Magazine Talents

Bouillon de culture édition spéciale: grammaire

Publié le 16 mai 2010 par Mari6s @mari6s

Voici une édition spéciale de mon Bouillon de Culture, inspirée par mon exaspération croissante face aux énormes fautes de français que l'on lit et entend partout, que ce soit sur le web ou même au JT.

Sans être une puriste absolue - je ne vais pas crucifier celui qui ne connaît pas le subjonctif imparfait ou qui emploie quelques anglicismes - j'estime qu'une connaissance basique de la grammaire est indispensable pour se comprendre, et que la respecter c'est aussi respecter son interlocuteur. J'ai en tout cas personnellement bien du mal à prendre au sérieux quelqu'un qui prouve qu'il ne les maîtrise pas.

Alors voici quelques règles régulièrement piétinées, qui je l'espère aideront quelques personnes.

°%°/%°

  • Participe passé et infinitif, -é et -er

Non, ce n'est pas la même chose. Non, ce n'est pas "pas grave" de substituer l'un à l'autre, ça n'a pas le même sens et dans certains cas cela peut porter à confusion - ou au moins compliquer la tâche du lecteur, ce qui peut le fatiguer et/ou l'énerver et donc le rendre moins réceptif.

L'infinitif, c'est le verbe non conjugué et dans le cas des verbes du premier groupe et d' "aller", il se termine en -er. Employé dans une phrase, il va prendre le sujet du verbe conjugué dont il dépend: dans je veux aller, c'est moi qui veux et donc moi qui "veux aller" et potentiellement "vais aller".

Le participe passé est une forme conjuguée. D'ailleurs, il varie en genre et en nombre: allé, allée, allés, allées. Il s'emploie dans les temps composés comme le passé composé: je suis allé, j'ai parlé, ainsi qu'en temps qu'adjectif: le langage parlé.

Chacun à sa place!

  • Le sujet des participiales

Une proposition participiale compte pour seul verbe un participe: présent, passé ou encore gérondif. Par exemple: La décision prise, ils signèrent le contrat. Il arrive qu'elle ait le même sujet que la proposition principale, et dans ce cas il n'est pas nécessaire de répéter ce dernier - mais uniquement dans ce cas, sinon on ne sait plus qui est le sujet.

Exemple: Se sentant mal, il a fallu qu'elle s'absente. Là, on comprend encore mais c'est maladroit, mieux vaudrait dire: se sentant mal, elle a dû s'absenter.

Pire: Etant malade, vous comprendrez que je doive m'absenter. Qui est malade? Selon le contexte, clairement "je", mais la grammaire, elle, tient un tout autre langage: "vous" est ici en théorie le sujet implicite de "étant malade".

Ce genre de phrase est partout, y compris dans la presse, alors qu'il suffit souvent d'une toute petite modification pour arranger ça. Dans le cas présent, par exemple, vous comprendrez qu'étant malade, je doive m'absenter.

D'une pierre deux coups: c'est la même chose avec les adjectifs en appositions comme dans Stupéfaite, elle ouvrit de grands yeux. Il est là encore tout à fait exclu de dire, par exemple, Stupéfaite, il lui fut impossible de ne pas ouvrir de grands yeux ou Stupéfaite, nous la vîmes ouvrir de grands yeux.

  • Le subjonctif

Certains verbes et certaines tournures de phrases sont forcément suivis par le subjonctif - généralement, quand ils expriment une hypothèse, une éventualité.

Il s'agit notamment des verbes de souhait, d'ordre ou de volonté: vouloir que, rêver que, exiger que... ; de possibilité, supposition ou doute: se pouvoir que, douter que... ; certains sentiments comme l'émotion: être content/triste que, le jugement: être indigné que, l'étonnement: s'étonner que, la crainte: avoir peur que, craindre que...
Exemples: je veux qu'il fasse ses devoirs, je rêve que nous allions à Venise, je suis content que tu sois là, je crains qu'il (ne) me mente...

Et aussi des formules impersonnelles comme "il faut que", "il est temps que", "il est bon que", "il est étonnant que"...
Exemples: il faut que tu boives plus, il est temps que vous tourniez la page, il est étonnant qu'il n'ait encore rien dit...

Le subjonctif est également obligatoire après certaines conjonctions et locutions conjonctives: pour que, avant que (car l'action décrite est future et donc forcément hypothétique ; attention, "après que" doit quant à lui être suivi de l'indicatif car l'action décrite est passée et donc réelle), bien que, à moins que, de peur que, jusqu'à ce que, à condition que, en attendant que...
Exemples: pour qu'il comprenne, avant que je (ne) fasse, bien qu'il connaisse les risques, de peur que vous (ne) m'abandonniez, à condition qu'il soit honnête...

Il peut aussi s'employer (sans obligation même s'il y a une nuance de sens) avec la forme négative et interrogative de certains verbes de certitude, d'affirmation et d'appréciation: croire que, penser que, se souvenir que, affirmer que, nier que (dans ce cas même une phrase affirmative peut être complétée par un subjonctif), espérer que...
Exemples: je ne crois pas qu'il ait menti, je ne me souviens pas qu'il ait dit ça, je n'espère pas qu'il vienne, je (ne) nie (pas) qu'il soit au courant.
(si je dis par contre "je ne me souviens pas qu'il a dit ça", je reconnais qu'il l'a effectivement dit mais maintiens que je m'en souviens pas ; "je n'espère pas qu'il viendra" signifie que je ne souhaite pas qu'il vienne alors qu'avec le subjonctif je dis que je ne m'y attends pas)
Et aussi dans les subordonnées avec certains antécédents comme: le seul, le premier, le dernier, le meilleur, le pire... ; personne, rien, quelque chose... Là aussi avec une petite nuance de sens qui dépend surtout de votre sensibilité personnelle.
Exemples: c'est le seul qui ait une chance de survivre, dis quelque chose qu'ils puissent comprendre...

Logiquement, la concordance des temps s'applique et on emploie divers temps du mode subjonctif, même si ce n'est plus que très rarement le cas. Par exemple, la forme correcte serait: je ne veux pas qu'il parte, je ne voulais pas qu'il partît ; j'ai tout fait pour que tu comprennes, j'avais tout fait pour que tu comprisses ; je ne me souviens pas que vous ayez dansé, je ne me souvenais pas que vous eussiez dansé.
Mais utilisons déjà correctement le subjonctif présent!

  • Se faire + infinitif

Non, "fait" ne s'accorde pas dans ce cas: elle s'est fait enlever, nous nous sommes fait mal voir. Le plus simple pour s'en souvenir est de se demander quelle action s'exerce sur le sujet: ici, "enlever", "mal voir", mais pas "faire". Alors que dans le cas d'un verbe pronominal qui s'accorde, comme "se laver", on voit que "laver" porte l'action: elles se sont lavées. Ou encore, dans un autre emploi de "se faire": ces taches ne se sont pas faites toutes seules.

Pas question donc de dire "elle s'est faite renverser"! Quant à l'écrit, évitez tout simplement ce genre de phrase quand le sujet n'est pas vraiment maître de l'action, le passif est ici un peu lourd. Dites "on l'a renversée", "on l'a enlevée".

  • L'accord du participe passé

Eh oui, j'ai gardé le meilleur pour la fin, le vilain petit canard mésaimé. Je vais vous dire: je n'ai jamais eu besoin d'apprendre la règle grâce à mes nombreuses lectures dès mon plus jeune âge. Mais pour ceux qui n'ont pas cette chance, ce n'est pas si compliqué:

En règle générale, le participe passé s'accorde avec le sujet avec l'auxiliaire être et ne s'accorde pas avec avoir. Seule exception: quand le verbe avoir est précédé par le COD, alors le participe s'accorde avec ce dernier.
Ce qui donne: elle est tombée, j'ai aimé ses poèmes, je les ai aimés, j'ai entendu des chansons, les chansons que j'ai entendues.

Et c'est tout!


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine