est une des sept Epîtres Catholiques.

Prière à Saint Jacques extraites des « Ménées « (Propre des Saints chez les Orientaux)

Récitée le 23 octobre
 
Venez honorer avec nous la mémoire du Frère du Seigneur, d'un homme saint et inspire de Dieu. Il porta avec ardeur le joug du Christ, il prêcha son Evangile, sa bonté: et son mystère ineffable lui fut confié. Dieu tout-puissant, à sa prière, faites-nous miséricorde.
Le bruit de sa parole retentit jusqu'aux extrémités du monde : par la lumière qu'elle répandait, elle nous inspira à contempler la Vertu divine. Tu es notre pontife, ô Jacques ! intercède auprès de Jésus ami de l'homme, afin que nos âmes soient sauvées.
Tu as relevé la dignité de ton sacerdoce par le sang de ton martyre, ô saint Apôtre ! Du haut du pinacle du temple, tu as prêché le Dieu Verbe Créateur de toutes choses; précipité de là par les Juifs, tu as mérité d'entrer dans le palais des cieux: Jacques, frère du Seigneur, prie le Christ Dieu, afin que nos âmes soient sauvées.
Votre Apôtre, Seigneur a eu la tête brisée par le bois : mais maintenant il est sur votre arbre de vie dans le paradis; affranchi du joug des choses terrestres, il goûte avec transport les joies éternelles; par ses prières, accordez votre paix aux églises.
Dans ta sagesse, ô Jacques, tu nous enseignes que tout bienfait excellent et tout don parfait descendent du Père des lumières sur les mortels ; prie Dieu, ô Apôtre, en faveur de ceux qui te célèbrent dans leurs cantiques, afin qu’ils entrent en partage de ces célestes faveurs.
Frère de Jésus-Christ selon la chair, tu as trouvé grâce auprès de lui, ô Apôtre ! Tu as communiqué à tous les grâces de la lumière et de la connaissance divine, et tu as extirpé jusqu'à la racine l'erreur de l’idolâtrie, ô Jacques ! C'est pour cela que les princes des ténèbres et du mensonge te font injustement périr, au moment où tu prêches la divinité du Sauveur.
Le Fils unique du Père, Dieu et Verbe, qui dans ces derniers temps a daigné vivre au milieu de nous, t'a désigné, ô Jacques, pour être le premier Pasteur de Jérusalem, le dispensateur fidèle des mystères spirituels; c'est pourquoi nous te vénérons tous, ô Apôtre !
Le chœur des Apôtres t'a élu pour être, comme Pontife, le premier serviteur du Christ dans la Sainte Sion. parce que étant, ô Jacques, son frère selon la chair, tu avais suivi ses pas sur la terre comme un voyageur fidèle.
Tout resplendissant de l'éclat des feux du divin Esprit, o Jacques, Frère de Dieu, tu as paru comme le zélateur de la divine bonté; c'est pourquoi, comme autrefois Aaron, tu as reçu du Seigneur, qui par sa miséricorde t'avait admis parmi ses frères les Apôtres, une robe plus sacrée que celle du sacerdoce de la loi ; supplie-le de sauver nos âmes, o glorieux Apôtre.
Et vous qui êtes appelé Frère du Seigneur, vous dont le noble visage retraçait ses traits, Pasteur de l'Eglise de Jérusalem, nous honorons aussi votre amour pour le divin Rédempteur. Si vous avez faibli un moment avec les autres, au moment de la Passion, votre repentir l'attira près de vous : après Pierre, vous fûtes le premier des Apôtres auquel il daigna se manifester en particulier. Recevez aujourd'hui nos félicitations, ô Jacques, pour cette faveur si digne d'envie, et en retour faites-nous goûter combien le Seigneur ressuscité est doux. Votre cœur, ô saint Apôtre, n'aspira plus qu'à montrer à Jésus la reconnaissance tient il était rempli ; et le dernier témoignage que vous rendîtes à sa divinité dans la cité infidèle, lorsque les Juifs vous eurent élevé sur le sommet du temple, vous ouvrit par le martyre la voie qui devait vous réunir à lui pour toujours. Obtenez, généreux Apôtre, que nous le confessions aussi avec la fermeté qui convient à ses disciples ; que nous n'hésitions jamais lorsqu'il s'agit de proclamer ses droits sur toute créature.
Jacques le Mineur est représenté habituellement avec, dans les mains,  la massue sous les coups de laquelle il expira.


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