l'Autruche et le Vermisseau

Dame l’Autruche, par un beau mois de mai
Cherchait des vers de terre dans sa cage d’acier
Monsieur Autruche, son mâle, chargeait les visiteurs
Qui osaient railler l’objet de ses ardeurs
Sa dame en effet, en plus de claudiquer
Avait une grande plume qui pendait au gésier.

Ceci cependant n’empêchait pas la belle
D’ébouriffer ses ailes, de promettre des merveilles
A celui qui pour elle représentait tout,
Son beau Roméo, son admirable casse-cou,
Et même si celui-ci, tout en contant l’amour,
Se tapait en cachette toute la basse-cour
(Il faut préciser que chez ces drôles d’oiseaux là
La polygamie n’est point punie par la loi).
Monsieur paradait donc, à petite foulées
A gauche, puis à droite, le bec prêt à frapper.
Soudain il aperçut, à l’autre bout de l’enclos
Un tout tout petit d’homme grand comme un vermisseau
Et qui osait malgré sa taille ridicule,
Ne pas se découvrir, pour cause de canicule.
Il fondit sur sa proie, et d’un mouvement sec,
Arracha la casquette de la petite tête,
Puis jeta l’objet furieusement par terre
Et le piétina, tel une serpillère.
Fier de ne s’être point fait marcher sur les pieds,
L’outrage réparé, il partit s’exhiber
Au centre de la cage, les plumes hérissées.
Le père de l’enfant, sautant la barrière,
Récupéra alors le bob dans la poussière.
Moralité :
Gagner une bataille n’est point gagner la guerre,
Ton ennemi souvent attaque par derrière.
Si tu veux t’assurer de rester invaincu,
Protège tes arrières, ou pour tout dire ton cul.
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