Ce que vous imaginez :Fi du RER qui prend beaucoup trop de temps, je demande à ma secrétaire de me réserver un taxi et m’installe confortablement sur la banquette arrière, l’ipod vissé aux oreilles, profitant d’un agréable moment de détente jusqu’à l’aéroport.
La réalité :
Ce que vous imaginez :Je passe les contrôles et vais faire un peu de shopping dans le Duty free de Roissy, où j’achète à -50% un touche éclat de Yves Saint Laurent pour avoir le teint frais et l’œil reposé en toute circonstance.
Ce que vous imaginez :
La réalité :J’embarque dans l’A380 (et oui, ça au moins c’est vrai), qui est un gros avion de kikalaplusgrossékipisseleplusloind’abord ! J’avoue que je suis impressionnée par le sentiment d’espace qui s’en dégage, sentiment corroboré par les petits cris de joie de mon client qui pour une fois dans sa vie et malgré sa carrure de rugbyman ne mange pas ses genoux en s’asseyant et peut se tenir debout à côté du hublot. Nous passons devant la classe business et nous installons tout au fond du fond de l’avion, à côté des toilettes, et le ballet incessant des visites au petit coin, ballet qui va durer tout le temps de vol, commence. Nous tentons la visite à l’étage des firsts. Il y a un vrai bar, avec banquette en sky et lumière tamisée. Une hôtesse nous explique gentiment, mais fermement, que nous ne sommes pas autorisés à être là, et nous renvoi fissa à nos places de dames pipi, avec les autres pecnos.
Ce que vous imaginez :Je passe une bonne partie du vol à manger des petits fours et à regarder tous les films que j’ai raté au cinéma, puis je m’endors du sommeil du juste pour me réveiller fraiche et reposée à l’atterrissage.
Ce que vous imaginez :Arrivez à l’aéroport, un chauffeur nous attend pour nous emmener à l’hôtel où nous passons une bonne nuit réparatrice, avant une longue journée de travail.
Ce que vous imaginez :
Ce que vous imaginez :En fait là j’avoue je ne sais pas trop ce que vous imaginez.
La réalité :Nous passons les 10 heures suivantes dans une salle sans fenêtre, avec pour seule pause, la pause que nous nous accordons pour engloutir le sandwich et le coca qu’on nous apporte le midi. Ca tourne des pages, fait des schémas au tableau, s’énerve un peu et tape du poing quand il le faut, ça écrit des rapports en direct et montre des diaporamas power point avec de jolis graphiques, pinaille sur un terme, téléphone à son bureau pour confirmer un chiffre ou une date, joue l’intimidation, puis la camaraderie, avant de finir par signer un accord, arraché à la seule force de l’obstination et de l’épuisement. Le client est content, le fournisseur est content, je suis contente. Nous gagnons notre nouvel hôtel.
Ce que vous imaginez :
La réalité :Après une dure journée de labeur, pas le temps de prendre une douche, nous allons nous enfiler des bières avec mon client et mon représentant local, au bord de la plage privative de l’hôtel en dissertant sur l’épaisseur optimum de galvanisation des boulons en acier carbone. Ca fait longtemps qu’il fait nuit et le groupe de l’hôtel entame un « Hôtel California » particulièrement nasillard. J’ai la tête comme une pastèque, 4h (en comptant les 2h de transport où j’ai dormi en pointillé) de sommeil et je crois que je serai capable, à cet instant, de me lever et de faire avaler sa guitare, ou son micro, ou les deux au chanteur. Nous mangeons divinement dans un cadre idyllique tout en parlant budget, planning et tenu mécanique aux tests hydrauliques. Vers 1h du matin, passablement ivre de bière et de fatigue, j’appelle le bulot pour lui dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, prend ENFIN, une douche, puis m’écroule sur mon lit très classe, dans une chambre très classe à gniouf gniouf euros la nuit. 3h plus tard, le bruit d’une chasse d’eau me réveille.
Ce que vous imaginez :Là non plus je ne sais pas trop ce que vous imaginez.
La réalité :
Ce que vous imaginez :J’embarque dans l’A380 en class business (après tout c’est quand même 6h30 de voyage, ma boite me doit bien ça) où on me sert une coupe de champagne de bienvenu. Je m’installe dans mon siège en cuir devant un grand écran panoramique et commence à zapper entre les 564 films disponibles. Je passe une bonne partie du vol à manger des petits fours et à regarder tous les films que j’ai raté au cinéma, puis je m’endors du sommeil du juste pour me réveiller fraiche et reposée à l’atterrissage.
La réalité :J’embarque dans un boeing 777 et perds d’emblée 3 côtes grâce à l’intrusion dans mon espace vital du coude de mon voisin, ce qui n’est rien en comparaison du genou qui m’arrive au menton, dans une tentative désespérée de garder mon portable ouvert pour finir ce putain de rapport. Je finis pas boucler le dit rapport et mâchouille mon bout de plastique réglementaire devant un film neuneu. J’arrive même à dormir une heure avant que le commandant de bord ne nous annonce la descente sur Paris Charles de Gaulle avec une température au sol de 11 °C… Snif ! Il est 21h. Le lendemain matin 8h, je suis à mon bureau pour reprendre du service.
Conclusion : J’ai pris l’A380 et les ladies taxi. J’ai vu Dubaï et Fujairah et ai dormi dans des hôtels grands luxe. J’ai mangé au bord de la plage des repas gastronomiques et me suis fait servir comme une princesse. J’ai surtout dormi 7h en 3 jours et ai travaillé le reste du temps. J’ai parlé uniquement de boulot ou de rugby ou de foot, n’ai pas vu mon bulot et ai visité exclusivement des chambres d’hôtel, des halls d’aéroports et des salles de réunion sans fenêtre.
Et le mois prochain je remets ça !