Il est de ces émissions qui n'ont pas un gramme (et l'expression est sacrément bien choisie, bravo Bibi) de voyeurisme. Pourtant j'aime aussi le voyeurisme, même s'il est souvent ridicule. Dans ces émissions, tout y est respect et simplicité. On se prend à s'attacher aux intervenants, à tenter de les comprendre, à s'émouvoir de leurs sorts.
J'ai connu ça à plusieurs reprises : lors du suivi d'un service d'urgences avec ses joies et ses peines, lors du suivi d'un service de natalité avec beaucoup de cris de nourrissons mais aussi des deuils douloureux, lors du suivi de la vie d'un hôpital, tout simplement.
L'autre jour, j'ai suivi (enfin ma télé m'a fait suivre), appelons un chat un chat, des personnes obèses. Ce mot n'est pas une insulte. Une maladie, simplement.
Que d'émotions en suivant ce gentil monsieur qui a dépassé les 200 kg, vit cloué en chaise roulante, dont la vie ne tient qu'à un fil, et pour qui l'opération, indispensable, comporte 50 % de risques de décès. Il s'en sortira et remarchera.
Que d'émotions en suivant cette jeune fille ayant pris 10 kilos de souffrances psychologiques. Elle apprendra à exprimer son ressenti et retrouvera la ligne.
Que d'émotions en suivant cette jeune maman qui veut maigrir pour ne pas faire de son fils un orphelin, malgré les craintes de son époux, qui l'aime comme elle est. Elle perdra un paquet de kilos et retravaillera, sous le regard toujous aimant de son mari.
Que d'émotions, enfin, en suivant cette parisienne qui a décidé de s'assumer, avec ses kilos, après tant d'années de lutte. Elle s'investira dans une association luttant contre la discrimination aux kilos et en perdra six, de kilos, sans rien faire, juste en se sentant mieux.
Cette émission a eu le mérite de me faire réfléchir à mon propre comportement face aux personnes que l'on définit comme « grosses ». Oui je juge. Oui je jette un regard désapprobateur si je croise une personne obèse mangeant une gaufre. Oui j'ai conscience de mes réactions mais parfois, je continue à agir comme tel. Je pense que je n'aurai définitivement plus le même regard. Merci la télé.
La conclusion de l'émission m'aura arraché des larmes. Pleurer en visionnant un documentaire ? Oui ça m'arrive. Souvent. Et je n'en ai pas honte. Cœur d'artichaut ? Non, émotion humaine. Comme quoi y'a pas que les animaux qui me font brailler, les humains y parviennent aussi, parfois.
« Quand on a beaucoup souffert, l'erreur serait de croire qu'il est trop tard. Il n'est jamais trop tard pour maigrir ou pour cesser d'avoir honte. Il n'est jamais trop tard pour supprimer les kilos en apprenant à ouvrir son cœur. Pas trop tard pour redevenir un homme debout quand on a failli rester couché pour toujours. Pas trop tard pour entamer une nouvelle vie avec ceux qui vous ont aimé dans la vie précédente. Ni trop tard pour découvrir que le bonheur c'est ici et maintenant et pas plus tard. Il n'est jamais trop tard pour arrêter de souffrir. »