Magazine Journal intime

Train de nuit, mon ami !

Publié le 05 mai 2010 par Wawaa

Train ou pas train ? Telle était la question quelques jours avant mon départ pour Paris et la Belgique depuis que les agents SNCF avaient commencé une grève qu’ils reconduisaient perpétuellement. Le doute était là et sans train j’allais devoir partir en voiture pour une simple et bonne raison : il était absolument hors de question que je rate la fête du mariage de Manou et Benjamin. Ces deux zigottos là, je ne les vois pas souvent parce qu’ils n’habitent pas dans le Gers… Quelle drôle d’idée de ne pas habiter le Gers quand même ! Et puis ce sont –attention, séquence bisounours- ce sont de très bons amis. Nous ne nous donnons pas forcément de nouvelles fréquemment certes, mais cela ne nous empêche pas de penser les uns aux autres. J’étais donc toute contente de faire partie des invités !

Je prenais donc le train de nuit le Jeudi 22 Avril 2010 à 22h02. Après trois folles journées au boulot  du type « 6h-10h ou 6h-12h  - 15h-19h45 » c’est comme passer sous les énormes roues d’un tracteur pas content. Le jeudi soir, alors que je venais d’avoir mes règles terribles, de celles qui trucident le bide et rendent malaisée, je sentais presque la mort venir tellement la fatigue était lourde mais cela m’arrangeait car je me disais que j’allais vraiment bien dormir dans le train de nuit et que le trajet allait passer vite jusqu’à ce que je retrouve mon Denichou adoré. Oui, j’avais envie de l’appeler ainsi. Je fais le bisounours si je veux, c’est chez moi ici !

Bref, mon papa m’a conduite à Lannemezan pour 21h06. Et dans ce premier train, je somnolais presque. Mais comme je ne voulais pas m’endormir, j’ai lutté et j’ai écrit l’article sur le Trivial Mime Poursuite. J’adore le train pour ça, je peux écrire dedans ! Arrivée à Tarbes à 21h32 , mon train de nuit était déjà là alors qu’il ne partait qu’à 22h02. Ca c’était chouette, parce que ça voulait dire que j’allais pouvoir m’affaler plus tôt que prévu sur mon siège inclinable et commencer à roupiller.

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Ma voisine, une petite blonde souriante à lunette est arrivée et s’est installée confortablement à côté. Comme il y avait quelques arrêts encore avant qu’on puisse dormir tranquillement ça m’arrangeait qu’elle soit déjà là. Du coup dès que le train a démarré j’étais au taquet pour dormir. Entre 22h02 et 23h40 j’ai pas vu le temps passer parce que j’ai roupillé profondément. Quand j’ai ouvert les yeux, le train était presque plein, je n’avais même pas senti les arrêts, ni entendu les gens monter !  Cela me présageait une belle nuit en perspective. C’est au dernier arrêt, je ne sais plus où que deux femmes sont montées. Deux grandes blondes, du genre snobinardes, bourgeoises, guindées avec une sorte de grand caisson en métal dont je n’ai pas su déterminer la fonction hormis celle d’emmerder le monde. Elles sont entrées sans discrétion aucune, poussant dans les compartiments réservés aux valises, toutes les valises qui s’y trouvait pour y ranger le fameux caisson qui mesurait bien 1 m 50 et faisait un bruit tonitruant lorsque madame la blondasse frisée le trainait violemment sur le sol. Merci, mais on dormait !

Une fois son caisson casé dans les portes bagages, il a fallu qu’elle range ses sacs au nombre exact de 3. Elle a donc poussé de l’autre côté , au dessus de nos têtes donc, les valises pour mettre un de ses sacs. Je priais pour qu’elle ne secoue pas trop ma valise où se trouvait un pot de foie gras pour les mariés et un pot de rillettes de truite. Non seulement j’aurais boudé que les pots soient cassés parce que ça aurait manqué dans le panier gourmand que j’allais offrir mais en plus j’aurais eu les boules que ma tenue de mariage soit immaculé de gras de canard et de gras de truite. 

Les deux grognasses se sont ensuite rendue compte que l’un de leur sac était trop lourd et trop imposant pour être casé en haut. Elles ont donc carrément squatté deux sièges libres avec. Sièges où je songeais à déménager pour m’affaler si personne ne venait les prendre. Connasses. Pourritures.

J’ai donc arrêté de jubiler à cette idée puisque le sac avait l’air lourd et que je n’avais probablement pas l’énergie de le virer de là. J’ai donc décidé de rester à ma place et de fermer les yeux. Mais voilà, la lumière ne s’éteignait pas alors que ça y’est, le trajet de nuit avait commencé, il n’y avait plus d’arrêt normalement. Dans la voiture de devant c’était éteint, dans celle de derrière aussi. Mais dans la voiture 18 qui était la mienne, non. Coup de pas de bol surement. Un oubli des agents fatigués qui finiraient bien par constater cela en passant par là. Comme j’étais crevée, ça ne me dérangeait aucunement.

Pendant ce temps là, connasse frisée et l’autre connasse disait à chaque personne qui allait pisser « VOUS POUVEZ FERMER LA PORTE S’IL VOUS PLAIT ? ». Parce qu’ évidemment, la porte automatique ne se fermait pas automatiquement dans cette voiture là. C’est con ! Du coup ouverte ça faisait un peu de bruit en plus. Moi ça ne me dérangeait pas, ça me berçait tout comme l’aspirateur de ma mère m’endormait quand j’étais petite.


« VOUS POUVEZ FERMER LA PORTE S’IL VOUS PLAIT ? ». « BON C’EST QUAND QU’ILS FERMENT LA LUMIERE ». « DITES EN FERMANT LA PORTE VOUS POUVEZ REGARDER SI Y’A UN INTERRUPTEUR ». Et grognasse tu peux pas fermer ta bouche et dormir ? Agacée d’entendre toujours la même chose, l’énervement à pris le dessus sur la fatigue et je me suis subitement levée de mon siège, l’air grave et déterminé et surtout la mine déconfite par la fatigue. J’ai ouvert la porte que j’ai refermée aussitôt avant d’entendre l’autre tâche me demander de la refermer et de chercher l’interrupteur et  je me suis dirigée vers l’autre voiture pour trouver un agent. Je tape à une porte et une dame me sourit. « Bonsoir, serait-il possible d’éteindre la lumière dans la voiture 18 s’il vous plait ? » « Bien sûr ! J’arrive de suite, on a du vous oublier ! ». Je la remercie cordialement et je me réinstalle sur mon siège inclinable dans l’espoir que les deux troufignoufettes de derrière s’endorment et vite.

Hélas, dès que quelqu’un allait pisser – et ça on n’y peut rien, dans les trains de nuits, y’a plein de gens et les gens de temps en temps ça pisse – elles s’égosillaient sans discrétion aucune avec leur « Vous pouvez fermer la porte s’il vous plait ? ». Dormir n’a donc pas été mon activité principale cette nuit là. J’ai bien eu quelques phases de sommeil, mais elles furent courtes et peu nombreuses d’autant plus que j’avais la chance d’entendre non loin de moi un monsieur ronfler comme un pivert tape sur un arbre – un drôle d’oiseau quoi ! – et devant moi, un homme toussait des plaquettes de beurre. Avec ça j’entendais sans cesse les « Psiiiiiit, vous pouvez fermeeerr la pooorte ? »

Et comme j’ai de la chance j’ai choisi ce jour là pour avoir mes règles. Et chez moi le premier jour c’est un peu comme si j’avais un motoculteur dans le bas ventre. Je me tortillais de douleur, trouvant le temps long, très long et voyant défiler entre les rideaux les petites lumières éparses des maisons, des villes, des lampadaires …

Que pouvais-je bien faire ? Enervée comme j’étais, ne pouvant fermer l’œil, agacée par mes voisins bruyants, surtout les deux connasses de derrière ? Ecrire ? Oui, mais dans le noir, pas terrible. Je ne sais pas comment la rame aurait pris que j’aille demander à l’agent de finalement rallumer la lumière. Ecouter de la musique ? C’ est ce que j’ai fait par phase ! Octavarium de Dream Theater est très efficace pour que le temps paraisse moins long. Passée 2 ou 3 fois d’affilée, et hop voilà une bonne heure d’écouler.

Vers 6h15 du matin, quand le soleil commence à pointer son nez, j’ai ouvert les yeux alors que j’étais en phase de demi sommeil, vaseuse. Pas un bruit dans la voiture 18. Même les deux grognasses de derrière s’étaient calmées. Je me dis « c’est bon, je vais pouvoir redormir un peu ! Après tout il reste 56 minutes avant qu’on arrive ! ». J’appuie ma tête sur le siège , je ferme les yeux, je sens la lourdeur du sommeil m’envahir quand soudain, j’entends « Cling glou glou glou hihihihihi ». Les deux cloches de derrière s’étaient hélas réveillée, avaient ouvert leur thermos, s’étaient surement servi un café et ont recommencé leur manège du « Vous pouvez fermer la porte s’il vous plait ? ». Oui parce que le matin, tout le monde va pisser.

Alors que le train n’arrivait qu’à 7h11, à 6h20 elles ont commencé à déballer leur attirail, récupérer leurs affaires en faisant un boucan du diable. Chuchotant avec un peu trop de décibels. Le train n’était finalement qu’à elles. Les autres n’avaient pas le droit de faire du bruit, mais elles oui. L’une est partie dans la voiture 16. Je le sais parce qu’elle l’a dit. L’autre est restée là, continuant son agaçant refrain « Vous pouvez fermer la porte s’il vous plait ? ».

Je mourais d’envie de me lever subitement, droite comme un piquet, les yeux exorbités, rougis de sang, les dents grinçantes et serrer et de leur hurler « MAIS VOUS POUVEZ PAS FERMER VOS GUEULES PLUTOT ? ». Mais ça demandait trop d’énergie.

A 6h50 une voix masculine nous a annoncé que nous arrivions dans 20 minutes. A 7h elle nous a dit que nous arrivions dans même pas 12 minutes – il savait compter ! Une fois sortie du train, j’ai cherché des yeux Denis, espérant qu’il soit venu jusqu’à la voiture 18 car je lui avais envoyé un sms pour lui dire, mais il n’était pas devant la porte. Alors j’ai empoigné la poignée de ma valise à roulette et j’ai marché moins vite qu’une Nonagénaire avec de l’arthrite aux genoux pour rejoindre mon amoureux au bout du quai. Nous avons échangé un dialogue très intéressant en nous retrouvant :

Lui : « Bonjour mon amour ! »

Moi , les cernes en bas des jours et les paupières mi-closes:
« Dodooooooooooooo ! »


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