Je pensais sincèrement que j’aurais toujours des choses à dire. Des anecdotes à raconter, à travestir, à caricaturer ou exagérer… Et puis finalement force est de constater que non…
Je crois que j’ai fini l’enchaînement de mes introspections, qui, d’un anéantissement m’ont permis de renaître, ou plutôt de naître à moi-même.
J’ai réglé tous mes nœuds de tension, tous les enjeux qui me mettaient sous pression. J’ai fini par comprendre que je n’avais rien à prouver à personne, certainement pas devoir être parfaite en tout, puisque personne ne l’est tout à fait, quelles que soient les exigences liées à tous ces mécanismes intérieurs, qui loin de nous aider, nous maintiennent sous l’eau.
J’ai fini par apaiser tout ce qui en moi était insuffisant : la confiance en soi, l’estime de soi. J’ai rééquilibré tout ce qui était à un niveau si faible et je m’en suis nourrie, petit à petit pour gagner en force, en densité, dans cette peau, la mienne qui était depuis 3 décennies, trop petite pour moi…
Je ne sais comment décrire cette paix que j’éprouve enfin. Cette paix qui me maintient en silence alors que j’étais si prolixe lorsque tout bataillait dans ma tête.
J’ai mis de l’ordre. J’ai rangé un à un tous mes désordres. Je les ai nommés. J’ai apprivoisé mes peurs, mes angoisses, mes manques, mes souffrances, mes besoins, mes valeurs. Je les ai affrontés au cours d’un travail d’une richesse incroyable. J’ai trouvé enfin, dans cette petite fille que j’ai été, qui s’est détesté si souvent, j’ai tiré le fil de celle que j’aurais voulu devenir. Atténuée. Cachée sous des monceaux de principes hérités en droite ligne d’une éducation maladroite.
Et je suis là, aujourd’hui. Pleine et entière dans ce présent que j’aime. Dans ce demain qui se dessine déjà dès aujourd’hui, si plein des promesses que je m’étais faites en secret, sans parvenir à trouver le moyen de les réaliser.
Mes filles m’ont sauvée. J’ai eu la force pour me sauver grâce à elles. Je les remercie chaque jour d’être et de m’avoir permis cela…
Je touche du doigt la mère que je souhaitais devenir. Toujours imparfaite mais qui fait de son mieux pour les aimer, évoluer avec elles, m’excuser si je le dois, ou affirmer si je sais que j’ai raison, parfois… Elles me font confiance. Elles peuvent me faire confiance. Je les protège, sans leur mettre des œillères sur le monde, en leur expliquant chaque chose qui se présente, quand ça se présente, avec mes mots maladroits, ou ceux qui contiennent encore trop de choses qu’elles ne peuvent pas comprendre.
J’ai trouvé un amour inespéré. Pur, grand, à la hauteur des valeurs que nous partageons. Et je l’ai trouvé grâce à ces pages, ici. Cœur solitaire, noirci par la vie, venu s’échouer sur mes mots, trouvant ceux que j’avais besoin d’entendre, comme un guide dans mon brouillard d’alors. Une île. Grande. Rêvant d’être habitée… Et cet amour grandit, enfin, non pas vraiment, il était grand dès le départ, la place pour l’autre était déjà prête, on s’attendait je crois. Disons qu’il prend ces aises, cet amour… Au fil de nos fins de semaines, au fil de nos vacances, pliant ce calendrier parfois capricieux pour nos retrouvailles, toujours si belles. Grandes. Denses. Un amour qui se vit chaque jour, même dans les choses les plus triviales du quotidien, je le veux là et il me veut près de lui, pour tous ces instants là. Et pas uniquement pour partager le merveilleux et le bon. Non. Surtout le simple, l’évident, le constant, le vrai. De la vraie vie.
Même au niveau de mon travail, les choses se sont apaisées d’elles-mêmes. Comme si la fin de mon contrat qui se profile m’avait aidé à trouver dans ce que j’accomplis tout le positif nécessaire à l’accomplissement de mes tâches. Et même si ce n’est pas ce que je veux accomplir, je le fais avec le sourire. Je travaille. Je cherche du boulot quand je n’en ai pas. Et je me surprends à aimer ça.
Je ne sais pas encore de quoi mon avenir sera fait. Il y a cette envie de devenir conseillère en image. Il y a pourtant cette école que je vise pour y être formée et qui ne répond plus à mes demandes de renseignements.
Mon divorce s’approche à grands pas. Après 3 longues années de séparation, malmenée par un manipulateur décidé à gagner du temps, les choses vont enfin être réglées. Vraisemblablement début juin. Officiellement divorcée. Et j’exulte que ça approche enfin. Je n’y croirai que lorsque j’entendrai le juge le prononcer enfin, que lorsque je tiendrai ce bout de papier dans ma main tremblante. Ma fuite entérinée. Le mot fin qui s’écrit enfin en gros et en gras. Un nom à jamais séparé de moi… Et une histoire définitivement scellée, prête à être enterrée dans les abîmes de ma mémoire, aux confins de notre conscience, là où restent tapies ces choses néfastes qui font la vie et l’expérience des grandes personnes…
Je ne suis plus vraiment cette Taz constamment au bord de la crise de nerfs, frustrée de ne pas savoir prendre sa place dans le monde, frustrée de ne pas savoir mettre en mots de vive voix, et se lâchant sur son journal intime, pour coucher sur le papier ces ribambelles de phrases qui bataillaient dans sa tête…
J’ai été celle-là. Je la regarde avec tendresse, avec admiration, parce que toute seule, à la seule force de sa conviction elle a essuyé les épreuves et elle s’en est sorti comme une chef.
Je suis devenue indulgente avec moi-même, avec mes erreurs, avec mes maladresses, avec mes imperfections. J’y suis parvenue grâce à ce long travail qui m’a menée à la connaissance de moi-même. Je me regarde dans le miroir, et je me vois multiple. La petite fille qui manquait si cruellement d’amour, celle qui ne comprenait pas le monde, qui en était affreusement protégée, dans une famille froide si longtemps… L’adolescente complexée, mutique, dépassée par ses émotions, dont l’empathie la dévorait au point de vouloir se faire la sauveuse d’un monstre… La jeune femme qui se niait, tentant vainement de devenir une autre, de s’amoindrir, de disparaître… La mère rejetée, louve aux abois, qui, affaiblie trouve le sursaut pour sauver sa progéniture… La femme inexistante, coupable de ses moindres gestes, de ses moindres décisions… La survivante qui a tout mené de front pour parvenir à retrouver quelque chose qui ressemble à elle-même… La femme perdue qui a cherché de l’aide et trouvé ce qu’elle cherchait… La femme apeurée qui découvre la confiance, l’amour. Celui qui donne des ailes. Celui qui rend libre. Celui qui grandit… Celui qu’elle sait si bien donner à tous, juste pour elle. Enfin. Je ne nie aucune d'entre elles. Elles sont toutes moi. Une partie de moi. Une partie, un petit bout qui m'a permis d'être aujourd'hui, toute entière...
Voilà, c’est tout ça que j’ai écrit ici. Aujourd’hui, je n’ai plus de mots pour tout ça. Je n’en ai pas encore pour la suite. Je garde le silence comme si j’attendais. Quoi ? Je n’en sais rien encore…
Je ne sais pas si ces pages continueront, si elles se transformeront. Ce que je sais, c’est que je n’ai plus trop envie, ces temps-ci de parler de moi. Pas trop envie de parler de mes filles, qui poussent, qui grandissent, qui sont ma fierté, à moi.
Je me sens libre comme jamais. Je me sens comme ces pétales légers, ceux qui restent lorsque la fleur de pissenlit s’est éteinte… Ces espèces de plumes légères, sur lesquelles on souffle, enfant, pour les regarder virevolter au gré du vent, en ronds interminables…
Je suis l’une d’elle. Je flotte, aussi légère qu’une plume. Je ne sais où va le vent, mais je me sens portée par un courant d’une douceur incroyable. Tous ces combats intérieurs, menés pendant plus de 20 ans, contre moi la plupart du temps car j’ai été ma plus fervente ennemie.
Aujourd’hui, je suis en paix. Et toute ma victoire tient dans ces 4 mots, tout simples…
Que le vent souffle, et me porte aussi loin que possible !
Ne vous demandez pas où je suis… C’est inutile ! Je suis derrière mon écran. A vous lire en silence... Mes mains sont immobiles. Point n’est besoin d’en dire plus quand tout est pour le mieux, dans le meilleur des mondes possibles.
Le mien. Toutes les 3 et mon Phin.
Mon si grand Amour.
A bientôt !