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Voyoucratie ?

Publié le 03 décembre 2007 par Torapamavoa Torapamavoa Nicolas @torapamavoa


Voyoucratie ? Le pouvoir des voyous. Rien de moins, et c’est la formule récemment utilisée par Nicolas Sarkozy.
La première chose qui m’a surpris, c’est la piètre qualité du mot. « Voyoucratie » est un mot qui restreint la pensée. Démocratie, aristocratie, bureaucratie, phallocratie, ochlocratie, oligarchie, ploutocratie … ces mots sont de véritables concepts : l’organisation du pouvoir à partir de groupes. Des mots dépassés par leur propre contenu : à peine posés, ils ouvrent vers la réflexion.
Ici, rien à voir. Depuis quand voit-on les voyous conférer entre eux, assurer l’organisation du pouvoir, fixer des objectifs et des règles, se donner les moyens de trancher les différents… S’il s’agit de micro-société, on connaît le « milieu », mi-société, mi-bandit. Mais le milieu gère ses affaires et ne s’intéresse à la société que pour parvenir à ses propres fins.
J’ai cherché.
A l’évidence, le mot ne pouvait qualifier les comportements délinquants de la plus grande gravité, consistant à avoir tiré sur des policiers, à Villiers-le-Bel. La Justice s’en occupe, et ces agresseurs ne visent pas à conquérir puis assurer le pouvoir. Rien à voir avec la voyoucratie.
Je me suis ensuite tourné vers l’actualité pénale, assez peu ordinaire il est vrai. Un ancien président de la République mis en examen pour détournement de fonds publics ; son premier ministre mis en examen pour une sombre histoire d’espionnage, avec un contrôle judiciaire lui interdisant d’entrer en relation avec l’ex-président de la République ; un autre ancien premier ministre, très copains des deux autres… à l’époque des faits, condamné pour des détournements de fonds publics. Le mot devient plus juste, car la toile de fond est le pouvoir politique. Mais il y a la présomption d’innocence… Et la justice n’évoque pas la notion d’association de malfaiteurs.
De plus, le mot deviendrait vite boomerang, alors qu’André Santini va devoir quitter le gouvernement suite à sa mise en examen, et que la Justice s’intéresse aux frasques de Bernard Laporte.
N’y comprenant rien, je suis allé voir ma psy.
Elle m’a expliqué que souvent on utilisait des mots de manière négative ou faisant semblant de les rejeter, alors qu’en réalité on s’approprie ses mots, mais qu’on ne parvient pas à l’exprimer directement. Ainsi, si quelqu’un vous dit « Viens, je ne te ferai pas de mal », partez en courant ! Ma psy a pris pour exemple le premier discours du Nicolas Sarkozy, le soir de son élection : « je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas, je ne me déroberai pas »… Pour elle, ces propos sont expriment la peur de faire pile l’inverse. Non, mais ma psy…, je me demande où elle va chercher tout çà.
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