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L'Amour et l'hypocrisie de la Religion ...

Publié le 17 mai 2010 par Perceval

La question du mariage, de l’Amour, de la morale catholique… agite mon esprit actuellement. J’essaie d’éclairer en moi, ce qui me gène dans le discours traditionnel, répété à longueur de temps dans les homélies… A savoir: « T’en fait pas, si personne ne t’aime : Lui, Dieu, t’aime… » ; «  L’Amour de Dieu, véritable Amour, s’exprime au travers du couple, donc quand les époux s’aiment, ils représentent : l’Amour de Dieu »…., Donc …«  Le mariage représente l’alliance entre Dieu ( l’amant ) et son Eglise ( l’aimée )… » etc … etc…

Et, aujourd’hui, je retrouve un auteur qui m’avait fortement marqué, alors que j’étais étudiant : Nicolas Berdiaeff, et surprise… ! Je  rencontre là, précisément, un peu de ma question …

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Sa position envers la famille peut-être résumée par un passage qu’on trouve dans son livre De la destination de L’homme : « L’amour considéré dans son élément pur, dans son originalité, présente un phénomène personnel, alors que la famille offre un phénomène social. Là gît tout le tragique de l’amour authentique, qui procède d’un autre monde dans celui-ci. L’amour sexuel, en actualisant dans la quotidienneté sociale, crée la famille. Les formes de celle-ci sont sujettes à changement, tout comme la quotidienneté, sur laquelle l’esprit d’éternité ne repose pas. Son conservatisme n’est pas généralement une protection de ce qui est éternel, mais de ce qui est temporaire » ( De la destination de l’homme, p. 305 ).

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Berdiaeff oppose l’amour et la famille, chaque réalité appartenant à un monde différent. N’est-ce pas, au fond, ce que je ressens intuitivement…? L’église pendant 2000 ans , n’a t elle pas menti sur la réalité sociologique ( et non spirituelle ) de la ‘ conjugalité ‘.. ? Bien sûr, je ne méconnais pas le sentiment amoureux, et je sais qu’il peut être l’icône de l’Amour - ce que nous pourrions nommer la ‘ nuptialité ‘ - pour la différencier de la conjugalité. C’est je crois, aujourd’hui, reconnu dans notre culture … sauf par l’institution chrétienne… !

Continuons avec Berdiaeff :

Berdiaeff n’hésite pas à reprendre St Augustin, qui ne cherchait peut-être qu’à domestiquer sa sexualité … ( ? ) : « Un homme comme saint Augustin a pu écrire un traité sur le mariage qui ressemble tout à fait à un traité sur l’élevage du bétail ; il ne soupçonne même pas l’existence de l’amour et ne trouve rien à en dire » (De l’esclavage et de la liberté de l’homme, p. 254 )

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Berdiaeff accuse le christianisme, au long de son histoire, d’avoir nié la liberté de l’amour. Elle n’a fait que se soumettre à la raison sociale, a adapté ses exigences, obéit aux conventions variables de la société. Il reproche au christianisme historique d’avoir été incapable de comprendre l’amour et son esprit créateur, d’avoir même, en exaltant la virginité, de voir un péché dans le désir d’aimer, d’avoir parlé invariablement de l’amour en l’inscrivant dans le seul ordre générique et institutionnel, et non spirituel ou personnel. Selon lui, les réflexions théologiques sur l’amour sont, dans la plus pure tradition chrétienne, envahies par un moralisme, qui pour lui est immoral. Il déclare dans son autobiographie : « Je haïssais la moralité, l’illégitimité, détestais les sermons vertueux »( Essai d’autobiographie spirituelle, p. 94. ).

Tout le monde sait,  qu’avant le XXème siècle, l’amour était rarement vivant au sein de la famille, et que la plupart des mariages ont été en réalité malheureux.

« La famille est une institution hiérarchique fondée sur l’autorité et la soumission. En elle, la socialisation de l’amour équivaut à peu près à sa suppression »( Essai d’autobiographie spirituelle, p. 86 )

La Société ne parle pas d’Amour,. Elle régule, règlemente et soumet quelque chose qui ne peut plus être de l’Amour… !

 « Aucun amour autre que l’amour libre n’est concevable, et l’amour imposé, déterminé du dehors, est une contradiction dans les termes » ( De l’esclavage et de la liberté de l’homme, p. 253 )

Nicolas Berdiaev [ 1874 - 1948 ]

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Philosophe russe, Nicolas Berdiaev fuit la Russie bolchévique et transfère à Paris en 1924 l'Académie de philosophie et de religion qu'il avait fondée à Berlin. Penseur de la liberté (qu'il oppose à l'ontologie), il fonde une véritable philosophie de la personne qui influencera Emmanuel Mounier et le personnalisme.


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