(Pour faire défiler les poésies jour après jour,
cliquer sur les flèches de navigation)
CAPARÌCA
à Mattia
Forse la febbre, o un effetto della luce. Caparìca
è qui, comunque, case in fila, sfarinate.
Una mercedes verde alza la polvere, posteggia,
e chi ne scende è un gobbo che s’avvia.
Barache, condomini. Qualche cane. Lungo il mare
va un uomo senza bocca, cicatrice
di sabbia, per chilometri e chilometri.
E non posso risponderti che questo : vertigini,
una calma simulata. O anche : l’assenzio.
Sopra la spiaggia dei poveri
cade una roccia gialla.
CAPARÌCA
Peut-être la fièvre, ou un effet de la lumière. Caparìca
est ceci, tout de même, rangées de maisons, décrépies.
Une Mercedes verte fait voler la poussière, se gare,
un bossu en descend et se met en chemin.
Baraques, copropriétés. Quelques chiens. Longeant la mer,
un homme marche sans bouche, cicatrice
de sable, sur des kilomètres et des kilomètres.
Et je ne peux te répondre que ceci : vertiges,
une tranquillité simulée. Et aussi : l’absinthe.
Une roche pauvre surplombe
la plage des pauvres.
Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire, Éditions Empreintes, Poche Poésie, Moudon (Suisse), 2002, pp. 202-203. Traduit de l’italien par Mathilde Vischer.
UN UOMO QUALUNQUE
« Voici un poète de maintenant, un poète de notre monde, proche et vrai. En même temps, un « uomo qualunque », ou peu s’en faut : qui a femme et enfants, qui enseigne à des enfants (et à qui les enfants enseignent les plus belles leçons) ; qui ne se prend jamais pour un génie, qui ne rêve ni de transe, ni d’extase ; qui a mieux à faire qu’à réinventer la littérature ; qui a « quelque chose à garder, à protéger » dans les mots : le sens même de la vie, brillant comme l’eau qui court. […]
Il regarde le monde qui l’entoure, ce pays d’alpes et de piémont où il y a de la roche et des glaciers, des vallées encaissées ; et, aussi bien, des grèves de lac et de terrains vagues envahis peu à peu de détritus, comme promis à la ruine, des eaux où la célèbre anguille de Montale, chez lui, ne se débat plus que « pour arracher / un instant à l’asphyxie. »
Il sait, au moins par ouï-dire, ce que c’est que la guerre, les guerres sans cesse recommencées ; il en a vu les traces ; il est familier de cette nuit profonde qui n’effraie pas que son enfant. La menace est partout, sous toutes ses formes. Mais, de tout cela d’obscur, d’étouffant souvent, il ne tire pas d’élégies (ce n’en est plus l’heure) ; moins encore, de discours : il ne se rangera jamais au parti des « constructeurs de drapeaux ». Tout, à travers sa voix ferme, sobre, admirablement maîtrisée, est toujours à la fois quotidien, proche, vrai et vaste, réel et néanmoins mystérieux. »
Philippe Jaccottet, préface d'Une Voix pour le noir de Fabio Pusterla, Poésies 1985-1999, Éditions d’en bas, Lausanne, 2001, pp. 5-6.
FABIO PUSTERLA
Source
■ Fabio Pusterla
sur Terres de femmes ▼
→ Arte della fuga
→ Au-delà des vagues
→ Due rive
→ Entre-deux
→ Esquisse en poudre de gypse, 6
→ La fugitive
→ Une vieille (+ bio-bibliographie)
Retour au répertoire de mai 2010
Retour à l' index des auteurs
Retour à l' index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)
» Retour Incipit de Terres de femmes