Dans Philosophie magazine de décembre-janvier, il y a un édito qui m’a fait beaucoup rire. Le rédacteur en chef, Alexandre Lacroix, raconte un bref échange qu’il a surpris dans le métro entre une fillette de 10 ans et son frère de 7 ans. “Elle profitait de son avance pour le snober un peu”…
Je cite :
” Tout d’un coup, le petit garçon lui a demandé : “Est-ce que tu crois en Dieu ?” La petite fille a soufflé profondément en signe d’impatience avant de répondre en agitant les mains : “Oui… Mais moi, je ne crois pas en Jésus, le Dieu qui finit sur la croix. Non, celui-là, il est mort, il fait peur. Par contre, je crois au dieu de la danse, parce que j’adore la musique. Et puis chez les Egyptiens, il y avait aussi un dieu en forme de chat. Moi, j’aime trop les chats, alors je crois en Bastêt, le dieu chat…” Le petit garçon est resté un long moment muet, à rouler des yeux comme des billes. visiblement, un conflit intérieur l’animait. Ces déclarations ne cadraient pas avec ce qu’il avait l’habitude d’entendre dans la bouche de ses parents ou au catéchisme. Pourtant, à force de réflexion, il a trouvé un argument efficace. Il a rétorqué avec un sourire en coin : “Ah oui, je vois. Toi, tu crois au dieu des Marseillais. Celui qu’a l’accent, qui mange l’aïoli et tout…”
fin de citation
L’éditorialiste voit en cet échange charmant le dialogue du philosophe avec le théologien. L’un attire la divinité à lui et l’insère dans son système, à moins que, athée, il ne la réfute complètement. L’autre se méfie de la religion “maison” et des divinités “perso”.
Comme cette petite fille, je crois que mon Dieu est très perso. Il ne ressemble en rien au martyr sur la croix et il n’a ordonné à personne de sacrifier son fils au sommet du mont Moriah. Comme la petite fille de Philosophie magazine , il a en lui une part de Bastêt (j’adore les chats). Il tient un livre ouvert dans sa main droite, comme sur l’icône que m’avait donné, il y a des années, un ami ukrainien. Il est bon, compatissant et compassionnel. Il a une trompe d’éléphant, comme la statue musicale de Ganesh que je tiens de Laetitia, il est jaune comme le shadock que j’ai rapporté de chez André. Enfin il est méditatif, comme le Bouddha que j’ai récupéré chez Bill Anderson. Celui-là, il lui manque un bras mais ce n’est pas grave, car le joli Shiva dansant en bronze qui est sur mon secrétaire peut éventuellement le dépanner…
Allez, sourions, le dernier Nuruddin Farah, Une aiguille nue, est excellent.