Mais le drame est là. J’aimais un son cool, c’était encore suffisamment confidentiel pour que seul un titre ne passe à la radio. J’ai acheté le CD. Je le mettais à fond dans ma chambre. Mes voisins sont donc naturellement devenus fans. Quand je revois cette pochette, la nostalgie me renvoie au bon temps de mon lycée version fin de boutons et début de voix grave. Tout allait bien, c’était beau. Et puis, petit à petit, la vie de luxe qui s’offrait à eux, les droits d’auteurs, la mondialisation, le développement des goûts douteux, les a fait basculer. L’épisode de trop? Leur dernier tube. J’ai cru à une blague à la première écoute. « Mouai, ça doit encore être du David Guetta ou Martin Solveig ». Et là, stupeur. Un monde qui s’écroule. Le dernier coup de poignard. Les Black Eyed Peas. Mais pas seulement. Les Black Eyed Peas qui collaborent avec David Guetta. Depuis, je me suis replié en pleurnichant sur cet album que j’avais chéri, en essayant de comprendre comment une telle catastrophe avait pu se produire.
A l’époque, c’était mieux. L’insupportable Fergie, qui a pris la relève de Paris Hilton et Britney Spears dans le rôle de la cruche de service, reste encore discrète. Les autres ont encore l’air bien sympathiques avec leurs chorés pourris, leur décor kitch. C’était de la musique. Ils ne faisaient pas encore la Une du 20 Minutes. Permettez que votre serviteur fasse couler sur ses joues quelques larmes de dépit et de nostalgie, et d’espérer que The E.N.D soit un album au nom prémonitoire, ce dont il doute, malheureusement.