En cette période post-électorale pour nos amis d’Outre-manche, il est temps de continuer notre série consacrée aux Boris célèbres en s’attardant sur un personnage assez peu connu dans notre contrée, le très lumineux Boris Johnson.
Lumineux, c’est bien le terme, et pas seulement eu égard à sa coupe de cheveux qui nous propulse tout droit dans un clip de Didier Barbelivien. Lumineux parcequ’il a su abattre par sa verve et son envie le diktat de Ken le Rouge sur Londres et ainsi faire flotter la bannière Tory sur une ville réputée de gauche.
Ainsi, maire depuis mai 2008 de cette belle cité, il a mis au pas les insatiables buveurs du métro en interdisant toute consommation d’alcool dans les transports publics. Egalement à son actif, différentes mesures en faveur du bien-être des londoniens.
De son vrai nom Alexander Boris de Pfeffel Johnson, l’homme a fait l’objet de nombreuses critiques, pour une série de propos prétendument racistes ou insultants à l’égard des habitants de Liverpool. Je ne connais pas Liverpool, mais il ne me semble pas inconcevable que cette ville puisse prêter le dos à quelques critiques ; nos amis du P.S.G pourraient même à l’occasion d’un improbable match contre l’équipe de football locale ressortir une banderole de leurs cartons.
Ne nous arrêtons pas sur ces éléments, car il est toujours préférable de dire des bêtises avec style que de d’énoncer une vérité.
Membre du très intellectuel Bullingdon Club lors de ses études a Oxford, il commence sa carrière comme consultant dans un grand cabinet de conseil. Apres une semaine, il s’en enfuit pour écrire des chroniques falsifiées dans le Times puis grimper peu à peu les échelons de la hiérarchie rédactionnelle britannique, avant de se faire élire député de Henley en 2001.
Qui ne rêverait pas d’un tel destin de nos jours, à l’heure où la plupart des jeunes diplômés blanchissent sous le harnais des institutions bancaires ou de consulting ? Bien qu’issu d’un sérail qui peut apparaître comme privilégié, il a eu le panache de refuser une carrière gagnée d’avance pour un chemin qui aurait pu s’avérer in fine beaucoup plus tortueux.
Boris nous montre qu’il est possible de devenir un leader politique de premier plan sans être un technocrate obséquieux, en tous les cas en Grande-Bretagne. Nul besoin non plus de s’oindre la conscience à grands renforts de bons sentiments et de le faire savoir pour obtenir un mandat électif. Nos politiques devraient être jugés en premiers lieux sur leurs actes et leur force intellectuelle : en aucun cas sur leur capacité à éructer des hectolitres de moraline ; n’est-ce pas Jack ?
Boris Johnson n’est pas le bouffon que certains vilipendent, mais fait partie d’une espèce en voie de disparition, le vrai chef politique, celui dont Machiavel célébrait la « virtú ». Une virtú qui nous manque aujourd’hui cruellement sur les bords de l’Arve ou de la Seine.
Depuis Londres, par ABC, le Chamelier Toqué.