Y'a plus de saison ma bonne Dame

Publié le 18 mai 2010 par Anaïs Valente

Une lectrice me l'a dit « en avrèl, change pas d'semèlll' ».

Et puis, tout le monde sait ça, car on nous le répète depuis la nuit des temps, et en tout cas depuis que, tout bébé, nous gazouillions allègrement lorsque le soleil dardait ses faibles rayons printaniers et que notre barboteuse nous donnait chaud : « en avril, ne te découvre pas d'un fil, en mai, fais ce qu'il te plait ».  ça me rappelle ce temps où, en mars, j'achetais mes chaussures d'été, que je ne pouvais pas mettre, interdit que c'était, malgré mes airs désespérés.  Et c'était rebelote en août, avec les bottes fourrées.  Rien ne change, même adulte, on aspire à la nouvelle saison, synonyme de nouvelles fringues et nouvelles shoes.

Oui, bon.

Ben moi, j'ai fait une découverte hautement scientifique tout récemment.  Et quand je dis hautement scientifique, j'entends une découverte qui va révolutionner le monde. Rien que ça.  Enfin, le monde météorologique.

J'ai découvert que les saisons s'accélèrent.  Ou accélèrent, chais plus comment ça se conjugue.

Oui.

Elles ne durent plus trois mois, comme dans le temps.

Elles durent trois semaines (voire trois jours, au choix).

Ainsi, mi-avril.  Printemps.  On ne se découvre pas d'un fil, mais on sent les bourgeons qui, eux, ont envie de se découvrir.  Ça sent la sève.  Ça sent les petits oiseaux.  Ça sent le renouveau.  J'achète des nouvelles godasses et une veste pour la jolie saison.

Fin avril.  Eté.  Chaleur folle.  Suffocante.  Sueur puante dans les bus.  Bronzette en petit top, voire en bikini (j'ai failli, je le jure).  Sandalettes.  Enfin, tongs, comme on dit maintenant.  Je coupe le chauffage.  Vive la belle saison.

Début mai.  Automne.  Les bourgeons angoissent.  Je ressors mes bottes et mon écharpe, mais je garde ma veste de jolie saison.  Je remets le chauffage le matin dans la salle de bains.  Je caille dans le living, mais le chauffage, en mai, que nenni.

Début mai, un tantinet plus tard.  Hiver.  Tout s'accélère, même les saisons, en trois jours, l'automne est chassé par l'hiver.  Je rallume mon chauffage, cédant aux supplications de mes orteils tout bleus.  Je me love à nouveau dans ma couette d'hiver, housse en molleton en bonus.  Je ressors même ma veste d'hiver, après une séance « caillons en chœur à l'arrêt du bus ».

Mi mai.  Printemps.  Il est reviendu.  Les Saints de glace ont chassé l'hiver.  Le printemps revient.  Je rempote géraniums et autres pensées.  Et mes pensées vont déjà vers l'été...

Mais bon, c'est à y perdre son latin, non ? 

Passque, avec tout ça, j'ai même pas eu le temps d'avoir mon rhume des foins saisonnier.  Quant à ma grippe hivernale, zappée aussi.

Je vous le disais, y'a plus de saisons.

Superbes photos issues de ce site.