Un de tes poèmes disait:
Je suis rendu ce soir au terme du voyage
Qui m'a blanchi le front et creusé le visage
Des pays parcourus où je portai mes pas
Et des jours effacés qui ne reviendront pas.
Tu souffrais tellement! J'ai compris le sens des mots : se tordre de douleur. Comment te convaincre d'accepter l'aide chimique qui allait te soulager? J'avais plutôt envie de te dire, comme lorsque tu es parti pour le Canada quand je n'avais que trois ans, «Ne pars pas papa... ne pars pas.» Mais j'étais devenu grande, alors j'ai dit : «Papa, tu es rendu ce soir au terme du voyage...».
Tu m'a regardée. Ton regard me demandait-il la permission de partir ou me demandait-il pardon de ce nouveau départ?
Tu as finalement accepté d'être soulagé de ta douleur et, dans un soupir résigné que je n’oublierai jamais, tu as posé ta tête sur l'oreiller, t'abandonnant. L'infirmière est venue. Très vite tu t'es endormi. Tu étais déjà très loin de nous. Et je ne t'ai revu les yeux ouverts que le lendemain, 17h25, à ton dernier soupir. Ce soir-là, peu avant 18h, il y a eu un arc-en-ciel sur Chicoutimi. J'ai dit à Jean-Marie: «C'est bien de lui ça, il a déjà repris ses pinceaux!» On a ri de chagrin!
Papa, demain 20 mai 2010, cela fera quatre ans que tu es parti. Et je ne t’ai pas encore dit adieu. Ne le ferai pas non plus aujourd'hui.
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