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Mgr Vingt-Trois aux pélerins de Chartres : un message franc et encourageant

Publié le 25 mai 2010 par Hermas

Mgr23.jpgPetite anecdote de pèlerinage, qui n'aura pas échappé aux pèlerins qui ont assisté au Salut du Saint-Sacrement présidé par le cardinal-archevêque de Paris.

Peu avant la cérémonie, le prélat s'est adressé à la foule, très nombreuse, pour lui adresser notamment ces mots :

"Je vous considère comme des membres de ma famille (...) Une famille se constitue de membres qui ne se choisissent pas, mais qui sont liés de façon indéfectible (...) Nous sommes membres de la même Eglise (...) Nos relations sont des relations de fraternité et de communion (...) A vous qui vous interrogez sur le sens à donner à votre vie, demandez-vous non pas ce que vous voulez faire, mais ce que le Seigneur attend de vous (...) Il ne s'agit pas seulement d'un pèlerinage pour ces trois jours mais d'un sens à donner à toute votre vie (...) Je vous demande surtout, chacun, de prier pour votre évêque."

Ce passage, que nous soulignons, dit en gros ceci : je ne vous ai pas choisis. Vous n'êtes pas, à le dire franchement, de mes amis - et les récents entretiens publiés par Mgr Vingt-Trois, qui manifestent bien des malentendus, montrent en effet qu'il en est ainsi.

Mais ce discours est franc, direct. Il ne s'agit pas de pleurer sur une situation qui est un fait, ni de tromper l'auditoire par des artifices rhétoriques. C'est ainsi : on choisit ses amis par affinités, par les goûts que l'on partage avec eux, par séductions croisées, par l'envie de marcher ensemble dans la même direction. Ceux qui n'entrent pas dans ce champ ne comptent pas parmi les amis, dans le cercle de ceux en qui l'on se confie. Il se peut même qu'ils soient de ceux dont on se défie, voire de ceux que l'on fuit.

C'est clair, c'est limpide et loyal, et l'histoire de ces quarante dernières années a donné corps à cette réalité.

Mais Mgr Vingt-Trois ne s'en tient pas là.

Vous n'êtes pas des amis, non. Mais vous êtes des frères. Et dans ce "mais", qui ne va pas tant de soi qu'il puisse paraître, au regard des contentieux passés ou présents, il y a tout l'effort de la charité qui reconnaît la vérité d'un lien plus profond, au moins sous un certain rapport, que celui de l'amitié. Ce lien est celui de l'indéfectibilité, sur lequel il est toujours possible de renouer et de construire. On peut cesser d'être ami. L'amitié peut même un jour tourner en haine. Mais la fraternité ne peut pas cesser d'être ce qu'elle est. Elle peut seulement être perdue de vue. Elle l'a été, longtemps. De tous côtés. Mais tout le monde sent aujourd'hui l'impulsion d'un Père et d'un Pasteur, qui nous aide à redécouvrir cette fraternité trouvant dans le Christ son image parfaite et sa source.  La charité intelligente du Pape est contagieuse. En redécouvrant cette fraternité, nous retrouvons le sens de la famille, de la maison commune : "Nos relations sont des relations de fraternité et de communion". Nous retrouvons ce sens ensemble, et par là même nous retrouvons collectivement le sens de l'Eglise, et partant le sens de l'unité, le sens du dynamisme de l'Eglise missionnaire. C'est-à-dire, en vérité, le sens du Christ, que l'on ne peut pas avoir en chambre, en chapelles, en groupes ou en idéologies fermés sur eux-mêmes.

Nous sommes en 2010. Mgr Vingt-Trois n'est pas seulement cardinal-archevêque de Paris. Il est aussi Président de la Conférence épiscopale de France. En 1972, un autre Président de cette même Conférence, le cardinal Marty, en violation de sa parole donnée à Mgr Lefebvre, cautionnait ès qualités la condamnation du séminaire d'Ecône - alors en parfaite communion avec l'Eglise - comme "séminaire sauvage", rendant ainsi inéluctable la rupture. Trente-huit ans, non seulement d'inimitié mais de déchirure fraternelle, passée par un schisme. Le rapprochement méritait, nous semble-t-il, d'être opéré.

Merci Eminence, pour ces mots qui ne se payent pas de mots, qui vont au vrai, et qui ouvrent avec des accents nouveaux, ce que nous espérons être une page nouvelle de l'histoire religieuse de ce pays, où chacun aura sa place, pour le seul bien de l'Eglise et la gloire de Dieu.


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