Le temps du calligraphe

Publié le 07 avril 2010 par Abutilon
Format : 50x50
Technique : médium enduit, ocres, noir de fumée mélangé à de la gouache W&N bleu de prusse, blanc de titane.
Outils : Automatics pens n° 4 et 5, pinceau pointu.
J'ai utilisé cette écriture carrée avec juste les traits des "e" obliques pour un texte de Michel Tournier extrait de " La goutte d'or". C'est cet extrait qui m'a donné envie de calligraphier et a, quelques années plus tard  influencé dès le début mon ressenti physique de l'acte de calligraphier, ressenti qui fait une grande part au souffle. Ainsi que l'expliquent Hassan Massoudy et Michel Tournier au travers de la plume de ce dernier - autant que sa main, l'élève doit maîtriser sa respiration-. Lorsque je calligraphie j'inspire rapidement quand le trait démarre ou monte et j'expire longuement quand il descend ou s'étire. Cela crée un état de concentration profond, permet de calligraphier longtemps sans trop de fatigue et facilite rythme et régularité de l'écriture. Le trait s'en ressent, il gagne en précision ou au contraire traduit par une imperfection l'accroc dans la respiration ou la petite distraction qui s'est invitée.
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" Mais ces petites tâches paisibles et monotones n'étaient en vérité que le prélude au geste fondamental, le tracé de la lettre. Dès sa première calligraphie, Idriss se retrouva plongé dans le temps démesuré où il avait vécu sans le savoir à Tabelbala. Il comprenait maintenant que ces vastes plages de durée étaient un don de son enfance, et qu'il les retrouverait désormais par l'étude, l'exercice et le désintéressement. D'ailleurs, la faculté offerte au calligraphe d'allonger horizontalement certaines lettres introduit dans la ligne des silences, des zones de calme et de repos, qui sont le désert même."


              Michel Tournier
  
p 199 de l'édition en folio de décembre 1987


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