Sur la morale (quatre)

Publié le 25 mai 2010 par Saucrates

Réflexion vingt-cinq (26 mai 2010)
Nouvelles lectures autour du concept de morale ...


« (...) La philosophie surgit quand les hommes en sentent le besoin, besoin né de l'ébranlement de la morale jusqu'alors régnante ; c'est poussé par l'inquiétude que l'homme se met en route vers la philosophie. Et c'est là l'origine de la philosophie, l'origine même de la question s'il faut philosopher et pourquoi. »
«Philosophie morale», Eric Weil, page 12


La réflexion morale me semble inséparable de l'existence humaine. Elle traverse le plus souvent mes actions ; il m'est impossible de ne pas m'interroger sur les conséquences de mes actes, de mes actions, de mes inactions, de mes dires, voire de mes haines, sur les autres et sur le regard que je peux porter (moi-même ou un autre, éventuellement Dieu) sur mon existence et sur ma vie. Je ne suppose pas qu'il en va de même pour tous mes concitoyens, mais je ne désespère pas du fait qu'une réflexion morale occupe peut-être parfois leurs pensées.
Dans cette idée, je m'étais souvent demandé comment l'existence de cette réflexion philosophique avait-elle pu naître au cours du premier millénaire avant notre ère en Grèce, et comment pouvaient faire les hommes antérieurement à cette découverte ? La philosophie existait-elle antérieurement à sa popularisation par les philosophes grecs ? Les hommes des civilisations précédentes, en Egypte antique ou en Mésopotamie, avaient-ils les mêmes réflexions, les mêmes interrogations sur le sens de la vie, du bonheur ? La réflexion philosophique existait-elle d'ailleurs dans les civilisations beaucoup plus récentes mais confinées dans des zones géographiques confinées, en Amazonie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée ?
Le questionnement est peut-être autre. Existe-t-il une différence substantielle entre la réflexion philosophique sur la morale et une réflexion religieuse ? Selon Eric Weil, la philosophie surgit à partir du moment où la morale régnante est ébranlée, est interrogée. Ce qui fait que, selon Weil, le philosophe est un traitre à sa communauté du fait qu'il remet en cause la morale régnante au sein de sa communauté. Ainsi l'exemple de Socrate condamné à boire la cigüe, ce qu'il s'oblige à faire pour ne pas trahir sa communauté. Avant la réflexion philosophique sur la morale, il y a ainsi l'obéissance absolue et aveugle aux règles de la communauté et aux règles religieuses édictées par (ou en référence à) des divinités ... et parfois il y a la désobéissance pour ceux qui profanent les règles de leur communauté ...
Saucratès
Mes précédents écrits sur la Morale
1. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2006/12/01/sur-la-morale-un.html
2. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2006/08/21/sur-la-morale.html
3. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/02/17/sur-la-morale-trois.html