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La poche de Lille et l’Europe

Publié le 08 mai 2010 par Fbaillot

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Voici ce que j’ai déclaré ce 8 mai matin au monument aux morts.

Nous commémorons cette année la fin de la deuxième guerre mondiale, mais aussi le 70e anniversaire de la bataille de France.

En mai 1940, les Allemands lancent une offensive visant à envahir le territoire français par les Pays Bas, la Belgique et le Luxembourg. Cette bataille se terminera le 22 juin lors de la signature de l’armistice par le gouvernement Pétain dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.

Entre le 25 et le 31 mai, les Allemands commandés par le général Waeger butent sur la poche de Lille. Le général Molinié est installé à Haubourdin. Près de 40.000 soldats défendent pied à pied Loos, Haubourdin, le faubourg des Postes. Un général allemand est capturé au faubourg des Postes, en possession des plans d’attaque allemands. Ces combats vont faire des centaines de morts, civils et militaires. Et le 1er juin, les troupes françaises et anglaises défilent en armes sur la Grand place de Lille devant les Allemands après s’être rendus avec les honneurs. Les soldats jettent ensuite leurs fusils place de la gare avant d’être embarqués pour les camps de prisonniers devant les rares Lillois en larmes présents dans la cité.

Certains historiens contestent le bien-fondé de cette résistance sans espoir, et les nombreuses victimes qu’elle a engendrées. Mais il est établi qu’elle a facilité le déroulement de l’opération Dynamo, qui a permis à plus de 300 000 combattants français et anglais de se replier vers l’Angleterre, à Dunkerque. Et puis vous le savez, on peut perdre une bataille, sans perdre la guerre pour autant.

Bien heureusement, l’heure de la réconciliation a sonné depuis longtemps entre Français et Allemands. Nos relations sont marquées par la coopération et l’entente. Et vous avez vu notamment le rôle central que jouent la France et l’Allemagne dans la crise financière que traverse l’Europe.

Mais il n’est pas inutile de toujours conserver à l’esprit les actes héroïques de nos combattants pour défendre le sol français il y a quelques décennies.

Aujourd’hui, la compétition est sans doute beaucoup plus économique que militaire. Mais les enjeux peuvent être similaires si l’on n’y prend garde.

C’est la raison pour laquelle nous sommes nombreux à penser qu’il faut relancer la construction européenne, qui nous a permis de vivre en paix sur le territoire de l’union. Nous fêtons demain le 60e anniversaire de la déclaration de Robert Schuman, l’acte de naissance de l’Europe. Il nous faut retrouver l’élan de ceux qui ont construit l’Europe. Il nous faut retrouver l’élan de ceux qui ont construit l’Europe unie après la victoire de 1945 que nous fêtons aujourd’hui. La paix en Europe s’est construite sur la croissance économique, la nécessaire reconstruction des dégâts de la guerre mondiale, puis la réconciliation entre l’Est et l’Ouest.

Aujourd’hui, le rêve européen doit se bâtir autour de la lutte pour l’emploi, la construction de logements décents pour tous, une société plus respectueuse de l’environnement, une économie plus responsable, une place digne pour les handicapés, les personnes âgées, les malades, pour tous ceux qui souffrent. Ce sont de beaux projets à l’échelle d’un continent, sur lesquels nous pouvons et nous devons nous réunir, comme nous l’avons fait pour nous relever de la dictature et de la guerre.

Et puis, vous le savez, les périls sont toujours nombreux, l’antisémitisme et le racisme rongent toujours les consciences, le nationalisme et le repli sur soi sont toujours susceptibles de faire renaître des antagonismes, des frontières qu’on croyait oubliées. Regardez par exemple ce qui se passe en Belgique, à quelques kilomètres de chez nous, dans un petit pays qui a subi les mêmes souffrances que les nôtres. Le conflit linguistique pourrait provoquer des séparations aux conséquences désastreuses pour tous, y compris pour nous.

Soyons attentifs, soyons vigilants, et battons-nous pour que jamais ne reviennent les sirènes de la guerre, toujours présentes dans nos consciences.

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