« Quand l’immédiat dévore, l’esprit dérive »
Edgar Morin
Paru le 5 mai dernier, « Trop Vite », le dernier opus de Jean-Louis Servan-Schreiber est pris dans un tourbillon médiatique parfaitement orchestré qu’il est impossible d’éviter et qui nous confronte, habilement et bien malgré nous, à notre réalité à tous. Aujourd’hui, le présent nous absorbe tellement que nous perdrions, selon l’auteur à succès, « la capacité de réfléchir au-delà de la journée ou de la semaine« .
Le nez dans le guidon
« Le nez dans le guidon » me semble de loin l’expression la plus appropriée pour définir les hommes que nous sommes devenus : des victimes d’une puissante spirale tant génératrice de confort que de frustration, et à la vie manifestement rythmée par une pendule, faussée et de plus en plus rapide, qui nous déroberait chaque jour un temps précieux à notre insue.
Pire, « notre passé semble avoir rétréci, en même temps que notre futur se raccourcit » explique JLSS… Web, mail, smartphones et autres SMS ne seraient que des outils qui, devenus, hélas, de première nécessité, nous permettrait de brûler des étapes en toute facilité mais à quel prix !
Insoluble casse-tête
Vie quotidienne, économique ou politique, nous sommes apparemment tous dans le même bain – ou le même marasme – privés de la conscience du temps, égarés dans la dualité d’aller toujours plus vite tout en prenant tout notre temps. Insoluble casse-tête…
Parce que nous le valons bien
Mais à la question « Peut-on encore ralentir ? », posée ouvertement par le JDD, JLSS n’oppose qu’un « Je ne suis qu’un simple journaliste » sans suggérer la moindre piste de solution…
Fichtre ! Nous voici donc livrés à notre triste sort sans la moindre issue à l’horizon… Peut-être l’objet d’un tome 2. Il y a en effet fort à parier que le premier fanfaronnera en tête des classements d’essais littéraires sur la même étagère que ses cousins « Alimentation anti-cancer » et « Maigrir dans effort ». Simplement parce que nous le valons bien…
Je n’ai pas encore acheté ce livre. A bien y réfléchir, je ne suis pas certaine de vouloir me le procurer. Trop de battage médiatique et de débats desservent parfois un ouvrage.
A une époque où l’on manque de temps libre, on a tendance à réfléchir plutôt deux fois qu’une à la façon dont on veut employer celui-ci. A quoi bon relire ce qu’on a déjà lu ou entendu des dizaines de fois ? L’info nous est hachée menu ; la leçon est claire et les perspectives qu’elle nous ouvre bien minces apparemment. Commençons par prendre tout cela à contre-pied en prenant simplement le temps d’y réfléchir…