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Rêves et illusions

Publié le 16 mai 2010 par Yelyam

Rêves et illusions

Au risque de te choquer, je vais te dire cash et très franchement ce que je fais dans la vie. Je suis une pute. Oui, oui, t’as bien compris. Je me fais payer pour baiser. En fait, très honnêtement, je me dis que c’est pas vraiment pour baiser que certains hommes me payent. Parce que de toi à moi, j’ai parmi mes clients des mecs très bien, séduisants, sûrs d’eux et tout le tintouin. Des mecs équilibrés, quoi. Et qui ont tout ce qu’il faut exactement là où on s’y attend.

Ceux-là, je pense qu’ils me payent pour assouvir un fantasme, ou alors pour faire ce que leur régulière veut pas faire. Même si c’est pas spécialement pervers. Et certains, célibataires plutôt endurcis, me payent certainement pas pour baiser : ceux-là, c’est pour que je me casse après. Histoire d’avoir la paix, tu vois ? Ils en on marre d’avoir a dealer avec des nanas « normales » qui veulent se faire épouser.

Bref, tout ça pour te dire que les hommes, je connais. A force. Je sais ce que les autres femmes ne savent pas les concernant. Je connais leur point faibles, leurs angoisses, tout ça.

Bon, attention, hein, viens pas me prendre pour une psychologue ou je sais pas quoi. C’est juste que j’ai un business et que je connais bien ma clientèle. C’est tout. Non, mais, j’en ai un peu ras-le-bol de cette image « romantique » de la pute au grand cœur : pauvre malheureuse qui a pas pu faire autrement, mais qui a le cœur sur la main. Cœur de religieuse qui aurait raté sa vocation, genre.

Si je fais ce boulot, c’est pour le fric. Fric facile. Et c’est le cas de la plupart des filles qui travaillent dans mon secteur. Sauf celles qui ont pas de papier et qui se sont fait avoir par un mec qui leur a joué un petit jeu bien dégueu. Mais bon, ça c’est une autre histoire.

Et en ce qui concerne ma connaissance de la clientèle : est-ce qu’on s’extasie sur le commercial qui sait quel produit plaira à ses clients et pourquoi ? Non ? Ben voilà !

En tout cas, je vais te dire : tous les mecs ne pensent qu’à ça. Dès qu’ils voient une fille plus ou moins potable et qu’ils ont une occasion, et bien ils la prendront. Peu importe qu’ils soient maqués ou pas. Maintenant, c’est vrai qu’il y en a qui sont un peu plus coincés que d’autres. Ils sont un peu plus résistants, mais en gros, n’importe quelle fille peut se faire n’importe quel mec.

Maintenant, évidemment, les filles dans ton genre, ça a pas envie de se faire prendre juste pour ça. Note bien que je te comprends.

Bon déjà, si tu passes la nuit avec un mec, ma belle : s’il se casse ou te ramène avant le petit matin : c’est mauvais signe. Un mec ému par une fille, il dort avec et il la rappelle. C’est aussi simple que ça. Tu peux peut-être l’émouvoir, c’est vrai, mais il te ramène quand même après la chose ? Et bien, c’est que malgré tout, il était pas assez motivé pour vivre un truc avec toi. J’ai envie de te dire de laisser tomber directement. D’ailleurs, moi, je ne m’attache que s’il y a cette intimité-là, en-dehors du sexe, je veux dire.

Tiens l’autre soir, j’ai dragué un mec en boîte. Tu sais, je voulais juste baiser, rien d’autre. Dans mon genre, je suis un peu comme un mec à ce niveau-là. Bref, il me ramène chez lui et en chemin on commence à causer. Un mec vachement intéressant et tout. Avec des projets, tout ça. Un sympa.

Et bien, tu sais quoi ? On a causé jusqu’au petit matin. Il m’a même pas touchée. On était comme qui dirait « connectés ». Là, je me suis dit que j’avais, sans faire exprès, tirer le bon numéro : un mec respectueux et tout qui en voulait pas qu’à mon cul. Il m’a dit qu’il voulait dormir, alors on a dormi. C’était bien, tendre et tout.

Et puis quelques heures après, on s’est réveillé. Un peu chiffonnés, c’est vrai, mais j’étais bien. Il a préparé un petit-déjeuner au lit, il m’a traitée comme une princesse !

On a encore discuté un peu, et puis on a fait l’amour. Vraiment. Bien, quoi.

Après, je suis partie comme sur un nuage. J’étais heureuse, je voyais la vie en rose.

Comme quoi, tu vois, j’ai beau être une pute, j’ai les mêmes rêves que toi.

En le quittant, il m’avait dit qu’il me rappellerait. Et bien, je vais te dire, bien que cela me fasse mal de te le dire, mais je vais quand même le faire : ce mec ne m’a jamais rappelée.

Comme quoi, tu vois, j’ai beau être une pute, je peux me faire les mêmes illusions que toi.


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