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Entre interdiction du pantalon et burka...

Publié le 06 mai 2010 par Hermas

J’ignore quelles raisons lui valent aujourd'hui ce soudain intérêt, mais différents organes de presse évoquent une loi du « 26 brumaire an IX de la République », qui disposait que « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation », laquelle « ne peut être donnée qu’au vu d’un certificat d’un officier de santé ». Deux circulaires, de 1892 et de 1909, ont néanmoins autorisé les femmes, libéralisation des mœurs oblige, à porter pantalons à cheval ou à vélo. Les femmes, pour porter un pantalon, avaient besoin, hors ces circonstances un peu laxistes, on en conviendra, d’obtenir ce que l’on appelait alors une « permission de travestissement ».

Peut-être ce réveil est-il lié aux débats actuels sur la burka, avec l’idée (toujours peut-être) sous-jacente qu’il ressortirait d’un égal ridicule de prétendre l’interdire. L’idée, cependant, ne va sans doute pas jusqu’à suggérer, naturellement, que toutes les françaises devraient la porter dans quelques décennies.

Quoi qu’il en soit, on évoque également l’intervention en 2003 de M. Jean-Yves HUGON, député UMP, lequel restera au moins relativement connu de la postérité pour avoir demandé alors au ministre délégué à la Parité et à l’Egalité professionnelle [ah, ces jolis intitulés que l’on croirait tirés du roman “1984” d’Orwell…] – dont le nom, quant à lui (elle), est définitivement tombé dans les oubliettes de l’histoire, d’abroger cette loi. Ledit délégué, ayant refusé l’invitation, il est dit ça et là que la fameuse loi serait toujours applicable.

La première réflexion qui s’impose, assez massivement, est que députés et journalistes ont bien du temps à perdre à soulever de tels lapins, qui ne présentent aucun intérêt.

La seconde se porte, malgré tout, sur l’évolution des mœurs vestimentaires féminines. Chacun a sans doute eu l’occasion de voir un de ces vieux films français en noir et blanc, tournés dans les années quarante au milieu des quartiers interlopes de Paris, avec leurs personnages de petits voyous, de souteneurs et de filles de joie. Quand on compare à ces dernières tant de femmes, jeunes ou moins jeunes, que l’on croise quotidiennement dans la rue aujourd’hui, y compris naturellement de fort "bon milieu", bien catho et tout, la comparaison n’est certes pas flatteuse. A côté de nos femmes “libérées”, les péripatéticiennes d’alors avaient l’allure de petites bourgeoises bien rangées, habillées somme toute modestement, seules leurs poses trahissant un peu la nature particulière de leur profession. Etrange inversion vestimentaire et symbolique.

On rit de la loi du « 26 brumaire an IX de la République » ; on s’indigne de la burka. Mais entre les deux, en ce domaine vestimentaire comme en nombre de domaines, il paraît que le sens de la mesure rationnelle et raisonnable soit sorti du champ de perception du plus grand nombre.


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