C’est à croire que le muguet porte-bonheur porte bien son nom.
Au quotidien...
C'était à la veille du 1er mai
La journée s’était déroulée accablante… Une de ces journées où vous semblez ne voir autour de vous qu’adversité et inimitié, et il vous arrive même de vous demander si vous avez encore le droit de vous souvenir de vos propres malheurs.
C’est pourquoi quand un bouquet de muguet sauvage me tomba providentiellement entre les mains, il me procura un tel bonheur que je me suis mise à l’humer, à le caresser et même à lui parler.
Avec leur parfum, ces petites fleurs m’avaient pour un instant libérée de mes âpres idées et donnée la même sensation que celle que j’ai éprouvée un jour de soif en pleine brousse. devant la mare aux grenouilles.
C’est à croire que le parfum des muguets, en m’embaumant, me délivraient de nuisances persistantes et de mes pensée furieuses qui n’ont pourtant en rien entamé les souvenirs d’enfer vécus toujours jonchés au fond de mon être en ces jours de devoir de mémoire.
Cette sensation de bonheur me fit accueillir avec une certaine sérénité la nouvelle du décès de ma voisine que j’avais surnommé affectueusement Mamie Hiver à cause de sa fenêtre toujours ouverte même en hiver.
Mamie Hiver venait de s’éteindre dans son sommeil à 105 ans.
Les visites régulières de sa fille que certains de mes hôtes véhiculés, trouvaient peu sympathique me manqueront.
En effet, si eux convoitaient la place opportunément libre devant le pavillon de la plus que centenaire qui ne sortait plus, sa fille, elle, se souciait plus de là où pompiers ou Samu stationneraient au cas où quelque chose arriverait à sa mère qui habitait toute seule dans sa maison.
Aussi antipathique que pouvait apparaître cette femme, le fait de s’occuper avec tant de dévouement de sa vieille maman, lui donnait cette douceur que semblait portait seul le visage de son époux.
J’avais demandé à une de nos voisines que Mamie Hiver avait vue naître et qui allait souvent lui arranger son jardin, de quelle région de France était originaire notre centenaire dont la disparition l’affectait, elle me répondit qu’elle l’ignorait.
Après tout, quelle importance, me dis-je !
Désormais, la mort aura définitivement clos les volets de la fenêtre de l’une des doyennes de France. Et moi, chaque fois que je regarderai la fenêtre de celle qui fut ma voisine des années durant, sa silhouette souriante me reviendra. En toute saison.
Et le souvenir du doux sourire de Mamie Hiver rejoindra désormais ceux jonchés dans un coin de mon cerveau pour atténuer les douloureux souvenirs.
(Merci à Doyen pour les corrections)