L'attente du Saint-Esprit avec Marie (1)

Publié le 14 mai 2010 par Hermas

Pour le monde, l’Ascension et la Pentecôte sont deux « jours fériés », deux « ponts » dont il faut profiter au maximum. Tout comme Noël, l’Assomption de la Sainte Vierge, la Toussaint… C’est « l’exode » vers d’autres lieux, pour se détendre… pour profiter de cette vie.

« L’exode » ? La fuite devant le danger, devant l’occupant, pour survivre, pour échapper à la misère… Les plus anciens d’entre nous se souviennent de l’exode de 1940… Les jeunes, pas encore… j’allais dire…hélas ! Fuir, s’en aller à l’aventure, sans but, avec quelques hardes que l’on a pu sauver, pour sauver, pense-t-on ce qui peut être encore sauvé d’une vie désormais détruite par la guerre, par l’invasion de l’ennemi. Le départ vers l’inconnu, les files qui n’en terminent pas… les colonnes de voitures, de charrettes, bloquées par les accidents, bombardées par les avions ennemis… l’angoisse, la peur, la mort que l’on fuyait désespérément.

L’Exode, dans l’Ancien Testament, est cette longue marche de pénitence, du peuple hébreu à travers le désert : sorti de l’esclavage d’Egypte par la main forte de Dieu et à bras détendus, le peuple se révolte contre son Sauveur, il murmure parce qu’il lui manque de l’eau, des cailles, de la viande… les oignons et la nourriture qu’il mangeait en Egypte. Alors, il se révolte contre son Sauveur, le Dieu plein de miséricorde qui vient de manifester sa Toute-Puissance. Dans sa perversion humaine, il arrive même à convaincre le grand-prêtre Aaron de construire un veau d’or ! c’est là « ton dieu » qui t’a fait sortir d’Egypte. La Miséricorde de Dieu est infinie, mais aussi sa Justice, et elles  ne sont pas en concurrence : le peuple a péché gravement, il doit réparer : tous ceux qui l’ont renié, depuis l’âge de 20 ans, erreront dans ce désert, et y mourront, sans jamais entrer dans la terre Promise.

« L’exode » de nos « fêtes laïcisées », « vidées de leur sens religieux », c’est le « nouveau veau d’or » que l’homme, avec de nouveaux Aaron, que l’on retrouve aussi parmi des prêtres, que l’homme se propose d’adorer, qu’il adore : « Leur ventre, c’est leur Dieu ». Que l’homme s’étonne, que le monde s’étonne s’il ne peut trouver la vraie paix, celle que seul Dieu, dans son infinie Miséricorde, peut donner au monde. Il foule aux pieds la Croix, les Commandements de Dieu, les Sacrements que Dieu lui a laissés, sa foi même. Il est devenu « athée » dans la pratique. Pire, il ne nie  pas Dieu, il l’ignore !

L’homme, et nombre de croyants, de catholiques sacrifient à ces veaux d’or, se prostituent spirituellement et se prosternent devant ces veaux d’or modernes, les vacances, le bien-être illusoire, le plaisir sous toutes ses formes, l’oubli de Dieu. Ils oublient ce que Dieu a fait pour eux, et dont nous parle Saint Paul, nous montrant jusqu’à quel point Dieu s’est abaissé, humilié, pour redonner un visage humain à nos corps mortels défigurés, « pour nous arracher à la damnation éternelle » (Canon romain de la Messe), pour nous éviter de « mourir » d’une mort éternelle et avant même d’arriver à la Terre Promise, notre habitation dans le Ciel :

Ecoutons Saint Paul, pénétrons-nous de ses paroles et réfléchissons :

Philippiens, chapitre deuxième 6-11

6. 

Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.

7. 

Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme,

8. 

il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix !

9. 

Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom,

10. 

pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers,

11. 

et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est SEIGNEUR, à la gloire de Dieu le Père.

Le Verbe Eternel de Dieu, deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, est descendu au milieu de nous, il s’est exilé pendant 36 ans, prenant en tout, sauf le péché, notre condition humaine, pour nous sauver de la mort du péché, de la mort corporelle, de la port éternelle du Démon. Après avoir accompli notre salut, et donné à chacun la possibilité de profiter de ce salut, si l’homme le veut car l’homme, cendre orgueilleuse, peut toujours dire « non à Dieu », le Verbe de Dieu est remonté dans la Gloire du Ciel, et a « repris » sa place au sein de la Très Sainte Trinité, pour nous y préparer une place, et pour nous envoyer l’Esprit-Saint de Dieu le jour de la Pentecôte pour nous guider et nous fortifier dans la vie.

Aussi, lors de la messe de l’Ascension, mais aussi de chaque messe, le prêtre adresse-t-il cette prière à Dieu (mais qui va encore à la messe les dimanches et les jours de fête ?) : « C’est pourquoi, Seigneur, en mémoire de la Bienheureuse Passion du Christ votre Fils, Notre Seigneur, de sa Résurrection du séjour des morts et aussi de son Ascension dans la gloire des cieux, nous présentons à votre glorieuse Majesté… la Victime parfaite, la Victime Sainte, la Victime Immaculée, le Pain Sacré de la Vie Eternelle et le calice du Salut »

Il ne suffit donc pas à l'homme de s'appuyer sur les mérites de la Passion du Rédempteur qui a lavé nos iniquités dans son sang ; il ne lui suffit pas de joindre à ce souvenir celui de la Résurrection qui a donné à ce divin Libérateur la victoire sur la mort ; l'homme n'est sauvé, n'est rétabli, que par l'union de ces deux mystères avec un troisième, avec le mystère de la triomphante Ascension de Celui qui est mort et ressuscité.

Comme les Anges rebelles, l’homme tomba lui aussi, et son péché brisa le lien qui l'unissait à Dieu. La race humaine n'était alors représentée que par un seul homme et une seule femme : tout avait donc sombré à la fois. Après la faute, le ciel demeurait fermé désormais à notre race ; car dans leur chute Adam et Eve avaient entraîné leur postérité future, à laquelle ils ne pouvaient transmettre un droit qu'ils avaient perdu. Au lieu de ce passage agréable et rapide sur la terre, auquel devait mettre fin une heureuse ascension vers le séjour éternel de la gloire, il ne nous restait plus qu'une courte vie remplie de douleurs, et, pour perspective, le tombeau où notre chair sortie de la poussière serait elle-même réduite en poussière.

Quelle que soit l’aversion que Dieu porte au péché, il avait appelé l'homme à jouir des trésors de sa gloire, et il ne consentit pas à déroger aux desseins sublimes de sa sagesse et de sa bonté. Non, la terre ne sera pas un séjour où l'homme ne fera que naître et s'éteindre bientôt. Lorsque la plénitude des temps sera arrivée, un homme paraîtra ici-bas, non point le premier d'une création nouvelle, mais un homme comme nous, de notre race, « né  de la Femme », comme parle l'Apôtre (Galates, 4). Or, cet homme à la fois céleste et terrestre s'associera à notre disgrâce ; comme nous il passera par la mort, et la terre le possédera trois jours dans son sein. Mais elle sera forcée de le rendre, et vivant, il apparaîtra aux regards éblouis des autres hommes. Nous nous sommes réjouissons de voir la chair de notre chair, le sang de notre sang remporter une si belle victoire.

Et en ce jour de l’Ascension, la terre présente au Créateur un second Adam qui, ayant vaincu la mort, ne peut plus s'arrêter ici-bas. Il est le plus pur sang de notre race, le fils d'une mère sans tache. Et à son arrivée, c’est le cri de la joie exultante des Anges qui s’élève pour l’entrée solennelle au Sanctuaire du Prince de la Gloire : « Portes, levez vos frontons ; , élevez-vous, portes éternelles, qu’Il entre le Roi de Gloire… Qui est ce Roi de Gloire ? C’stt Lui, le Seigneur des Armées, Lui, le Roi de gloire » (24, 9-10) »

Les lecteurs d’Hermas, avec l’Eglise Arménienne, s’unissent aux transports qu'éprouvèrent les saints Anges, au moment où ils virent s'élever de la terre l'homme nouveau qui venait s'asseoir au plus haut des cieux. Et, ils s’engagent à faire de ce temps sacré qui va de l’Ascension à la Pentecôte, un temps de prière quotidienne pour que le Saint-Esprit descende en abondance sur eux et sur ce monde « pour renouveler la face de la terre », obéissant en cela à ce que Jésus demanda à ses Disciples et à sa Sainte Mère, avant de monter dans la gloire du Ciel :

Luc chapitre 24° :

49. 

« Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en-haut. »

Veni Sancte Spiritus : Viens Esprit Saint ! ».

HYMNE

Les Puissances du ciel ont été émues en vous voyant monter, ô Christ ! Elles se disaient l'une à l'autre dans leur tremblement : « Quel est ce Roi de gloire ? »

- C'est le Dieu Verbe incarné, qui a anéanti le péché sur la croix, et qui, s'étant envolé avec gloire , vient au ciel, Seigneur qu'il est, dans sa force et sa vertu.

- C'est celui qui s'est levé du sépulcre et a détruit la mort; aujourd'hui il monte avec gloire, et vient au Père : il est le Seigneur puissant dans les combats.

- C'est lui qui, par un pouvoir divin, est monté aujourd'hui sur le char de son Père , servi par les choeurs des Anges, qui chantaient et s'écriaient: « Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »

Les Puissances célestes étaient dans l'étonnement. et se demandaient d'une voix tremblante : « Quel est ce Roi de gloire qui vient dans la chair et revêtu d'un si merveilleux pouvoir ? Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »

Les Hiérarchies supérieures faisaient entendre un concert harmonieux; elles chantaient un cantique nouveau, et disaient : « C'est le Roi de gloire, le sauveur du monde et le libérateur du genre humain. Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »

Et nous, qui avons été entés sur toi par la ressemblance de ta mort, ô Fils de Dieu , rends-nous dignes d'obtenir aussi cette autre ressemblance , ô Roi de gloire ! Toutes les Eglises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.

Tu as crucifié avec toi le vieil homme , tu as brisé l'aiguillon du péché, tu nous as délivrés par ce bois vivifiant auquel tu fus attaché, et les gouttes de ton sang ont enivré le monde : toutes les Eglises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.

Dans ta compassion pour nous, ta nature divine a daigné s'incarner, et tu nous as fait participer à ton Corps et à ton Sang dans le Sacrifice d'agréable odeur que tu as offert à ton Père, en lui immolant ton Corps, emprunté à notre nature. Ensuite tu es monté sur un nuage éclatant, à la vue des Puissances et des Principautés qui, dans leur admiration , se demandaient : « Quel est celui qui arrive d'Edom d'un pas si rapide ?» Et les membres de ton Eglise ont appris à connaître les ressources de ton infinie sagesse. Que toutes les Eglises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.