Seize

Publié le 21 mai 2010 par Rafetnol
Je suis sorti du cinéma un peu hagard. Il était à peine quatre heures de l'après-midi et la chaleur étouffante de juillet, le soleil plombant, l'absence totale d'air me donnaient le tournis à une heure où je fais habituellement la sieste sur ma terrasse. J'habite Barcelone depuis une dizaine d'années et je vis à l'heure de la cité. Après un déjeuner tardif et léger j'ai l'habitude de passer quelques heures au frais, attendre que la ville redevienne accueillante pour y risquer ma blondeur nordique. Je trainais mon hébétude jusqu'à un banc de pierre, à l'ombre d'un palmier, au bout du Passeig de Sant Joan.Je ne voulais pas aller voir ce film. Je me méfie des films étrangers - étrangers à Barcelone - qui traitent de ma ville. Mais j'avais une bonne raison, une raison d'un mètre soixante dix, brune et flamboyante aux yeux noirs et brillants comme une nuit de pleine lune. Maintenant que je suis sorti, je dois bien reconnaître que ma belle raison m'a posé un lapin. Du coup j'ai vu le film seul, espérant au début qu'elle surgisse puis finissant par oublier son absence devant les images qui me parlaient plus que je ne m'y attendais, tant elles me racontaient. Je décide de faire un tour sur les bords de mer pour me changer les idées et m'aérer un peu. A Barcelone, par un jour sans vent, rien de mieux qu'une balade sur le front de mer, toutes fenêtres ouvertes. "Under the milky way tonight" des Church pour accompagner le voyage. La vue, la musique raniment le souvenir du film. Je retrouve en vue réelle les endroits où différentes séquences ont été tournées. Je remonte comme ça la côte vers le nord, jusqu'à Vilassar de mar. Puis je fais demi tour pour rentrer. J'ai envie d'être chez moi, de boire un verre dans mon hamac, sur ma terrasse, mon chat sur le ventre. Pour un peu j'aurais froid. Je remonte même un peu les glaces jusqu'ici grandes ouvertes de ma vieille guimbarde. 
Je ramène la voiture au parking couvert où j'ai un emplacement à l'année. Je remonte les rues de Barceloneta, longe Santa Maria del Mar, suis quelques passages piétonniers puis arrive dans mon vieux, très vieux quartier. J'y retrouve avec bonheur les hauteurs destructurées des immeubles qui procurent cette ombre si particulière, presque humide. Ces rues pavées de larges dalles beiges, ces arbres qui poussent tellement cachés du soleil, ces petites terrasses où deux trois chaises sont jetées auprès d'une ou deux tables et nulle enseigne ne vous rassure sur la présence d'un cafetier. J'aime surtout ce que je vois en bas de mon immeuble, ramassé sous le porche, caché dans une marinière informe. Ma belle raison d'un mètre soixante dix...
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If you don't know the song you should clic the link The Church : "Under The Milky Way"
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