Magazine Journal intime

Immersion

Publié le 04 mai 2010 par Dan

Posté le | 4 mai 2010 | Pas de Commentaire

Immersion
Les douleurs sont plus intenses le matin. Elles apparaissent dès lors qu’une articulation s’actionne, pour ne disparaître que le soir.

Il est allongé sur le lit, yeux fermés. Hésitant à ouvrir la première paupière. Les rayons du soleil lui rappellent la réalité de son accident et de son corps. En même temps qu’il émerge de son sommeil, ses membres se réveillent un à un, engourdis. Ses deux jambes sont plâtrées mais la droite ne répond plus aux ordres du cerveau. Elle reste inerte, toujours placée dans la position initiale. Pourtant, les orteils sont sensibles et la douleur est bien là, mais c’est tout. Il essaie de se redresser en s’accrochant au perroquet de son lit, scrute la sonnette placée trop loin pour qu’il ne puisse l’attraper et lance un profond soupir.

La tête penche sur la droite puis sur la gauche. Une grimace déforme le visage, les yeux se plissent et un craquement sourd traverse la pièce. Les cervicales viennent de reprendre leur place et une douleur traverse la nuque de part en part. Nouveau signal d’alerte envoyé par la vessie, cette fois-ci. L’envie d’uriner devient trop importante. Il faut appeler de l’aide. Il ne peut pas attraper ni l’urinal, ni la sonnette. Tous les signaux d’alarmes du corps sont déclenchés. La miction est impérieuse et commence à prendre sévèrement le pas sur la douleur.

Le corps est étendu dans le lit et se tord sur la droite puis sur la gauche, mais aucune position ne soulage réellement la vessie. La douleur profite alors de la situation pour migrer des cervicales vers l’abdomen. Un juron fuse. Ça sera le premier mot de la journée. La grimace s’intensifie. Un autre « putain » se perd dans la chambre et parallèlement, un relâchement sphinctérien s’opère. Trop, c’est trop. L’urine chaude coule alors entre ses cuisses et vient souiller les draps de son lit. La douleur vésicale laisse sa place à un sentiment profond de honte et d’humiliation. Les yeux se portent sur la fenêtre et ils regardent au loin. « Si je pouvais être ailleurs ».

La porte de la chambre claque. 3 personnes vêtues de blanc entrent.

- Bonjour Monsieur! Je suis le Professeur Niark. Bon! J’ai vu les résultats de tous vos examens et j’ai deux nouvelles. Une bonne et une mauvaise! Commençons par la bonne, je vais pouvoir vous opérer des jambes et vous pourrez remarcher mais ça sera long. La deuxième nouvelles c’est qu’on s’est aperçu que vous avez un cancer généralisé et que les fractures sont probablement dues à la fragilisation osseuse induite par les métastases. Pour ça, vous verrez l’oncologue cet après-midi. Il vous expliquera ce qu’il faudra faire mais ça va être très compliqué. Je ne vous cache pas que le diagnostic est très sombre mais c’est lui qui vous prendra en charge. Pour moi, ça sera demain: Demain, 8h au bloc! Allez!! A plus tard!!

Le Professeur, toujours dans la chambre mais se tournant vers l’infirmière:

- Faite quelque chose parce qu’il sent vraiment mauvais quand même!!

La porte claque. 3 personnes sont sorties.

Bip,biiiip, bip,biiiiip

Le réveil sonne. J’ouvre un oeil, surpris. Je suis chez moi, dans ma chambre, dans mon lit. Je peux bouger mes membres sans douleur. Un rapide hochement de tête pour m’apercevoir que mes cervicales sont bien en place et une petite envie d’uriner me force à me lever.

Il faut vraiment que je prenne des vacances.


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