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Mais brusquement la lumière fantastique se noya dans le regard de la brune enfant. Et la douleur se peignit à nouveau sur ses traits. Elle serra les dents, farouche, et ne dit absolument rien, se tenant à son frère et sa sœur avec toute l’énergie qui lui restait.
Sœur Mérédith marcha vers eux. Elle souriait avec bonté, les mains l’une dans l’autre.
France l’aperçut. Aussitôt ses sourcils se froncèrent. Mais elle devina confusément que cette inconnue au long voile blanc n’était pas étrangère au retour d’Alissa. Et l’interrogea dès qu’elle s’arrêta auprès d’eux :
« C’est vous qui l’avez ramenée ?
- Mais oui ! répondit-elle avec chaleur. La pauvre petite était bien désespérée, tu sais.
- Merci ! » Dit France simplement.
Mais Sœur Mérédith remarqua la méfiance dans son regard qui surveillait le moindre de ses gestes. Une lourde responsabilité le durcissait et assombrissait singulièrement son visage. La balafre surtout… Oui, cette balafre… Le cœur de la religieuse se serra. Quelle cruauté innommable se cachait derrière cette vilaine cicatrice ?
« Tu n’as rien à craindre de moi, France.
- C’est moi seule qui en déciderai ! » Déclara l’enfant froidement.
Sœur Mérédith s’agita, mal à l’aise sous l’insistance implacable et glaciale avec laquelle elle ne cessait de l’observer. Pourtant quelque chose n’allait pas. Ses yeux brillaient d’un éclat trop vif. La religieuse haussa légèrement les paupières :
« Cette blessure à ton pied, France… Elle te fait très mal, n’est ce pas ? »
La brune enfant plissa les lèvres mais ne répondit pas. Adam et Alissa s’écartèrent immédiatement et l’examinèrent, anxieux. France respirait vite, le front couvert de sueur. Elle dut s’asseoir lentement sur les pavés, toute raide. Alissa se laissa tomber à son côté, blanche d’inquiétude :
« Oh ! France ! Tu as mal ? »
Adam lança un regard affolé à Sœur Mérédith, l’appelant instinctivement au secours avec toute sa confiance d’enfant. La religieuse ne résista pas. Elle s’agenouilla sur le champ auprès de l’enfant blessé, n’ayant cure de l’oeil courroucé qu’elle lui jeta.
« Ta cheville est cassée, France ! Annonça-t-elle, soucieuse. Et elle n’est pas dans un bel état !
- Je peux marcher avec la canne ! répliqua France, hargneuse. Nous allons partir.
- Tu n’iras pas loin avec une telle blessure, ma pauvre enfant, reprit Sœur Mérédith avec douceur, c’est très bien de l’avoir maintenue ainsi avec des attelles mais ça ne suffit pas. Ta cheville est loin d’être guérie. Il faut laisser aux os le temps de se ressouder. Et cela ne se fait pas tout seul !
- France va plus mal ? Interrogea Alissa avec effroi.
- Pas plus mal, la rassura la religieuse avec un sourire, mais si elle marche, son état n’ira pas en s’améliorant !
- Qu’est ce qu’il faut faire ? Demanda Adam à son tour.
- La soigner comme il faut. »
France se redressa, décochant sur elle des yeux étincelants de fureur :
« Taisez-vous ! On ne vous a rien demandé, de quoi vous mêlez-vous ? Est-ce que ça vous amuse de les affoler plus qu’ils ne le sont depuis l’accident ? Laissez-nous tranquille ! Vous avez ramené ma petite sœur mais ça ne vous autorise pas à intervenir dans notre vie comme vous le faites ! »
Un instant, Sœur Mérédith resta sans voix devant une telle réaction. Puis elle croisa les bras, attendrie et compréhensive.
« Allons, allons ! Ne te fâche pas ! Est-ce mieux, dis-moi, de les leurrer ? Tu sais, je le vois bien, que ta cheville est gravement atteinte, et tu sais aussi que tu n’iras pas loin. Alors, dis-moi, mon enfant, est-ce mieux de leur donner de faux espoirs ? De leur mentir même ? »
France, haletante, détourna la tête, incapable de trouver des arguments contre cela. Alissa se pressa contre elle. France la contempla un instant en silence. La fillette était livide d’angoisse. Elle observa Adam. Il tremblait, les poings serrés, la tête basse. Elle fixa Sœur Mérédith :
« Non !
- Tu es sage et raisonnable. Nous devons soigner impérativement cette cheville, tu comprends ?
- Oui.
- Venez à la fondation avec moi, tous les trois… »