L'homme est un poisson pour l'homme. Emprunte sa méthode à la baudroie.
Tapie dans le sable, elle ne fait connaître d’elle-même qu’une frêle aigrette jouant le rôle d’appât, qu’elle agite gracieusement au dessus d’elle. Le flux de l’eau finit de donner apparence de vie à ce petit pompon trompeur, et bientôt un poisson moyen arrive benoîtement pour gober ce qu’il croit être un poisson petit.
Et là, subitement : la vraie faim se fait connaître. En un instant la baudroie sans bouger autre chose ouvre une gueule béante et avale le poisson moyen qui croyait prendre.
Il faut le voir, alors, comme il se débat pour rien ; il faut le voir convulser une dernière fois sur le regret de la proie, sur le remords du leurre.