Le journal de bord d'une maman qui divague...

Publié le 15 mai 2010 par Imparfaiteetalors

Juillet 1975: Du haut de mes 50 cm, je pousse mon premier cri. Je nais tout près du fleuve. ---
Mars 1978: Je regarde ma petite soeur pousser son premier cri. En tant que matelot aînée, je l'observe attentivement. Dévouée, j'avertis ma mère en lançant un cri sonore chaque fois qu'elle ouvre l'oeil. ---
Septembre 1980: Le ciel est bleu, la mère est calme. J'entre à l'école primaire. ---
Septembre 1983: Tante V et moi devenons amies. Nous dérivons ensemble depuis ce grand jour. Je bois des Yop que je vais chercher avec elle au dépanneur (nous devenions de plus en plus habiles à ne pas percer le sac de bord en bord avec la paille). Nous travaillons sur une collection d'autocollants des Schtroumpfts (mot que je savais orthographier de mémoire à l'époque!). Nous écoutons la Guerre des tuques, Peau de banane et Rock et belles oreilles (mais aussi Épopée Rock!). Je participe aussi régulièrement aux concours de coloriage de chez K-mart (et je dépense mon chèque-cadeau gagné aux spéciaux de la lumière bleue).
Septembre 1994: Choix de parcours pour l'université: je choisis d'étudier en enseignement.
Été 1997
: Je vis d'amour et d'eau fraîche. Je rencontre PapaZen.
Septembre 1999: Après la houle des années de suppléance, nous choisissons de quitter notre ville natale pour emménager sur l'île de Montréal. Vous comprenez... « Temporairement, juste une année ou deux... » J'y poursuis mes études en technologies éducatives où je fais la connaissance d'Anik. PapaZen y trouve un boulot d'enseignant sans se faire éclabousser par les vagues de la suppléance.
Décembre 2000: Je trouve un super boulot, ici, au Carrefour des océans des partenaires, qui regorge des meilleures ressources pour enseigner. PapaZen se plaît avec ses élèves. «Bah, pourquoi ne pas rester un peu encore?»
Mai 2002: «Et pourquoi ne pas acheter une cabine en banlieue, tant qu'à y être? Les prix sont raisonnables et d'ailleurs, tout se revend, non?»
Janvier 2003: Que se passe-t-il? J'ai la nausée... C'est parti pour mon premier périple en mère de 9 mois!
Mai 2003: La vie de PapaZen n'a pas trop changé suite à ces premières semaines de grossesse (« Oui, oui, ma blonde est top shape, elle va SU-PER bien! Comment pourrait-elle aller autrement? Elle est enceinte!). Il sent pour la première fois cette vague d'émotion monter en lui (contrairement à moi, ce n'est pas comme une nausée) lorsque nous nous rendons à notre rendez-vous magique de l'échographie. Après avoir bu des litres d'eau, et m'être demandé sincèrement si on pouvait mourir d'une envie de pipi, je fais enfin connaissance avec ce petit poisson qui barbote dans ma piscine utérine. Nous apprenons avec bonheur que c'est rose!!
Octobre 2003: Mère en vue! Je perds mes eaux pour la première fois. Jusqu'à la dernière minute, nous hésitons entre les prénoms Mathilde ou Alexandrine. Mais nous changeons de cap en optant pour GrandeSoeur. Je me dévoue entièrement à cette expérience de maternité. Je me fixe une barre très haute. La maison doit être impeccable, l'allaitement réussi, la petite stimulée, les repas équilibrés, les purées maison, la conjointe amoureuse, le temps optimisé, la taille de guêpe retrouvée... Bref, la femme que je suis disparaît dans ce Triangle des Bermudes.
Septembre 2004: Je retourne au boulot. Je tente de nager la tête hors de l'eau. La tempête est violente. On la surnomme "Conciliation travail-famille".
Juillet 2005
: Que se passe-t-il? J'ai le mal de mère...«Oui, oui, ma blonde est en pleine forme... C'est vrai qu'elle a juste perdu connaissance dans un bus bondé... Mais elle va SU-PER bien!»
Décembre 2005: Les temps sont difficiles. Le bateau coule pour Carrefour. Notre équipage est repêché ici. C'est avec soulagement, qu'après ce stress intense, je me retire sur une île tranquille pour commencer mon second congé de maternité. Je peux donc manger mes amandes enrobées de chocolat en toute quiétude et ne pas (trop) m'en faire de me sentir si grosse (c'est moi où, les gros chandails de laine, en fin de grossesse, en plein hiver, ça crée une drôle d'illusion d'optique?).
Février 2006: Juste avant que PetiteSoeur ne fasse son entrée dans le port, nous apprenons qu'elle présente ses jolies fesses vers la sortie. Cette mésaventure complique la fin de cette expédition de 271 jours. Je verse toutes les larmes de mon corps lorsque j'apprends que la césarienne est inévitable. Je tremble sur la table d'opération comme devant le monstre du Loch Ness. Mais j'ai affronté la tempête bravement. Pas de changement ce cap pour le prénom de PetiteSoeur: elle s'est toujours appelée PetiteSoeur.
Octobre 2006: PapaZen termine mon congé parental et met en pratique tout ce qu'il y a à savoir pour être un bon capitaine de famille. De mon côté, je retourne mener la barre de Carrefour et faire la connaissance de notre nouvelle équipe sur notre nouveau navire. Avec deux mousses, la conciliation travail-famille m'apparaît plus difficile, même si j'ai fait le choix de consacrer 4 jours par semaine à mon travail sur le pont. Lorsque je navigue, je pense à mes flots. Lorsque je suis avec mes flots, je pense à naviguer. Anik et moi, à peu près dans le même cul-de-sac, on s'échange des milliers de courriels pour adoucir les frontières entre nos vies personnelles, familiales, amoureuses et professionnelles. Nous commençons à lire tous les carnets de navigation que nous trouvons à la bibliothèque. Y reconnaissez-vous le contexte de la naissance du concept "Imparfaite, et alors?"
Quelque part en 2007: Allez savoir pourquoi, c'est à travers tout ce tumulte que PapaZen et moi y allons de grands questionnements existentiels à savoir "Où vivons-nous? Où allons-nous? Devrions-nous avoir un 3e enfant?". Une grande décision... (que nous ne regretterons jamais d'avoir prise)
Mars 2008: Yeurk! Encore ce teint brouillé et cette sensation constante d'être sur un voilier qui tangue. «Oui, oui, ma blonde est en pleine forme... Son médecin l'a juste arrêtée quelques jours le temps de se "repepper" un peu. La pauvre, elle écoute Boutique TVA et elle trouve ça beau. Mais elle va SU-PER bien!»
Juin 2008: Après une première moitié de grossesse, où les hormones, franchement, ne m'ont pas fait de cadeau, nous nous rendons, toujours aussi fébriles à l'échographie. «Savoir où ne pas savoir? »,«Demander ou ne pas demander?» Telles sont les questions qui tourmentent une femme enceinte qui décide de se compliquer la vie. Finalement, nous demandons. C'est bleu. Nous n'en croyons pas nos oreilles (et, parenthèse du capitaine, je ne l'ai cru qu'au moment où on a déposé mon bébé sur mon ventre après l'accouchement).
Octobre 2008: «Tenter l'AVAC ou ne pas le tenter?». «Arnaud, Benjamin ou Frérot?» Telles sont les autres questions qui tourmentent une femme enceinte jusqu'aux oreilles.

Novembre 2008
: Arnaud, Benjamin ou Frérot crève les eaux . Il naît, le plus naturellement du monde (m'enfin, avec une péridurale, quand même). Le plus simple et le plus beau de nos trois accouchements. Juste avant de quitter l'hôpital, PapaZen me concède la victoire et accepte pour choisir le prénom Frérot (yé!).
Janvier 2009: Deux mois intenses viennent de passer pour la mère imparfaite que je suis. «Où suis-je? Que dis-je? Resterais-je dingue toute ma vie?» «Dre, non, non, ma blonde ne va pas bien. Je ne la reconnais plus. Puis-je vous l'amener maintenant?». Une fois remise de toutes cette frousse, j'entame avec énergie le plus beau de mes trois congés de maternité. L'écriture d'Imparfaite, et alors? commence et nous levons l'ancre pour le blogue du même nom. Un année chanceuse, créative, heureuse, complète et remplie. Une vie comme je l'aime, alignée avec ce que je suis vraiment
Septembre 2009: Je retourne au boulot. Avec trois enfants, je choisis de tenir la barre 3 jours par semaine, mais j'ai peine à tenir la tête hors de l'eau et à mener ma barque. En moi, crient toujours ces désirs de me simplifier la vie et de laisser de la place à mes élans créatifs. Et je ressens toujours cet appel du fleuve...
Mai 2010: Après un an de cette belle aventure en mère, le blogue Imparfaite et alors? prend le large. Bienvenue dans sa nouvelle vague: Le ciel est bleu, la mère est calme. Anik et moi vous promettons plusieurs escales ensoleillées pour vous mener à bon port.
Bienvenue à bord! Suivez la vague!
www.-la-mere-est-calme.com