« Mammuth » invite son making-of.
La nouvelle comédie dramatique poético-libertaire du duo Kervern/Delépine, cette semaine dans les salles de France, a révélé, en outre, un auteur réalisateur: celui de son propre making of.: Making Fuck of, découvert vendredi dernier à Angoulême, cité de l'image, ville où sont d'ailleurs tournées beaucoup de scènes du film.
Frédéric Poulet, réalisateur, s'y adonne à l'auto-réflexion, en quête fébrile sur fonds d'images en noir et blanc, caméra subjective au poing, à travers la construction du making-of du célèbre film.
Dès les premières secondes, on entre ainsi de plein fouet dans la tête du réalisateur, qui nous fait partager en voix of feutrée et en demi-teinte, ses admirables intuitions de tournage, au jour le jour, devenant ainsi, à travers son propre story-telling, un personnage dans le film, comme vient le confirmer plus tard la réflexion d'un des protagonistes: « une caméra super huit, y'a longtemps que j'en n'avais pas vue! », commentaire sur l'outil original employé par le réalisateur.
Les scènes en noir et blanc, alternent dès lors, avec la couleur, prises plus officielle de vue du film, prenant à partie le spectateur dans l'expectation d'une réalisation au débotté, qui nous emmène avec bonheur sur les méandres du phénomène créatif.
Plus qu'un documentaire,et un making-of, « Making Fuck of », de Frédéric Poulet, devient dès lors un film de fiction à part entière, façon nouveau-réaliste, insufflé d'un zeste de Truffaut.
Corinne Medina-Saludo